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English original here
J’ai critiqué à diverses occasions la tendance parmi un sous-groupe de nationalistes raciaux à s’autoriser des fantaisies révolutionnaires improbables : quand le système libéral s’effondrera, les masses blanches se soulèveront, et les méchants se balanceront aux réverbères lors du grand Jour de la Corde. Les « majoritaires » ont, à leur tour, critiqué la tendance parmi un autre sous-groupe à être des révolutionnaires de bibliothèques, des ermites, des excentriques, et d’être trop absorbés dans leurs cogitations intellectuelles abstruses pour être des facteurs de changement efficaces dans le monde moderne. Les deux sous-groupes sont emblématiques de l’éloignement vis-à-vis de la réalité qui résulte de l’impuissance perçue. Tous deux représentent des tendances avant-gardistes. Cela signifie-t-il que l’avant-gardisme est une stratégie défectueuse, et que seuls les majoritaires offrent une approche viable ?
Loin de là.
L’avant-gardisme joue un rôle clé dans tout mouvement recherchant un changement fondamental lorsqu’un système ne peut plus être réformé, lorsqu’il doit s’effondrer pour faire place à un système nouveau bâti sur des fondations différentes. Qui plus est, il n’a pas besoin de se définir d’une manière antagoniste vis-à-vis du majoritisme : il est possible – en fait il est préférable – d’intégrer les deux approches dans une stratégie cohérente.
Avant de commencer, je définirai les catégories politiques « droite » et « gauche » telles que j’ai l’intention de les utiliser dans cet article. Par gauche je veux dire ceux qui croient en l’idéologie de l’égalité et du progrès ; ils sont associés au libéralisme et à la modernité. Par droite je veux dire ceux dont la vision est élitiste (inégalitaire) et cyclique ; ils sont associés au traditionalisme (au sens évolien). Par droite je ne veux pas dire les conservateurs, que je considère comme des libéraux classiques, avec seulement des attitudes socialement conservatrices.
De la dystopie à l’utopie
Les commentateurs de droite ont tendance à passer la plus grande partie de leur énergie à analyser et à critiquer la dystopie moderne. Mais si cela est nécessaire, ce n’est pas suffisant : dire que nous sommes arrivés à une mauvaise destination et que nous devrions être ailleurs, sans indiquer en même temps où se trouve cet ailleurs n’implique pas un mouvement, seulement la reconnaissance du besoin d’un mouvement ; par conséquent ce n’est pas un mouvement. Pour qu’un mouvement se produise, pour qu’une idée gagne des adeptes qui ensuite se suivent les uns les autres dans un acte collectif de mouvement, la destination doit être connue a priori, ce qui implique qu’elle doit être communicable d’une manière ou d’une autre. Cette destination est l’utopie du mouvement : l’accomplissement parfait de ses buts.
Les utopies existent seulement dans l’imagination. La plupart du temps elles sont communiquées par l’art et la littérature fantastiques. Au mieux, elles sont réalisées seulement partiellement et/ou imparfaitement. Au pire, elles sont hautement irréalistes et difficilement praticables – la plupart le sont à un degré ou un autre. Pourtant cela ne signifie pas qu’elles ne sont pas utiles : elles sont en fait nécessaires, et une condition préalable pour un mouvement. Leur ingrédient actif n’est pas leur exactitude scientifique, mais leur capacité à exercer une énorme force sentimentale sur un collectif suffisamment grand d’individus. Et leur conception est la tâche de l’avant-gardiste, l’outsider intellectuel, le pionnier, le rêveur, le créateur – l’individu, ou le groupe d’individus, dont la tâche est de nous libérer des cages cognitives construites par le système actuel ; de l’illusion créée par le système, où tout ce qui est anathème pour lui semble impensable.
Ceux qui adoptent les approches majoritistes désespèrent souvent de ces rêveurs, parce qu’ils semblent – manifestement – excentriques, dépourvus de sens pratique et de bon sens. Le problème est que les innovateurs et les iconoclastes créatifs sont souvent ainsi : les types créatifs forment une espèce particulière, et à l’intérieur de celle-ci, ceux qui sont vraiment innovants, vraiment à l’avant-garde, choquent, effrayent et déçoivent souvent leurs pairs moins créatifs parce qu’ils sont moins enchaînés par les conventions. Il y a indubitablement des bons et des mauvais cotés à cela, mais cela ne diminue pas la valeur du processus créatif, même si ses sous-produits ne sont pas tous adoptés finalement. La tâche du majoritaire, qui relie l’avant-garde et le courant majoritaire, est de prendre d’une manière calculée ce qui peut être utilisé de l’avant-garde pour étendre les limites du courant majoritaire, avec l’idée de transformer fondamentalement ce dernier sur le long terme.
Le rêveur comme pragmatique
Bien qu’elle ait la science, les données, et les arguments logiques de son coté, la droite est en retraite depuis de nombreuses décennies. Cela seul devrait être une indication suffisante que les humains ont besoin de plus que simplement des données, des arguments, et la vérité pour être persuadés d’opérer un changement d’allégeance. Pourtant beaucoup de gens qui s’identifient à la droite continuent d’opérer avec l’illusion que ce n’est pas le cas : si les gens croient en l’égalité c’est parce qu’ils ne connaissent pas les différences de QI entre les races ; si les gens croient au multiculturalisme c’est parce qu’ils ne connaissent pas les statistiques raciales de la criminalité ; si les gens croient au libéralisme c’est parce qu’ils n’ont pas lu Gibbon, ou Spengler, ou Schmitt ; et ainsi de suite.
L’ironie est que le meilleur exemple du caractère défectueux de cette approche se trouve tout autour de nous : la société de consommation. Quand j’étais enfant j’étais agacé par les scénarios irréalistes, les jingles accrocheurs, et l’utilisation constante de slogans dans la publicité à la TV, et j’étais indigné de la superficialité irrationnelle impliquée par cette méthode de vente de produits. Je pensais qu’il serait bien plus logique de mettre un homme en costume assis à une table, face à la caméra, comme dans un studio, et énumérant les spécificités du produit au public, sur un ton égal et non-émotionnel, pour que les spectateurs puissent faire un choix rationnel, basé sur des données solides. Tout adulte sensé sait, même s’il ne peut pas expliquer exactement pourquoi, que cela ne marcherait jamais dans le monde réel. La raison est simple : la société de consommation n’est pas fondée sur la logique utilitaire ou la raison, mais sur le romantisme, le rêve éveillé, la manifestation du statut social, et les utopies. Et elle est fondée sur ces principes parce qu’on a découvert que c’est cela qui marche – d’énormes sommes d’argent ont été dépensées pour des recherches sur la psychologie humaine, pour tenter de maximiser la mobilisation de la consommation. Colin Campbell et Geoffrey Miller ont fourni des explications théoriques et évolutionnaires pour les aspects de la motivation humaine du consumérisme dans The Romantic Ethic and the Spirit of Modern Consumerism et dans Spent, respectivement.
Il est donc juste de dire que celui qui fait des rêves éveillés et qui induit intentionnellement les autres à faire des rêves éveillés est, en fait, plus pragmatique que le rationaliste à tendance pragmatique déclaré qui tente de persuader les autres par la raison. Le premier au moins comprend l’irrationalité de la nature humaine, et en joue (en profite ?), alors que le second fantasme sur des humains abstraits qui agiraient sur la base de leur intérêt rationnel.
La vérité comme choix de style de vie
Loin d’être un atout, une croyance au pouvoir de « la vérité » est l’un des principaux obstacles pour les Nationalistes Blancs cherchant à convertir les autres à leur cause. S’ils sont frustrés par l’incapacité des individus à les soutenir en dépit de masses de données scientifiques et statistiques montrant les différences raciales héritables pour le QI et les propensions héritables au crime violent, c’est parce qu’ils n’ont pas été capables de comprendre que les humains choisissent la vérité qui leur convient le mieux, qui les fait se sentir bien concernant eux-mêmes et le monde, et qui fait que les gens qu’ils apprécient pensent du bien d’eux, à tout point donné du temps et de l’espace. Les humains sont plus fortement motivés par le besoin inné d’estime de soi et d’appartenance que par la raison abstraite. Ainsi, face à des données et arguments volumineux, contradictoires et virtuellement indigestes émanant de multiples factions, chacune prétendant au monopole de la vérité, il est facile de choisir l’option la plus convenable émotionnellement et socialement parmi les choix possibles. Pour la majorité des gens cela signifie la vérité créée par l’establishment culturel, parce que cela signifie une intégration sociale plus facile et des récompenses supérieures. Ceux qui choisissent une vérité anathémisée par l’establishment culturel deviennent dépendants des réseaux alternatifs et même des méthodes non-conventionnelles pour survivre dans un système qui cherche à les épurer. Finalement, et peut-être particulièrement dans une société matérialiste, la vérité devient un choix de style de vie.
Substance et style
Pour les raisons précitées, une stratégie purement basée sur ce que nous tendons à considérer comme la substance (c’est-à-dire les données empiriques, les arguments logiques, les conclusions raisonnées) est vouée à l’échec. Et dans le cas du Nationalisme Blanc, elle est un échec depuis longtemps. Egalement pour les raisons précitées, une stratégie efficace doit employer une méthodologie qui s’adresse, comme le consumérisme, aux moteurs pré-rationnels du comportement humain. La leçon du consumérisme fait cela par l’usage calculé du style et de l’esthétique, qui dans la société de consommation sont constamment déployés pour induire le comportement désiré (consommation).
Je connais bien l’usage calculé du style et de l’esthétique par mon rôle dans la culture de consommation, que j’ai joué via mon entreprise d’enregistrement. Avant l’arrivée de MySpace et du téléchargement gratuit illégal, dès que je dessinais une couverture d’album, un logo, une publicité, une lettre d’information, ou un site web ; dès que je réalisais la description d’un album ; et même dès que je décrivais un album verbalement, j’étais pleinement conscient du besoin de plaire et de stimuler l’intérêt dans mon auditoire-cible. Je n’attendais pas d’eux qu’ils prennent des décisions rationnelles (en particulier parce que pour entendre la musique ils devaient d’abord acheter le CD), mais parce que j’avais réussi à provoquer une réponse émotionnelle suffisamment forte pour susciter la réponse qu’il fallait : un achat immédiat (bien sûr, je n’y parvenais pas toujours, et de temps en temps je me retrouvais avec un stock invendable, quelque chose que je reprochais autant à une mauvaise œuvre d’art, à des noms et à des titres mal jugés, et à des logos non-inspirant qu’à la qualité de la musique). Les agences de publicité prospèrent par l’exploitation du style et de l’esthétique, dans le but de pousser le public à consommer des produits, soutenir une campagne, ou voter pour un candidat politique.
Nous savons tous qu’en ce qui concerne les électeurs blancs, Obama fut élu pour de pures raisons esthétiques : il présentait bien, était télégénique, et sa « noirceur » rassurait des millions de Blancs impatients de prouver (surtout à eux-mêmes) qu’ils n’étaient pas racistes. Des slogans comme « Espoir » et « Changement » n’avaient aucun contenu ; ils étaient typiquement obamesques ; et pourtant ils touchèrent la corde sensible chez les électeurs qui se sentaient désespérés et qui voulaient le changement. Les débats télévisés sur sa politique soulignèrent la présentation visuelle et ses intonations accrocheuses ; ils concernaient davantage l’apparence et le langage des candidats pendant qu’ils discutaient – mais pas réellement – d’un sujet ostensiblement sérieux, plutôt que la discussion réelle sur un sujet sérieux. Ennuyeux ? Certainement. Mais il est inutile de s’énerver contre cela. Ça marche.
Ayant dit cela, le contenu est toujours important. Nous savons tous qu’une stratégie basée sur un pur impact stylistique sans être soutenue par au moins un certain contenu finit par imploser (aux Etats-Unis, de nombreux électeurs dupés ont maintenant compris qu’Obama est un costume vide ; au Royaume-Uni, de nombreux électeurs dupés ont finalement compris que Blair était un menteur). Faites passer le style avant le contenu d’une manière trop évidente et votre stratégie finira par se retourner contre vous (ce fut un problème majeur pour le gouvernement Blair à la fin des années 1990 ; une intense « communication » fit élire Blair, mais à la longue tout le monde s’en plaignait).
Il est donc évident que la stratégie gagnante est une stratégie qui doit avoir à la fois du style et un contenu – un contenu qui soutient le style, et un style qui soutient le contenu – qui, en d’autres mots, projette le contenu aussi bien que la nature du contenu.
Il n’y a rien de neuf là-dedans, bien sûr, mais il est étonnant de voir le nombre de gens qui ne comprennent pas l’importance du style et de l’esthétique. Est-ce parce que nous vivons dans une époque qui fait si manifestement passer le style avant le contenu que notre instinct nous pousse à nous rebeller contre cela ?
Faire de l’esthétique une arme
Dans un contexte métapolitique, nous pouvons alors parler de la transformation de l’esthétique en arme : transformer l’idéologie en art, partout, et l’utiliser pour pousser la culture et la société dans une direction prédéterminée, pour faire subir à la culture et à la société un changement fondamental.
Dans mon expérience avec diverses formes de musique d’avant-garde et leurs sous-cultures associées, la transformation de la conscience d’un individu passe par des phases identifiables.
D’abord, les individus sont exposés à un genre particulier de musique par des gens qu’ils connaissent ; la réponse, positive ou négative, est souvent immédiate, instinctive, résultat d’une combinaison d’une prédisposition biologique innée, d’une histoire personnelle, et de facteurs sociologiques.
Ensuite, si la réponse de l’individu est positive, alors commence un processus de recherche et de collecte des albums des groupes qui jouent dans ce genre. Et si la réponse de l’individu est extrêmement positive, le processus est intense, et le devient graduellement encore plus, le poussant finalement à s’immerger complètement dans la sous-culture associée.
Les sous-cultures de jeunes centrées sur la musique sont facilement identifiables parce qu’elles sont fortement stylisées et distinctes par leur style. Elles ont aussi leur propre idéologie, qui diffuse et renforce à la fois les valeurs codées dans le style de musique dont elle est sortie. Parfois l’idéologie est dérivative, une extrapolation, ou une exagération de certaines valeurs majoritaires. Parfois l’idéologie est fondamentalement opposée au courant culturel majoritaire. L’idéologie est parfois aussi superficielle, parfois elle ne l’est pas. Mais dans tous les cas, les fans de musique qui se sont immergés dans la sous-culture associée finissent par adopter et intérioriser son idéologie dans une certaine mesure.
Selon la nature de cette idéologie, les membres d’une sous-culture peuvent subir un changement de conscience radical – même au point de devenir de fiers parias – qui dure même après qu’ils aient dépassé leur appartenance. Ils peuvent finalement rejeter le costume et prendre un emploi salarié conventionnel, mais leur allégeance à la musique durera, parfois comme un secret honteux, et des traces de leur passé fanatique resteront dans leurs structures cognitives, style de vie, décor de leur maison, vocabulaire, et choix d’associations. Qui plus est, même des décennies après, d’anciens membres se reconnaîtront les uns les autres et auront un lien commun.
Et tout cela est accompli esthétiquement, par l’art. Il faut le répéter : dans la mesure où les valeurs sont absorbées, elles ne le sont pas parce qu’elles ont été présentées logiquement ou scientifiquement, mais parce qu’elles ont été présentées d’une manière attractive et artistique ou esthétiquement agréable – d’une manière qui exerce une grande force sentimentale sur ses consommateurs. Et quiconque ayant une connaissance de la culture populaire sait que son pouvoir de susciter une émotion extrême, d’unir psychologiquement, et de mobiliser les masses – de les pousser à agir irrationnellement, violemment, même contre leurs meilleurs intérêts rationnels – ne peut pas être sous-estimé. Quand le dernier volume de la série Harry Potter fut publié, des gens ont fait la queue pendant des heures, dans le froid, dans la pluie, dans les premières heures du matin, pour être les premiers à mettre la main sur la première édition reliée. Et c’est un exemple très bénin. Nous avons des films des années 1960 montrant des jeunes femmes absolument hystériques lors des concerts des Beatles, et il y a peu de doute que leurs vies personnelles étaient en partie consumées par des pensées et des fantaisies impliquant des membres du groupe. Leur société d’enregistrement a-t-elle présenté un argument particulièrement logique ?
Bien sûr, la mobilisation de masse est possible dans la culture populaire quand le producteur ou l’événement en question encode des valeurs culturellement majoritaires. Moins les valeurs sont majoritaires, moins il y a de capacité de mobilisation. De la même manière, à l’époque de la reproduction mécanique nous avons vu que quand une esthétique synergique et un système idéologique sont déployés en utilisant les méthodes de la culture populaire, même des propositions antisystème radicales sont capables, dans les bonnes conditions, de mobiliser des masses de gens suffisamment grandes et de grandir jusqu’à ce qu’elles deviennent un nouvel ordre hégémonique.
Les nationaux-socialistes, commençant sous la République de Weimar, offrent peut-être l’exemple le plus emblématique en Occident. Comme tous les mouvements politiques, cependant, le national-socialisme eut des origines métapolitiques, et sans doute des origines occultes dans les rêveries des civilisations atlante et hyperboréenne, que les SS tentèrent plus tard de matérialiser. C’était davantage un certain ensemble d’idées et de rêveries, un certain sentiment, un certain romantisme politique, une certaine apparence, avant d’être une politique réelle avec une étiquette réelle.
La même chose est vraie pour notre société moderne : entre René Descartes, Adam Smith, John Locke, Karl Marx et Sigmund Freud d’une part, et le politiquement correct, l’immigration, l’outsourcing et l’apprentissage de la diversité d’autre part, se trouve une masse de romans populaires, de films et d’albums qui véhiculent, esthétisent et promeuvent, consciemment ou semi-inconsciemment, les idées et les récits du capitalisme global et de la scolastique freudo-marxiste, dont la tradition métapolitique fonde l’ordre moderne.
La transformation de l’esthétique en arme est la création d’une interface qui facilite la translation du métapolitique dans le politique, de l’avant-garde dans le courant majoritaire.
Crédibilité
Une autre raison pour laquelle j’insiste tant sur l’esthétique dans les discussions métapolitiques est qu’un système esthétique bien formulé et parfaitement présenté est la manière la plus rapide de projeter de la crédibilité, et donc de rendre crédibles un ensemble de valeurs et d’idéaux aux yeux d’observateurs apolitiques (à des observateurs politiques il peut inspirer de la fierté ou de la peur, selon leur allégeance). Ne jugeons-nous pas les livres par leurs couvertures ? Ne jugeons-nous pas une personne par son apparence ?
Je prétends que si nos valeurs et nos idéaux manquent de crédibilité en-dehors de notre milieu immédiat, c’est en partie parce que nous avons encore à trouver une manière de traduire notre métapolitique en un système esthétique professionnellement présenté qui soit à la fois acceptable et attrayant pour une plus vaste audience – qui reformule nos idées archaïques d’une manière qui soit vibrante, appropriée, et tournée vers l’avenir (parce que les gens ont vraiment besoin d’espoir et de changement). Inutile de dire que d’autres facteurs très importants sont impliqués (comme la réalité des sanctions économiques), mais c’est certainement l’un d’eux : sans un système esthétique optimal, la politique réelle devient très difficile. On ne peut pas vendre une idée sans marketing. Et on ne peut pas séduire une audience d’élite sans la bonne sorte de marketing.
C’est pourquoi nous récolterons les bénéfices quand des artistes de talent, des musiciens, des dessinateurs, et des stylistes littéraires qui partagent nos sensibilités trouveront des débouchés à leur goût et commenceront à se faire un nom par eux-mêmes. Il est donc nécessaire que nous fournissions de tels débouchés et des opportunités professionnelles et économiques viables aux types créatifs, sinon nous continuerons à les perdre en faveur des alternatives (soumises à la censure mais rémunérées) proposées par l’establishment. Alors seulement nous serons capables de faire grandir une contre-culture puissante.
Réflexions finales
L’âge du chaos offre des opportunités à ceux qui sont capables de « vendre » un nouveau rêve. Bien que l’actuel establishment libéral, égalitaire et progressiste semble superficiellement invincible, il ne représente pas un ordre unifié, cohésif, monolithique et totalitaire : il est en fait une coalition arc-en-ciel de factions rivales et parfois contradictoires qui se trouve partager un ensemble de croyances fondamentales. Il est aussi dégénératif et sujet à la désintégration, et la conclusion logique de son projet est la rupture complète de la société. Cela est devenu de plus en plus évident depuis l’adoption du multiculturalisme comme politique gouvernementale officielle, et l’adoption du mondialisme comme paradigme capitaliste moderne. Pire encore, ils sont contraires à la nature, donc leur continuité entraîne un stress constant et un effort épuisant. La division, la dégénérescence, la désintégration, le stress et l’épuisement deviennent de plus en plus évidents. Et la fin de la prospérité en Occident rendra les bouleversements sociaux et culturels plus difficiles à contenir ou à désamorcer. Ainsi, dans la confusion croissante, même le citoyen apolitique et à la pensée conventionnelle finira par devenir réceptif aux idées nouvelles, exotiques, et même donquichottesques. Dès que la confusion deviendra suffisamment grave, ils rechercheront une idéologie radicale, une religion dure, un homme fort autoritaire, un César. Ils rechercheront un symbolisme significatif, des rêveries utopiennes, un nouveau romantisme, quelque chose qui projette l’ordre et la force, qui se distingue parmi le chaos, et qui leur donne le sentiment d’être puissants et de faire partie de quelque chose de fort.
Cela peut sembler grandiose, mais le commencement en est plus proche que l’on pense : il commence en fait avec la plume et le papier, avec le pinceau et la toile, avec la guitare et le plectre ; il est fondé sur la fantaisie et les rêveries qui animent ces ustensiles.
Si les révolutions commencent par des gribouillages, les gribouillages commencent par des rêveries. Et bien que cela puisse sembler floconneux et nébuleux pour le pragmatiste politique dur, il faut se souvenir que de telles vérités apparaissent toujours ainsi après une longue période de prospérité matérielle et de stabilité politique, alors que le système apparaît fort et crédible pour une majorité. Mais, comme cela se produisit dans le passé, à la suite de bouleversements cataclysmiques, quand leurs origines et causes étaient cataloguées par les sociologues dans leurs rapports post-mortem, les vérités dites apparaîtront probablement moins nébuleuses après l’inversion de la marée de la culture, et ces rêveries jadis apparemment improbables commenceront à prendre forme. Combien de temps jusque-là ? Qui le sait ? Mais si nous n’avons pas établi les bases métapolitiques pour notre nouvel ordre, si nous n’avons pas une contre-culture virile sur laquelle on puisse bâtir, nous pourrions découvrir qu’au moment où la marée s’inversera, d’autres seront allés bien plus loin que nous pendant que nous attendions de voir si elle le ferait vraiment.
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