English original: Part 1 here, Part 2 here, Part 3 here, Part 4 here
L’Alternative Right n’a pas d’essence, mais elle a une histoire, une histoire qui commence et finit avec Richard Spencer. L’histoire comporte quatre chapitres.
D’abord le terme « Alternative Right » fut forgé en 2008. Puis le webzine Alternative Right fut lancé le 1er mars 2010 et dura jusqu’au 25 décembre 2013. Lorsqu’elle fut créée, l’Alternative Right faisait simplement référence à une alternative au courant majoritaire conservateur américain. Lorsqu’elle devint le nom d’une publication, elle fonctionna comme un terme générique englobant des écoles de pensée comme le paléo-conservatisme, le libertarisme, le réalisme racial, la Nouvelle Droite européenne, le nationalisme sudiste, et le Nationalisme Blanc. A l’époque où le webzine Alternative Right fut fermé, cependant, le terme Alt-Right avait pris une vie indépendante. Ce n’était plus seulement le nom d’un webzine, mais un terme générique pour les alternatives de droite au courant majoritaire conservateur.
Le second chapitre est l’émergence en 2014 et 2015 d’un mouvement de droite vivant, orienté vers la jeunesse, largement online. Ce mouvement englobait une large palette d’opinions, du Nationalisme Blanc et du néonazisme déclaré au populisme et au nationalisme civique américain. Ainsi ce mouvement gravita tout naturellement vers le large terme générique Alt Right. La nouvelle Alt Right se jeta derrière la candidature de Donald Trump à la présidence peu après qu’il soit entré en lice 2015 et devint de plus en plus connue comme les défenseurs les plus féroces de Trump dans les batailles online, au point qu’Hillary Clinton prononça en fait un discours attaquant l’Alt Right le 25 août 2016.
Le troisième chapitre est la « guerre du label » de l’Alt Right à l’automne 2016. Le « label » Alt Right était devenu si populaire qu’il fut largement adopté par les nationalistes civiques trumpiens, qui rejetaient le racisme des Nationalistes Blancs. Les Nationalistes Blancs commencèrent à craindre que leur label soit coopté et commencèrent à s’opposer aux nationalistes civiques. La guerre du label se termina le 21 novembre 2016 lors d’une conférence du National Policy Institute avec l’incident connu sous le nom de Hailgate, où Richard Spencer s’écria « Hail Trump, hail our people, hail victory ! » et leva son verre de whisky pour porter un toast, ce à quoi certains membres de son auditoire répondirent avec des saluts hitlériens. Quand la vidéo fut rendue publique, les nationalistes civiques quittèrent rapidement la marque Alt Right, et l’« Alt Lite » fit son apparition.
Le quatrième chapitre est l’histoire de la centralisation et du déclin de l’Alt Right, largement sous le contrôle de Richard Spencer. Cette période fut caractérisée par une polarisation et des purges, ainsi que par la tentative de transformer l’Alt Right online et d’en faire un mouvement du monde réel, une tentative qui culmina avec le meeting « Unite the Right » à Charlottesville en Virginie, les 11-12 août 2017. Les deux tendances conduisirent à un déclin considérable de l’Alt Right. Certains abandonnèrent l’appellation. D’autres abandonnèrent le mouvement lui-même. Ce qui resta se retrancha à nouveau dans ses bastions sur internet. Quant à ce survol, il n’y a pas de cinquième chapitre, et l’avenir de l’Alt Right, s’il existe, reste à voir. Comme un cancer, il se peut qu’il n’y ait pas de phase 5.
L’invention d’un label

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L’appellation Alternative Right émergea pour la première fois dans l’espace flou où le mouvement paléo-conservateur a un chevauchement avec le Nationalisme Blanc. Le terme « paléo-conservateur » fut forgé par Paul Gottfried, un théoricien politique et commentateur juif américain. Le paléo-conservatisme se définit comme une opposition authentiquement conservatrice à l’hérésie du néo-conservatisme.
Le mouvement paléo-conservateur était un espace sûr pour la discussion et la défense de tout ce que le néo-conservatisme cherchait à abolir dans le mouvement conservateur : le christianisme, la tradition, l’identité blanche de l’Amérique, une politique étrangère de l’Amérique d’abord [America First], une restriction à l’immigration, l’opposition à la mondialisation et au libre-échange, la défense des rôles sexuels traditionnels/biologiques et des institutions, et même – bien que surtout en privé – les différences de race biologiques et la question juive.
A part Gottfried, les principaux « paleocons » incluaient Samuel Francis, qui s’associait ouvertement aux Nationalistes Blancs ; Joseph Sobran, qui avait été expulsé de la National Review pour antisémitisme et qui s’associait lui aussi ouvertement aux Nationalistes Blancs ; et Patrick Buchanan, qui resta plus proche du courant majoritaire politique mais fut finalement expulsé de MSNBC pour « racisme » parce que son livre Suicide of a Superpower défendait l’idée que les Etats-Unis étaient une société normativement blanche.
William H. Regnery II (né en 1941) est une figure cruciale dans la montée de l’Alt Right à cause de son travail pour créer des espaces institutionnels où les paléo-conservateurs et les Nationalistes Blancs pouvaient échanger des idées. Les journalistes paresseux parlent sans cesse de Regnery comme d’un « héritier de l’édition ». En fait, son argent venait de l’entreprise de textile de son grand-père William H. Regnery. La maison d’édition conservatrice Regnery Publishing fut fondée par Henry Regnery, fils de William H. Regnery et oncle de William H. Regnery II (en 1993, la famille Regnery vendit Regnery Publishing à Phillips Publishing International).
En 1999–2001, William H. Regnery II joua un rôle-clé dans la fondation de la Charles Martel Society, qui publie le journal académique The Occidental Quarterly, dont le rédacteur actuel est Kevin MacDonald. En 2004-2005, Regnery fut en pointe dans la fondation du National Policy Institute, qui fut originellement conçu comme un véhicule pour Samuel Francis, qui mourut en février 2005. Le NPI fut dirigé par Louis R. Andrew jusqu’en 2011, date à laquelle Richard Spencer en prit le contrôle. La Charles Martel Society et le National Policy Institute sont tous deux d’orientation nationaliste blanche. The Occidental Quarterly est aussi ouvertement antisémite.
Mais en même temps que Regnery était impliqué avec CMS et NPI, il travaillait aussi avec le paléocon juif Paul Gottfried pour créer deux groupes de droite académiques qui seraient amicaux avec les Juifs. D’abord, il y eut l’Academy of Philosophy and Letters [1], dont Richard Spencer était paraît-il un membre [2]. Mais Regnery et Gottfried rompirent avec l’Academy of Philosophy and Letters sur la question de la race, créant le H. L. Mencken Club, que Gottfried dirige toujours à ce jour [3]. Le Mencken Club, comme la Charles Martel Society and NPI, est un terrain de rencontre pour les paléo-conservateurs et les Nationalistes Blancs, bien qu’il soit aussi amical avec les Juifs.
Richard Spencer commença comme un paléo-conservateur, entra dans la sphère d’influence de Regnery, et émergea comme un Nationaliste Blanc. En 2007, Spencer quitta la Duke University, où il préparait un doctorat en histoire intellectuelle européenne moderne. De mars à décembre 2007, Spencer fut rédacteur assistant au The American Conservative, un magazine paléo-conservateur fondé en 2002 par Scott McConnell, Patrick Buchanan, et Taki Theodoracopulos en opposition à la guerre d’Irak incite par les néocons. A l’époque ou Spencer arriva, cependant, Buchanan et Taki étaient partis. Après avoir été expulsé du The American Conservative, Spencer partit travailler pour Taki, étant rédacteur de son magazine online Taki’s Top Drawer, plus tard Taki’s Magazine, de janvier 2008 à décembre 2009. Taki pensait que son magazine stagnait sous la direction de Spencer, donc ils se séparèrent. Avec l’argent recueilli au moyen du réseau de Regnery, Richard Spencer lança un nouveau webzine, Alternative Right (alternativeright.com), le 1er mars 2010.
L’expression « droite alternative » apparut pour la première fois dans Taki’s Magazine sous la direction de Spencer. Le 1er décembre 2008, Spencer publia l’article de Paul Gottfried, « The Decline and Rise of the Alternative Right », originellement prononcé comme discours à la conférence du H. L. Mencken Club en novembre de cette année [4]. Spencer revendique la création du titre et donc de l’expression « droite alternative », alors que Gottfried affirme qu’ils le co-créèrent [5]. L’Alternative Right en déclin est bien sûr le mouvement paléo-conservateur. L’Alternative Right en ascension est le mouvement post-paleo plus jeune en train de se cristalliser dans le Mencken Club et sur les forums alliés. Le webzine Alternative Right devait être leur produit-phare.
Le webzine Alternative Right avait un design attrayant et démarra en trombe. Je respectai particulièrement la décision de Spencer de publier Steve McNallen et Jack Donovan, des auteurs importants qui étaient anathèmes pour les chrétiens et les paléocons. Mais après environ six mois, le site sembla perdre de l’énergie. Des jours entiers passaient sans nouvelles publications, ce qui est la clé pour construite un trafic régulier, et les choses n’étaient pas aidées par la mise en page du site. Au lieu de mettre simplement les nouvelles publications en haut d’un blogroll, le site avait une foule de sections différentes, donc il fallait cliquer six ou huit fois pour découvrir qu’il n’y avait pas de nouvelle publication. Après avoir fait cela pendant quelques semaines, les lecteurs cessèrent de venir, attendant d’avoir des nouvelles de publications nouvelles par e-mail ou sur les médias sociaux. Au début de 2012, Spencer ne s’intéressait plus à la rédaction du webzine. Le 3 mai 2012, il se retira et transmit la rédaction à Andy Nowicki et Colin Liddell.
Cependant, en 2013, Spencer fut embarrassé par la couverture de presse négative sur l’un des articles de Liddell et réalisa qu’il serait toujours lié [linked] à l’Alternative Right, même s’il n’avait plus le contrôle de son contenu. Le jour de Noël 2013, Spencer ferma Alternative Right sans consulter ou avertir Nowicki et Liddell. Le nom du domaine fut redirigé vers le nouveau webzine de Spencer, Radix Journal, qui ne deviendrait jamais un nom très connu. Puis, après un autre bon départ, Radix aussi devint un site à faible énergie.
Près de quatre années d’articles et de commentaires sur Alternative Right – les contributions collectives de centaines de gens – disparurent simplement du web. Nowicki et Liddell sauvèrent ce qu’ils purent et continuèrent avec l’appellation Alternative Right sur BlogSpot.com, bien que leur site eut peu de lecteurs et peu d’influence. En 2018, embarrassés par le déclin de la marque Alt Right, ils changèrent le nom en Affirmative Right.
La plus grande erreur de Spencer en fermant Alternative Right ne fut pas son attitude cavalière, qui causa pas mal d’amertume, mais le fait qu’il arrêta tout alors que le nom était devenu un terme générique. De même que la marque « Xerox » devint un terme pour la photocopie en général, le terme « Hoover » devint un terme pour les aspirateurs en général, le « Walkman » de Sony devint un terme générique pour les lecteurs de cassettes portables, et « iPod » devint un terme générique pour les lecteurs de mp3 portables, l’Alt Right était devenue un terme générique pour toute une palette d’alternatives radicales au conservatisme du courant majoritaire. Imaginez Xerox se renommant avec un nom latin à la consonance étrange du genre Effingo alors qu’il était devenu synonyme de toute son industrie.
La beauté de la marque Alt Right est qu’elle signala la dissidence vis-à-vis de la droite majoritaire, sans se commettre dans des idées aussi stigmatisées que le Nationalisme Blanc et le national-socialisme. Comme je l’ai dit dans un article saluant Alternative Right pour mes lecteurs sur TOQ Online :
« J’espère que Alternative Right attirera les plus brillants jeunes conservateurs et libertariens et leur ouvrira des horizons intellectuels beaucoup plus larges, incluant le réalisme racial, le Nationalisme Blanc, la Nouvelle Droite européenne, la Révolution Conservatrice, le traditionalisme, le néo-paganisme, l’agrarianisme, la Troisième Position, l’antiféminisme, et les anticapitalistes de droite, les écologistes, les biorégionalistes, et les adeptes du ‘small-is-beautiful’… La présence d’articles de Robert Weissberg et de Paul Gottfried indique que Alternative Right n’est pas un clone de TOQ ou de The Occidental Observer (non pas que tout le monde s’attendait à cela, bien que certains pourraient y applaudir). Mais c’est très bien pour moi. Il est plus important d’avoir un forum où nos idées rencontrent le courant majoritaire que d’avoir un autre ‘Occidental truc-chose.com’ » [6].
Evidemment, un terme aussi utile que Alternative Right allait continuer à exister, même après avoir été abandonné par son créateur. Des auteurs sur Counter-Currents, sur le site Alternative Right BlogSpot, et même sur Radix gardèrent le concept d’Alt Right en circulation en 2014 et durant les premiers mois de 2015, après quoi il devint à la mode comme le nom préféré d’un nouveau mouvement.
L’émergence d’un mouvement
La seconde phase de l’Alt Right fut très différente de la première. La nouvelle Alt Right avait des origines idéologiques différentes, des plates-formes différentes, et un ethos radicalement différent. Mais elle convergea rapidement avec le Nationalisme Blanc et lui prit certaines de ses meilleures idées, ainsi que le terme Alt Right. Puis elle devint un phénomène médiatique international.
En termes d’idéologie, la première Alt Right avait été fortement influencée par le Nationalisme Blanc et le paléo-conservatisme. Mais la nouvelle Alt Right émergea largement de l’effondrement du mouvement de Ron Paul, spécifiquement la prise de contrôle du mouvement libertarien par les gauchistes culturels, qui poussa les libertaires culturellement plus conservateurs vers la droite [7]. D’autres facteurs conduisant la conscience raciale naissante de ce groupe furent les controverses Trayvon Martin et Michael Brown, la montée du mouvement Black Lives Matter, et le début de la crise des migrants en Europe.
La première Alt Right émergea d’un milieu d’éditeurs et de journaux imprimés dissidents, de conférences quasi-académiques où les intervenants portaient des costumes élégants, et de webzines assez intellectuels ou très intellectuels. La nouvelle Alt Right émergea sur les médias sociaux, les forums de discussion, les banques d’images, et les podcasts, les webzines suivant bientôt. Les incubateurs les plus influents de la nouvelle Alt Right furent 4chan [= canal 4] et 8chan [canal 8], Reddit, et The Right Stuff, spécialement son podcast phare, The Daily Shoah, et les forums de discussion associés.
La nouvelle Alt Right avait aussi un ethos et un style très différents. Alors que la première Alt Right publiait des articles raisonnables et dignes sur des webzines, l’ethos de la nouvelle Alt Right sortait de guerres enflammées dans les liens de commentaires. Alors que la première Alt Right cultivait un ton sérieux de respectabilité de classe moyenne, évitant les injures raciales et discutant de la race et de la question juive en terme de biologie et de psychologie évolutionnaire, le nouveau mouvement prit un ton ironique et adopta l’obscénité, les stéréotypes, les injures, le trolling et le harcèlement online.
Il y avait aussi des différences générationnelles entre les deux Alt Right. La première Alt Right était le produit d’une Gen-Xer sous le patronage de gens nés pendant le Baby Boom et avant, qui avaient réellement des souvenirs de l’Amérique avant la révolution culturelle des années 60 et les changements démographiques massifs après 1965, quand l’Amérique ouvrit ses frontières au monde non-blanc. La nouvelle Alt Right était formée principalement de Millennials [génération du millénaire] et de Gen-Zs, certains d’entre eux étant des teenagers, qui étaient des produits d’une Amérique multiculturelle avec un déclin social et familial rampant, une dégénérescence sexuelle, et l’abus de drogue et d’alcool. Le premier groupe tendait à être conservateur, parce qu’ils avaient des souvenirs d’un pays meilleur. Le dernier groupe n’avait pas de tels souvenirs et tendait vers un rejet radical de tout l’ordre social.
En 2013, je déclarai que les Nationalistes Blancs devaient toucher un nombre important de millennials blancs qui étaient sortis diplômés des facultés sous les années Obama, souvent avec des dettes écrasantes, et qui se retrouvaient sans emploi ou sous-employés, et qui finissaient souvent par vivre chez leurs parents [8]. Je pensais que les Nationalistes Blancs avaient des explications et des solutions meilleures pour leur triste situation que le Mouvement Occupy, et que cette « génération boomerang » pouvait être un « prolétariat » idéal, parce qu’ils étaient hautement éduqués ; ils étaient issus de la classe moyenne et de la classe moyenne supérieure ; ils avaient beaucoup de temps de loisirs, et ils en passaient une bonne partie online ; et ils étaient en colère et désillusionnés vis-à-vis du système, et à juste titre.
Comme c’est si souvent le cas, les gestes d’appel de notre mouvement ne donnèrent rien, mais la logique des événements poussa quand même ces gens dans notre direction. Les enfants boomerang devinrent un groupe central de la nouvelle Alt Right connue sous le nom de « NEETs » – un acronyme pour Not in Education, Employment, or Training [Pas dans l’éducation, l’emploi, ou la formation]. Quand ces NEETs et leurs camarades concentrèrent leur talent, leur intelligence, leur colère, leurs connaissances technologiques, et leur temps de loisir sur la politique, une terrible beauté naquit [*].
La controverse du Gamergate en 2014 fut une expérience et une contribution importante à ce qui devint la nouvelle Alt Right en 2015. Le Gamergate était une insurrection populiste online, sans leader, virale, de fans de jeux vidéos contre les gauchistes arrogants SJW (Social Justice Warriors) qui essayaient d’imposer le politiquement correct dans les jeux vidéos. Les activistes du Gamergate retournèrent la situation en brutalisant les SJW, en les trollant et en les raillant férocement et en exposant sans cesse leur corruption et leur hypocrisie. Le Gamergate provoqua le licenciement quelques SJW, poussa quelques autres à quitter leur emploi, et s’attaqua aux publicitaires des webzines dominés par les SJW, provoquant la fermeture de certains d’entre eux [9].
Le Gamergate est important parce qu’il montra qu’un mouvement populiste online pouvait vraiment faire reculer l’hégémonie gauchiste dans un secteur spécifique de la culture. Bien que les gens impliqués dans le Gamergate ne s’identifiaient pas tous avec l’Alt Right, beaucoup d’entre eux le faisaient. Un partisan majeur du Gamergate, par exemple, fut Milo Yiannopoulos de Breitbart, qui donna plus tard une presse favorable à l’Alt Right et qui est maintenant une figure importante de l’Alt Lite. De plus, les membres de l’Alt Right qui n’avaient rien à voir avec le Gamergate copièrent et raffinèrent avec enthousiasme ses techniques d’activisme online. En fait, je dirais que le Gamergate fut le modèle moral et organisationnel pour le boycott de Star Wars de Disney en 2018, qui coula le film Solo et fit perdre à Disney des centaines de millions de dollars de revenus.
L’une des meilleures façons de comprendre l’évolution de la nouvelle Alt Right est de lire The Right Stuff et d’écouter The Daily Shoah depuis sa fondation en 2014 jusqu’à l’été 2015, quand Donald Trump déclara sa candidature à la présidence des Etats-Unis. Les membres de l’Equipe de la Mort de The Daily Shoah commencèrent comme des ex-libertaires et des « Républicains énervés » et se formèrent sur le réalisme racial et la question juive semaine après semaine, apportant leur audience toujours croissante avec eux. En février 2015, Mike Enoch assista à la conférence d’American Renaissance et après cela commença à se qualifier de Nationaliste Blanc.
Au printemps 2015, ce nouveau mouvement était de plus en plus à l’aise avec le terme Alt Right.
Quand Donald Trump déclara sa candidature à la présidence US le 16 juin 2015, la plupart des courants nationalistes blancs trouvèrent une cause commune en promouvant sa candidature. Les partisans de Trump encouragèrent la coopération et la collégialité à l’intérieur du mouvement et fournirent un flux régulier de nouvelles cibles pour des mèmes et du trolling créatifs, et à mesure que la candidature de Trump montait, la nouvelle Alt Right montait avec lui.
En juillet 2015, dans la période précédant les débats de la primaire républicaine, la nouvelle Alt Right enregistra une victoire majeure en introduisant un mème qui changea la conversation politique majoritaire : « cuckservative ». Les débuts de ce mème furent sur Counter-Currents le 2 mai 2014, quand Gregory Hood parla des « conservateurs cocus comme Matt Lewis » [10]. A ce moment, beaucoup de gens dans l’establishment médiatique et politique comprirent qu’une véritable alternative à la droite du courant majoritaire était arrivée.

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La nouvelle Alt Right devint experte dans l’usage des médias sociaux pour attirer l’attention et promouvoir des réactions des médias et des politiciens du courant majoritaire. Cette attention permit au mouvement de grandir en taille et en influence, atteignant son sommet quand Hillary Clinton prononça son discours dénonçant l’Alt Right le 25 août 2016.
Une génération plus ancienne de défenseurs des Blancs vit la notoriété de l’Alt Right comme une opportunité pour toucher un nouveau public. Jared Taylor, qui ne fut jamais effrayé par le label Alt Right, écrivit sur « Le réalisme racial et l’Alt Right » [11]. Kevin MacDonald écrivit un article sur « L’Alt Right et les Juifs » [12]. Peter Brimelow parla dans des conférences du National Policy Institute. David Duke commença à faire circuler des mèmes.
Bien que je préfère me décrire avec des termes beaucoup plus spécifiques comme Nationalisme Blanc et Nouvelle Droite, j’ai toujours apprécié l’utilité d’un terme vague comme Alt Right, donc j’ai autorisé son usage sur Counter-Currents et occasionnellement je l’ai utilisé moi-même. Mais dès que j’utilise « nous » et « nos » ici, je parle du Nationalisme Blanc et de la Nouvelle Droite, pas des nationalistes civiques et des populistes trumpiens à l’esprit confus qui finirent aussi par utiliser le terme Alt Right.
Certains ont rejeté l’Alt Right comme un mouvement Potemkine parce qu’il était petit, existait largement online, et grandit en provoquant des réactions du courant majoritaire. Mais cela ignore le fait que l’Amérique est gouvernée par une minuscule élite employant un soft power propagé par les médias. Donc si l’Alt Right est d’une manière ou d’une autre illégitime, tout l’establishment politique l’est aussi. La nouvelle Alt Right était une image miroir parfaite des médias de l’establishment : c’était un mouvement métapolitique qui promouvait un changement politique en transformant des valeurs et des perceptions, mais elle promouvait le changement dans la direction opposée en niant les valeurs et la vision-du-monde de l’establishment.
Les tactiques particulières de l’Alt Right étaient dictées par les asymétries entre elle et les médias du courant majoritaire. Ils avaient des milliards de dollars et des armées de propagandistes professionnels. Nous n’avions pas de capitaux et une poignée d’amateurs dévoués. Mais un nouveau software nous donna la capacité de créer une propagande de qualité chez nous, et l’internet nous donna un moyen de la diffuser, et les deux à peu de coût. Les immenses avantages de l’establishment en capital et en personnel furent aussi significativement annulés par le fait que le consensus multiculturel qu’il promeut est basé sur des mensonges et ne peut créer que de la misère, et les gens qui le contrôlent sont affaiblis par l’arrogance, l’autosatisfaction et la dégénérescence. Ils sont faciles à railler et on peut facilement les pousser à un comportement contre-productif. Notre grand avantage était de dire la vérité sur le libéralisme et le multiculturalisme et de proposer des alternatives réalisables. Tant que nous pouvions rester online, et tant que nous attaquions leurs faiblesses avec nos forces, nous allâmes de succès en succès.
Mais beaucoup dans le mouvement n’étaient psychologiquement pas prêts pour le succès.
Guerres des labels et polarisation
L’Alt Right gagnait des débats et changeait les esprits. Encore plus significativement, elle changeait aussi les paramètres du débat politique. Elle était de plus en plus capable de diriger le cycle des informations et de forcer l’establishment politique à lui répondre. Elle était aussi drôle, créative, et agréable. Naturellement, les gens voulaient rejoindre le mouvement et adopter le label.
Mais cela posait quelques problèmes.
Avant tout, l’Alt Right était un réseau décentralisé, largement anonyme, largement online d’individus, de webzines, et de petites organisations. A cause de sa nature online, il n’y avait pas d’obstacle à la croissance virale du mouvement – mais par le même raisonnement, il n’y avait pas non plus d’obstacle pour y entrer.
Ensuite, le label Alt-Right était efficace à cause de son caractère vague. Mais le coté négatif de cette imprécision était que personne ne pouvait contrôler la manière dont il était utilisé. Quiconque étant en désaccord avec l’establishment républicain pouvait s’appeler Alt Right, et à mesure que la campagne de Trump montait en puissance, un nombre croissant de jeunes populistes et nationalistes civiques trumpiens voulait utiliser le terme. Cependant, beaucoup de ces nouveaux-venus étaient idéologiquement naïfs et immatures.
Le principal sujet de litige était la race. Le cœur et l’avant-garde de l’Alt Right était composé des Nationalistes Blancs. Ils pensaient que la « blanchité » était une condition nécessaire pour être membre d’une société européenne ou d’ascendance européenne comme les Etats-Unis. Beaucoup de nouveaux-venus rejetaient cette idée. Ils étaient ignorants sur les problèmes des sociétés multiraciales et multiculturelles. Ils croyaient au dogme largement répandu qu’être Américain est une question de crédo civique, auquel des gens de n’importe quelle race peuvent adhérer. Beaucoup d’entre eux saluaient les idées nationalistes blanches avec indifférence ou avec une franche hostilité.
L’utilité du label Alt Right était d’être un instrument pour toucher des gens qui étaient plus proches du courant politique majoritaire, les « normies » [= les normaux]. Les normies arrivaient maintenant en grand nombre, et certains d’entre eux voulaient définir l’Alt Right en termes nationalistes civiques plus confortables. Cela conduisit à une crise dans l’Alt Right.
Pendant des années, les gens de notre mouvement s’étaient plaints de « prêcher à la chorale » seulement. Mais maintenant que les Nationalistes Blancs avaient une vaste audience de gens qui n’étaient pas déjà d’accord avec eux, ils ne se sentaient pas fous de joie ; ils se sentaient menacés. Beaucoup de gens craignaient que leur mouvement soit « coopté » par des « infiltrés » et ils commencèrent à penser à la manière de repousser les nouveaux-venus.
Je pensais que cela était contre-productif. J’appelai les gens à voir la situation comme une opportunité pour convertir une audience extrêmement élargie au Nationalisme Blanc. La raison pour laquelle nous étions arrivés aussi loin était que nous avions les meilleurs arguments et la meilleure propagande. Il nous suffisait d’avoir foi en nous-mêmes et en notre message, puis il suffisait de revenir dans la bataille et de continuer à faire de nouveaux convertis.
Nous devions aussi être réalistes sur les limites de notre capacité à contrôler un mouvement social décentralisé, enraciné et online avec seulement les meilleurs mèmes. Il est futile de parler d’entrisme et de purges lorsqu’on a affaire à un mouvement online avec des frontières nébuleuses. Nous ne pouvons pas empêcher les gens de se connecter, et nous ne pouvons pas non plus les chasser de l’internet. Finalement, nous avions besoin de développer un ethos qui nous permettrait de collaborer d’une manière productive avec des gens plus proches du centre, dont les liens avec le courant majoritaire étaient des canaux pour nos idées et notre influence.
Ces arguments, cependant, furent rendus stériles le 21 novembre 2016, quand le Hailgate permit aux médias du courant majoritaire d’associer pour toujours l’Alt Right au néonazisme. A partir de ce moment, beaucoup de nationalistes civiques rejetèrent entièrement le label Alt Right. Ce fut la naissance de la dénommée « Alt Lite ». Elle était « lite » de deux manières seulement : elle avait jeté les Nationalistes Blancs par-dessus bord. L’Alt Lite demeura une force puissante, alors que l’Alt Right devint significativement plus faible. L’Alt Lite contrôlait une large audience que les Nationalistes Blancs ne pouvaient plus toucher. L’Alt Lite conserva un énorme réseau social, dont nous fûmes coupés. Les Nationalistes Blancs ne pouvaient plus avoir autant d’influence, parce que beaucoup de gens compétents et créatifs de l’Alt Lite ne voulaient plus coopérer avec nous.
La pire perte, cependant, fut peut-être dans le domaine idéologique. La bataille intellectuelle la plus importante qui revient aux Nationalistes Blancs est de détruire le tabou contre la politique identitaire blanche. Après le Hailgate, l’Alt Lite se différencia du Nationalisme Blanc en traçant une ligne ferme contre la politique identitaire blanche et en se retranchant derrière cette ligne, renforçant le tabou parmi les gens qui étaient justement les plus réceptifs pour le contester.
Ce fut un désastre. Mais il reçut des éloges de la part d’Andrew Anglin, qui avait été à l’avant-garde des efforts pour identifier l’Alt Right avec le nazisme : « Fondamentalement, Richard Spencer fit quelque chose au NPI qui était nécessaire juste maintenant dans la période d’après la victoire : il sépara l’Alt Right de l’Alt Cuck et de l’Alt-Kike. Nous sommes mieux sans ces gens-là » [13]. Nous étions mieux seulement si notre but était de conserver le contrôle d’un mouvement marginal de sous-culture politique. Nous étions beaucoup plus mal si notre but était d’avoir une interface avec le courant majoritaire culturel et politique et de l’attirer dans notre direction.
Certaines figures de l’Alt Lite se sont demandés si Spencer n’avait pas machiné le Hailgate précisément pour chasser les nationalistes civiques en identifiant l’Alt Right au nationalisme racial sous ses formes les plus stigmatisées et les plus toxiques. En tous cas, j’ai soumis cette théorie à quelqu’un qui fréquenta Spencer et qui travailla étroitement avec lui pendant des années, et il la rejeta comme « lui donnant trop de crédit » concernant une stratégie machiavélienne. Il mit plutôt le Hailgate sur le compte d’un mélange d’impulsivité, d’ivresse, et d’un mauvais jugement insondable.
Que le Hailgate ait été intentionnel ou non, cependant, il devint le modèle pour ce qui suivit : une tendance à centraliser l’Alt Right sous le leadership de Richard Spencer, ce qui conduisit à encore plus de division et de disfonctionnement.
Centralisation, purges, et effondrement
Il était tout à fait naturel que Richard Spencer regrette d’abandonner un label qui avait été adopté par une force politique puissante et une sensation médiatique internationale. Il tenta donc de réaffirmer sa propriété. Mais il y avait un problème : le nouveau mouvement qui émergea entre 2014 et 2015 devait peu à Spencer sauf le nom qu’il adopta finalement. Spencer reconnut cela dans une interview qu’il donna le 12 octobre 2016 au politologue George Hawley qui faisait des recherches pour son livre Understanding the Alt-Right, où Spencer dit : « L’Alt Right n’est pas ce qu’elle est aujourd’hui à cause de moi ; elle est ce qu’elle est aujourd’hui parce que je l’ai laissée partir » [14]. C’est exact.
Mais du point de vue de 2018, il est également vrai de dire que l’Alt Right est le gâchis qu’elle est aujourd’hui – largement mais certainement pas entièrement – parce que Spencer tenta de la reprendre.
Le 9 novembre 2016, NPI tint une conférence de presse intitulée « Qu’est-ce que l’Alt Right ? » à Washington D.C. Les intervenants étaient Richard Spencer, Jared Taylor, et Peter Brimelow. A la conférence, Spencer dévoila son « logo Alt-Right », qui n’eut jamais vraiment de succès [15]. Spencer voulait clairement prendre la tête de la nouvelle Alt Right, la redéfinir selon ses termes, et mettre sa marque sur elle.
Après le Hailgate, Richard Spencer et l’universitaire perse-américain Jason Reza Jorjani, qui parla aussi au NPI en 2016, commença une série de rencontres pour créer ce qui devint l’Altright Corporation. Les principaux actionnaires étaient Richard Spencer, Jason Jorjani, Daniel Friberg d’Arktos Media, et Red Ice TV [16].
L’Altright Corporation lança le webzine AltRight.com le 16 janvier 2017. Le plan de Spencer était de se hisser à la direction du mouvement en apparaissant comme le leader. Il allait « le simuler jusqu’à ce que vous le fassiez » [17] en embobinant autant de voix importantes que possible sur sa plate-forme ; en cooptant des organisations comme Identity Evropa ; en faisant de la lèche avec les acteurs qui étaient trop gros pour être cooptés (TRS, Jared Taylor, Kevin MacDonald, Peter Brimelow) ; en calomniant et en purgeant ceux qui étaient insensibles à ses charmes (Milo, Mike Cernovich, moi) ; et surtout, en donnant des interviews aux médias du courant majoritaire avec la supposition cynique mais malheureusement exacte que beaucoup de gens dans notre mouvement accepteront celui que les médias ennemis désigneront comme notre leader.
Le nouveau webzine suivit le même modèle que les autres webzines de Spencer : un bon départ suivi d’une dégringolade. Mais dans ce cas, le départ fut beaucoup plus faible et la chute vint beaucoup plus tôt. AltRight.com différait aussi des premiers webzines de Spencer par la vulgarité de caniveau de ses écrits, ce qui était clairement une tentative de s’attirer les faveurs des gamins des chan et des lecteurs du Daily Stormer. Par exemple, voici comment Vincent Law conclut son article « Daniel Borden n’a littéralement rien fait de mal » :
« …dans la cas de Daniel, des sources internes disent qu’il se porte bien. Il a déjà reçu des centaines de photos de nus et de propositions de mariage de filles solidement dans la taille 7-8 de TP. Il y a même quelques taille 9 aussi.
Daniel est cependant inquiet.
Il dit qu’il ne sait pas nager et qu’il ne sait pas comment il évitera la noyade dès qu’il sortira [de prison] en nageant dans tous ces minous. Ne t’inquiète pas, Daniel. Nous t’attendrons avec quelques bouées dès que tu sortiras. » [18]
Les auteurs sérieux ne prétendaient pas vraiment partager la même plate-forme.
Les efforts de Spencer pour la polarisation et les purges ne furent pas plus fructueux. C’est un coup de débutant nationaliste blanc classique pour un nouveau aspirant leader de créer sa boîte postale et son webzine puis de tenter de recruter des followers et des donateurs en lançant des attaques contre ses rivaux. La supposition sous-jacente de la stratégie de la polarisation est qu’un certain pourcentage de followers passera dans le camp de l’attaquant, alors que le reste restera avec la cible. Mais le mouvement dans son ensemble ne souffrira pas. Le jeu sera simplement rebattu.
En fait, de telles tactiques sont profondément dommageables pour le mouvement dans son ensemble. Pour utiliser des chiffres arbitraires, l’attaquant pourrait gagner 15% de l’audience de la cible, et la cible pourrait conserver 40 à 50%, selon sa réponse. Mais les autres deviennent dégoûtés et démoralisés et refusent d’avoir quelque chose à faire avec les deux partis. Quelques-uns partiront simplement complètement. La polarisation, par conséquent, apporte quelques bénéfices à l’agresseur mais fait du tort au mouvement dans son ensemble, et c’est pourquoi nous devrions fuir quiconque utilise cette stratégie comme une promotion de soi égoïste.
On peut arguer que soumettre un mouvement comme l’Alt Right à une quelconque sorte de leadership centralisé est une mauvaise idée. L’Alt Right – et le Nationalisme Blanc dans son ensemble – est un réseau décentralisé, non-hiérarchique. Les nœuds de ce réseau sont des individus – la plupart d’entre eux anonymes – et de petites organisations hiérarchiques. Ces nœuds sont largement reliés par l’internet, particulièrement les plates-formes des médias sociaux.
Les conducteurs du mouvement sont des individus créatifs qui produisent des mèmes sous la forme d’articles, de podcasts, de vidéos, et d’images. Lorsqu’un mème particulièrement puissant est créé, le réseau le propage et l’augmente jusqu’à ce que le mème soit épuisé et que quelque chose de nouveau arrive. Lorsque ça fonctionne bien, le mouvement est sans cesse stimulant et drôle, et il a de véritables effets transformateurs sur l’esprit public.
Parce que le réseau rend possible la collaboration créative d’innombrables individus anonymes, on peut arguer que le réseau lui-même est en fait plus intelligent, plus créatif, et plus puissant que n’importe lequel de ses nœuds. Il y a des différences entre les nœuds. Certains créent des mèmes ; d’autres les propagent simplement. Certains individus et organisations ont de plus grandes audiences, un plus grand impact, et plus de crédibilité morale et intellectuelle que d’autres. J’aimerais voir beaucoup de sociétés, de think-tanks et de partis politiques, grands, bien financés et hautement influents émerger de ce réseau. Mais même les plus gros nœuds sont plus petits que le réseau dans son ensemble.
Qu’arriverait-il à l’efficacité globale du réseau si un aspirant leader tentait de le soumettre à son contrôle ? Même un petit mouvement en réseau comme l’Alt Right est plus complexe et plus créatif que n’importe quel nœud individuel. Donc si un individu voulait tenter de prendre la direction du mouvement, il devrait inévitablement simplifier sa structure, ce qui étoufferait inévitablement sa créativité et sa puissance. C’est pourquoi la centralisation est toujours accomplie par la polarisation et les purges. La taille et la complexité du mouvement doivent être réduites à ce qui peut être compris et contrôlé par un esprit individuel. Plus l’esprit est petit, plus les dégâts sont grands. En outre, ceux qui ne sont pas impressionnés par l’aspirant leader doivent être poussés dehors.
La quête pour la centralisation peut promettre une immense gratification de l’ego pour un aspirant leader. Mais le résultat net est un mouvement plus petit, plus stupide, et moins créatif. Il est aussi moins actif, parce que les agents anciennement indépendants doivent maintenant attendre des ordres d’en-haut. Ou ils doivent débattre pour obtenir l’accord des autres, alors qu’avant ils pouvaient simplement agir par leur propre jugement. Donc la centralisation rend inévitablement le mouvement plus faible. Cela serait vrai même si le centraliseur était le genre de génie organisationnel capable de fonder une grande entreprise ou un gouvernement. C’est spécialement le cas quand l’aspirant leader ne peut même pas diriger un webzine réussi.
Les tentatives de Spencer pour purger ses rivaux du mouvement furent aussi infructueuses mais créèrent beaucoup de dommages collatéraux durables. Durant l’automne 2016, la tactique de polarisation et de purge de Spencer consistait largement en campagnes de rumeurs. Après le Hailgate, il déchaîna un tir de barrage de tweets clairement jaloux et amers contre Milo, Cernovich, et d’autres figures de l’Alt-Lite.
Mais le 1er juin 2017, Spencer tenta quelque chose de beaucoup plus hardi. Spencer lança une attaque contre moi et Counter-Currents avec un article boiteux et malhonnête cosigné par Daniel Friberg, « Les attaques de Greg Johnson et comment les traiter » [19]. Il ne prévit cependant pas d’effet négatif dans ses plans. Counter-Currents est encore là, mais l’Altright Corporation commença à se défaire à ce moment, perdant d’abord Jason Jorjani puis Red Ice. Finalement même Friberg coupa tranquillement les liens.
Mais personne ne gagne vraiment de telles batailles. Dans ce cas, beaucoup de relations d’amitié, de camaraderie, et de collégialité furent remplacées par de l’hostilité, de l’amertume, et de la méfiance qui persistent aujourd’hui. Des liens qui permettaient des collaborations productives furent coupés, laissant le mouvement moins efficace et plus dysfonctionnel.
L’utilisation des médias par Spencer pour se hisser au statut de leadership fut en fin de compte un échec aussi. L’attention des médias que Spencer reçut eut un coût. Tout ce que Spencer avait à faire était d’aider les médias à faire avancer leurs agendas anti-Blancs en se conformant à l’un de leurs stéréotypes, dans le cas de Spencer le ploutocrate WASP autosatisfait, snob et immoral [20]. Les médias aimaient Spencer, parce qu’il les aidait à donner une mauvaise image du Nationalisme Blanc. Spencer aimait les médias, parce qu’il espérait que cela l’élèverait au-dessus de ses rivaux dans le mouvement. Aucun partenaire de cette transaction cynique n’avait intérêt à dépeindre le Nationalisme Blanc d’une manière qui pourrait vraiment le relier à la majorité blanche.

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Comme je l’ai déjà dit, il n’y a aucun moyen d’être le leader de ce mouvement dans son ensemble. Mais on peut encore aspirer à être un leader à l’intérieur du mouvement. Il y a fondamentalement deux manières de faire cela : la manière militante, et la manière faussement militante. La manière militante est de construire une plate-forme solide de bas en haut, basée sur une série de réussites, que ce soit dans l’activisme politique ou le travail de propagande. Mais la manière militante est aussi la voie difficile, requérant de nombreuses années de travail soutenu et patient.
Il est donc tentant de prendre la voie facile, la voie faussement militante : donner une interview, ou faire un coup de pub, dans l’espoir que les médias ennemis vous désigneront leader. Mais même si vous réussissez votre coup, vous ne pouvez pas rester éternellement un leader virtuel. Vous devez commencer à obtenir des résultats réels, des résultats positifs. Spencer a fait des choses de valeur au cours des années : des conférences de NPI, Radix, et Washington Summit Publishers. Mais tout cela fut mis sur la touche pour des meetings et une tournée de prises de parole dans les facultés qui s’avérèrent être nettement négatifs.
A la fin de 2018, la plupart des followers de Spencer l’avaient abandonné, même son cercle intérieur, et il resta silencieux à part un tweet ou une vidéo occasionnels sur Youtube. L’establishment, alors, fait une bonne affaire. Que Spencer disparaisse finalement ou fasse un retour, les médias repasseront les images du Hailgate et d’autres gaffes provoquant un mouvement de recul, pour stigmatiser Trump et le Nationalisme Blanc pour les décennies à venir.
Ceux d’entre nous qui tentent de présenter une argumentation moralement cohérente et historiquement exacte pour l’autodétermination blanche seront pour toujours traqués avec des clips de Spencer défendant l’impérialisme et le suprémacisme blanc, attaquant la liberté d’expression, appelant au génocide des Turcs, écartant l’importance de la moralité, et jouant au « approuver et amplifier » avec des bobards anti-Blancs injurieux comme « Une partie de votre grandeur est l’exploitation des autres gens » [21]. Ce serait une chose si tout cela était des convictions sincères mais erronées. Mais avec Spencer, ce sont simplement des postures et des provocations à moitié bancales.
On ne peut pas, cependant, entièrement blâmer Spencer pour la fortune déclinante de l’Alt Right. Encore une fois, le mouvement qui émergea en 2014 et 2015 devait peu de choses à Spencer à part son nom. Et même si Spencer fit du tort à l’Alt Right en tentant d’en prendre le contrôle, le mouvement – incluant ses problèmes – fut toujours plus gros que lui. Ce qui signifie qu’il ne peut pas porter la seule responsabilité pour sa chute. En particulier, il est injuste de blâmer Spencer pour le désastreux meeting « Unite the Right » des 11-12 août 2017, puisqu’il joua un faible rôle dans sa planification. Il y avait des forces plus grandes à l’œuvre, auxquelles Spencer lui-même fut mêlé, et qui peuvent être résumées comme le retour du Nationalisme Blanc 1.0.
Le Nationalisme Blanc 1.0 et 2.0
En 2015, quand la nouvelle Alt Right devint de plus en plus à l’aise avec l’idée de Nationalisme Blanc, la plupart de ses membres avaient seulement une très vague connaissance de la précédente génération de figures nationalistes blanches. Lawrence Murray, par exemple, affirma: « Moi-même je n’avais jamais entendu parler de [William] Pierce et [David] Duke (…) avant de m’impliquer dans l’Alt-Right » [22]. L’expérience de Murray est typique des droitistes du Millennial et de Gen-Z.
L’Alt Right commença à appeler le Nationalisme Blanc de la génération de leurs pères le « Nationalisme Blanc 1.0 ». Ils nommèrent l’Alt Right « Nationalisme Blanc 2.0 ». Dans ce cadre était incluse une attitude de rejet envers le Nationalisme Blanc 1.0 et la supposition que l’Alt Right était une amélioration importante. J’étais d’accord avec ce dernier jugement. Mais le plus souvent, les gens de l’Alt Right rejetaient les figures comme Pierce et Duke simplement en se basant sur les impressions glanées dans les médias du courant dominant. Je pensais que c’était honteux de répéter la propagande ennemie. Donc quand de telles attitudes apparaissaient dans divers forums privés, j’appelai les gens de l’Alt Right à devenir mieux informés et à apprendre ce qu’ils pouvaient du Nationalisme Blanc 1.0. En tant que mouvement, il fut en grande partie un échec, mais apprendre de ses échecs fait partie du succès. Malheureusement, certaines personnes apprirent les mauvaises leçons.
Au début de 2017, je commençai à remarquer un net changement en faveur des idées et des attitudes 1.0 :
La supposition que le national-socialisme allemand est la seule forme authentique de Nationalisme Blanc.
Le fait de recommander l’extermination massive des non-Blancs, des métisseurs, et des homosexuels, directement pris dans les pages des Carnets de Turner.
Une augmentation marquée des attitudes envers les femmes qui peuvent légitimement être qualifiées de misogynie, incluant le mème toxique de la « charia blanche » et une tendance à réduire brutalement au silence les voix féminines.
Un renouveau de la sous-culture skinhead des beuveries et des drogues dures.
Le retour des manifestations costumées et des bagarres de rue avec les gauchistes.
Les conséquences entièrement négatives de ces attitudes et de ces comportements étaient faciles à prévoir. Mais elles furent néanmoins tolérées, fournies en plateformes, et même défendues et encouragées par des voix majeures de l’Alt Right.
D’abord et avant tout, les idées du NB 1.0 sont auto-marginalisantes et contre-productives.
La meilleure manière possible de défendre le Nationalisme Blanc est de souligner que c’est une philosophie politique basée sur la nature humaine, confirmée par la science sociale et l’expérience politique, et enracinée dans les traditions politiques de toutes les nations blanches. La pire manière possible de défendre le Nationalisme Blanc est d’affirmer que toute forme d’ethnonationalisme est fausse – sauf la forme allemande qui fut vaincue en 1945 et qui a été exécrée continuellement depuis cette date [23].
Comme je le dis dans le Manifeste Nationaliste Blanc, la race blanche est actuellement soumise au génocide, et le Nationalisme Blanc est le meilleur système politique pour mettre fin au génocide blanc et restaurer des communautés blanches saines [24]. La pire manière possible de rallier notre peuple contre le génocide dirigé contre nous est de recommander le génocide contre les autres.
L’un des axiomes évidents de la politique est qu’un mouvement a une meilleure chance de gagner si plus de gens combattent pour lui et que moins de gens combattent contre lui. Il y a deux manières de faire cela. D’abord, nous devons rallier les gens de notre peuple sous notre bannière. Ensuite, nous pouvons tenter de diviser le bloc ennemi en convertissant certains d’entre eux en alliés, en sympathisants, ou simplement en neutres.
Mais si nous avons des exterminationnistes parmi nous, les gens de notre peuple ne nous rejoindront pas, parce que des positions moralement aussi répugnantes n’attirent que des psychopathes dans le mouvement tout en repoussant les gens normaux. En fait, les exterminationnistes renforcent en réalité la propagande de culpabilité blanche qui affirme que les Blancs sont une race singulièrement mauvaise dont la disparition ne serait pas une grande perte pour le cosmos. De plus, les exterminationnistes rendent sûr que le bloc ennemi sera plus grand et plus unifié simplement parce qu’aucun non-Blanc sain d’esprit ne pourrait sympathiser avec notre mouvement ou lui être indifférent – sans parler de l’aider.
De même que les égalitaristes qualifient le simple réalisme concernant les différences raciales de « haine », ils qualifient le simple réalisme concernant les différences entre les sexes de « misogynie », c’est-à-dire de haine des femmes. Cela dit, cependant, il y a bien quelques réalistes raciaux qui haïssent vraiment les autres races, beaucoup d’entre eux joyeusement, sans réticence ni réserves [25]. De même, il y a pas mal de gens dans nos milieux qui haïssent simplement les femmes.
Beaucoup des gens qui haïssent la race ne comprennent pas que le but fondamental de notre mouvement est d’assécher le marais multiculturel dans lequel la haine raciale se reproduit, plutôt que de s’y complaire pour le plaisir. En fait, plus le mouvement est simplement une plateforme pour exprimer la haine, moins il a de chances de vraiment créer une société dépourvue de haine raciale.
De même, beaucoup des gens qui haïssent les femmes ne comprennent pas qu’un autre but fondamental de notre mouvement est d’assécher le marais culturel qui produit la méfiance et la haine entre les sexes, au lieu de fournir seulement une plateforme pour que les misogynes puissant vomir leur bile dans le vide. En fait, plus le mouvement est simplement un espace sûr pour que les détraqués puissant se lâcher, moins il a de chances de vraiment créer une société avec des familles saines et des normes sexuelles.
La politique n’est pas une thérapie. Plus notre mouvement ressemble à une séance de thérapie de groupe – avec les fous dirigeant l’asile – moins il a de chances d’atteindre ses buts politiques.
L’idée de « charia blanche » prit des vérités saines et salutaires concernant les différences entre les sexes et leurs rôles appropriés dans la famille et la société en général et les emballa d’une manière suicidaire dans des termes qui font penser aux mariages d’enfants, aux mariages arrangés, aux gangs de violeurs, à l’esclavage sexuel, à la polygamie, à la clitorectomie, aux agressions à l’acide, à la ségrégation, et aux vêtements de toile [26].
Encore une fois : le mouvement nationaliste blanc a une meilleure chance de gagner si plus de gens combattent pour nous et que moins de gens combattent contre nous. Il est donc suicidaire pour un mouvement qui est déjà petit et marginal de lancer des campagnes de brutalisation contre des classes entières de Blancs qui veulent aider – incluant les plus de 50% de la race blanche qui se trouvent être des femmes.
Comme je le dis dans mes essais « Redéfinir le courant majoritaire » et « Contre le sectarisme de droite », tous deux reproduits plus loin, le Nationalisme Blanc gagnera lorsqu’il deviendra le sens commun de tout le courant majoritaire culturel et politique. Il n’y a rien d’intrinsèquement de droite dans les idées essentielles du Nationalisme Blanc : par exemple, qu’être blanc est une condition nécessaire de l’identité européenne ; que la race blanche est soumise à un lent génocide du fait de politiques qui encouragent une faible fertilité blanche et l’immigration non-blanche ; que créer des patries blanches souveraines avec des valeurs natalistes, pro-famille, est la solution au génocide blanc ; et que les Juifs ont joué un rôle majeur dans la promotion du génocide blanc et le fait d’empêcher les Blancs de le stopper. Pour l’instant, cependant, le Nationalisme Blanc est un mouvement de droite. Mais cela nous pose un problème épineux.
Pour transformer le courant dominant en direction nationaliste blanche, nous devons laisser notre message émerger de son actuel cocon de droite et déployer ses ailes. Il serait contre-productif de changer l’un de nos principes essentiels pour nous conformer au courant dominant. Ce qu’il faut, c’est que le courant dominant se conforme à nous. Donc la seule chose que nous pouvons changer est la manière dont nous emballons et communiquons notre message. Nous devons élaborer des versions du message nationaliste blanc essentiel qui pourront convertir toutes les catégories d’électeurs blancs. Nous devons même convertir quelques non-Blancs et en faire des alliés et des sympathisants, ou du moins les convaincre qu’ils n’ont rien à craindre de notre victoire.
C’est un défi de taille, et nous commençons juste à comprendre comment le faire fonctionner. Il est cependant facile de déterminer ce qui ne marchera pas, à savoir souligner que l’idée nationaliste blanche doit être acceptée avec une longue liste d’ajouts de droite. Le sectarisme de droite est la voie de l’auto-marginalisation et de l’autodestruction, et à ce jeu, le Nationalisme Blanc 1.0 est le champion incontesté.
Mais nous savons que la victoire est possible, parce qu’il n’y a pas si longtemps les idées pro-Blancs étaient culturellement et politiquement dominantes. De plus, la présente hégémonie des idées anti-Blancs fut créée par les mêmes stratégies métapolitiques au moyen desquelles nous visons à la renverser. Plus tôt nous cesserons de faire des choses qui ne marchent pas – et plus tôt nous commencerons à faire des choses qui marchent –, plus tôt nous gagnerons.
Nous devons adopter une position nuancée sur l’alcoolisme, les drogues, et d’autres habitudes malsaines. D’une part, notre mouvement vise à la création d’une société meilleure. D’autre part, les gens dans notre mouvement sont les produits de la société profondément malade que nous souhaitons vaincre. Ainsi les audiences jeunes trouvent un modèle auquel s’identifier en regardant Millenial Woes [pseudo d’un militant britannique] fumer des cigarettes à la chaîne sur ses vidéos Youtube, ou en écoutant les innombrables podcasts dont les hôtes et les invités sont manifestement ivres ou défoncés.
Mais imaginez de revenir dans dix ans et de les trouver en train de faire exactement la même chose. Clairement, quelque chose a dû se passer terriblement mal. Il est clair qu’une importante opportunité a dû être manquée. Car tout l’intérêt d’être réel et d’être un objet d’identification est d’établir un lien avec son audience afin de pouvoir les diriger. Pas seulement de les diriger, mais de les améliorer. Mais nous ne pouvons pas améliorer les gens si nous ne nous améliorons pas nous-mêmes. Donc un ethos qui célèbre ou simplement tolère les dépendances chimiques est autodestructeur. Il transforme juste le mouvement en une impasse de plus de la décadence moderne au lieu de le transformer en sortie hors de celle-ci. Comment pourrons-nous vaincre la plongée de tout le monde moderne si nous ne pouvons même pas vaincre l’attraction vers le bas de nos propres petits vices ?
Imaginez pendant un instant que le mouvement adopte l’Ordre Général Numéro 10 d’Harold Covington : pour toute la durée du combat, aucun Nationaliste Blanc ne consommera de l’alcool ou de la drogue [27]. Nous gagnerions beaucoup et ne perdrions rien. D’abord, les drogues et l’alcool altèrent le jugement et l’efficacité, conduisant à de mauvaises décisions et à une exécution maladroite avec des conséquences autodestructrices prévisibles. Ensuite, les drogues et l’alcool font que les gens ont des problèmes avec la loi, ce qui est une manière par laquelle ils sont transformés en informateurs et en saboteurs. Ensuite, les drogues et l’alcool consomment du temps et de l’argent qui pourraient être mieux utilisés pour la cause. Ensuite, demander aux gens d’abandonner les drogues et l’alcool fait comprendre que notre cause est sérieuse et demande des sacrifices personnels mais nous rend aussi meilleurs et plus nobles. Enfin, adopter une politique de tolérance-zéro pour les drogues et l’alcool élimine les gens pas sérieux qui mettent la satisfaction personnelle au-dessus du salut racial. Maintenant imaginez si l’Alt Right avait adopté ce genre d’ethos au début de 2016. Pensez à tout ce que nous aurions pu éviter.
Nous devons aussi adopter une position nuancée sur le retour des protestations costumées et des bagarres avec les communistes. La Vieille Droite commença par battre les communistes dans les rues de l’Europe. Pendant un moment après l’élection de Trump, il sembla que ces jours étaient de retour alors que des communistes masqués (les « antifas ») attaquaient les supporters de Trump dans les rues. Naturellement, les supporters de Trump, incluant les Nationalistes Blancs, voulaient riposter. C’était tout naturel de tâter le terrain et de voir ce qui était possible.
A un certain moment, cependant, la circonspection et la prudence furent jetées au vent. Les gens devinrent grisés, grandioses, et illusionnés. Par exemple, au milieu du meeting « Unite the Right » à Charlottesville, Richard Spencer déclara : « L’Alt-Right a fini de débattre, de négocier, de capituler. Nous sommes prêts à serrer les rangs et à combattre pour ce qui nous revient. (…) Nous sommes prêts à conquérir le continent » [28]. En fait, l’Alt Right n’était prête à rien à part à une chute : une vague de dénonciations, de deplatforming, et de procès criminels et civils, dont le coût continuera à s’accumuler pendant les années à venir.
Charlottesville offrit des leçons précieuses que beaucoup d’entre nous prirent à cœur. Ne tenez pas des meetings dans des bastions ennemis. N’annoncez pas nos événements des mois à l’avance, donnant à l’ennemi le temps de se préparer. Ne faites pas confiance aux médias ennemis pour convoyer notre message. Ne faites pas confiance à la police pour imposer les lois si elles sont en notre faveur. Les Nationalistes Blancs seront chassés de leurs emplois, diabolisés par la presse, déplatformés sur le web, et poursuivis en justice par l’establishment anti-Blancs, alors que les antifas seront cajolés. Nous n’avons pas le nombre, l’argent, les institutions, et la sympathie publique pour nous engager dans des manifestations comme « Unissez la Droite ». La gauche a en fait des réserves inépuisables d’avocats et d’argent pour nous harceler avec des poursuites frivoles, dont le but est de nous épuiser et de nous ruiner, et d’exposer les identités de nos activistes et donateurs au moyen du processus de « découverte ». Mais nous n’avons pas des ressources comparables pour nous défendre.
La grande leçon de Charlottesville fut simplement de faire le bilan des forces et des faiblesses de l’establishment et de notre mouvement, puis de nous concentrer sur ce qui marche. Les forces de l’ennemi incluent un vaste nombre de gens, en fait une quantité infinie d’argent, et le contrôle des principales institutions de la société. La même chose peut être dite, cependant, de n’importe quel establishment jusqu’au moment de son renversement. Les principales faiblesses de l’ennemi sont de promouvoir des politiques moralement odieuses et socialement destructrices basées sur des mensonges, ainsi que d’être corrompus, décadents, méchants et stupides.
Nos faiblesses sont l’image miroir des forces de nos ennemis. Notre mouvement a un nombre de membres infime et des ressources rares. Nous ne contrôlons presque pas d’institutions à nous et sommes à la merci des institutions contrôlées par nos ennemis. Encore une fois, c’est vrai de presque chaque mouvement révolutionnaire à un moment ou un autre, incluant ceux qui parviennent jusqu’à la victoire.
Nos forces aussi sont l’image miroir des faiblesses de nos ennemis. Ils promeuvent des politiques basées sur des mensonges concernant la nature humaine qui conduisent à la haine, au conflit, et finalement au génocide. Nous promouvons des politiques basées sur des vérités concernant la nature humaine qui minimiseront les conflits ethniques, la haine, et le génocide. Ils promeuvent de mauvais arguments et un double discours, et nous sommes des maîtres pour les déconstruire. Ils sont risibles, et nous sommes des maîtres pour les railler et leur faire honte.
Tant que nous attaquions les faiblesses de l’ennemi avec nos forces, nous faisions des gains métapolitiques remarquables. Mais dès que certains attaquèrent les points forts de l’ennemi à partir d’une position de faiblesse relative, ils furent détruits. Ceux d’entre nous qui sont encore dans le combat soit ne s’impliquèrent jamais dans l’activisme de rue soit sont revenus à ce qui marche : la métapolitique – ce qui signifie organisation d’une communauté et guerre de propagande, incluant la propagande à faible risqué et à haut rendement des stratégies de l’action introduites par le mouvement des Identitaires et adoptées par Identity Evropa aux Etats-Unis.
L’histoire de l’Alt Right est-elle finie, ou y aura-t-il un autre chapitre ? En cet instant, nous ne devrions pas vraiment nous en soucier. Même si l’Alt Right est morte, le Nationalisme Blanc et la politique identitaire blanche sont bien vivants, et ce sont les questions et non les symboles qui comptent vraiment. L’Alt Right était juste un label. C’était un terme générique utile qui créa un espace discursif dans lequel les Nationalistes Blancs pouvaient contacter et convertir des gens qui sont plus proches du courant majoritaire. Mais Richard Spencer détruisit cet espace discursif avec le Hailgate. Le mouvement Alt Right très réduit que Spencer créa sous son leadership rencontra son Waterloo à Charlottesville. A ce moment, le mouvement Alt Right mourut, et le label a été irréparablement terni. Il y aura toujours quelques personnes qui s’appelleront Alt Right, de même qu’il y a des gens qui s’appellent nazis, c’est-à-dire que ce n’est guère plus qu’un geste de défi et auto-marginalisant. Ceux qui sont sérieux sur la création d’un futur pour les Blancs doivent regarder au-delà de l’Alt Right, vers un nouveau nationalisme.
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[1] https://philosophyandletters.org/
[2] Aram Roston and Joel Anderson, “The Moneyman Behind the Alt Right,” BuzzFeed.News, July 23, 2017.
[3] http://hlmenckenclub.org/
[4] Paul Gottfried, “The Decline and Rise of the Alternative Right,” Takimag, December 1, 2008.
[5] Thomas J. Main, The Rise of the Alt-Right (Washington, D.C.: Brookings Institution Press, 2018), p. 63; voir aussi ma recension : “Thomas J. Main’s The Rise of the Alt-Right,” Counter-Currents, 13 septembre 2018
[6] Greg Johnson, “Richard Spencer Launches Alternative Right,” TOQ Online, March 2, 2010.
[7] En 2009, j’ai prédit que les gens du mouvement de Ron Paul commenceraient à aller vers la politique identitaire blanche, donc j’ai sponsorisé un concours d’essais sur le Libertarisme et le Nationalisme Racial dans The Occidental Quarterly, dont j’étais le rédacteur à l’époque, pour développer des arguments pour faciliter la conversion des libertaires. Les essais parurent dans The Occidental Quarterly, vol. 11, no. 1 (printemps 2011).
[8] Greg Johnson, “The Boomerang Generation: Connecting with Our Proletariat,” in Truth, Justice, & a Nice White Country.
[*] Allusion à un célèbre poème de Yeats sur l’insurrection irlandaise de 1916. (NDT)
[9] Pour un compte-rendu plus complet du Gamergate, voir le livre de Vox Day : SJWs Always Lie: Taking Down the Thought Police (Castalia House, 2015). Voir aussi ma recension : “Defeating the Left: Vox Day’s SJWs Always Lie,” dans Confessions of a Reluctant Hater, seconde édition augmentée (San Francisco: Counter-Currents, 2016).
[10] Gregory Hood, “For Others and their Prosperity,” Counter-Currents, 2 mai 2014 ; reproduit dans son livre Waking Up from the American Dream (San Francisco: Counter-Currents, 2016).
[11] Jared Taylor, “Race Realism and the Alt Right,” Counter-Currents, 25 octobre 2016, reproduit dans Greg Johnson, ed., The Alternative Right (San Francisco: Counter-Currents, 2018).
[12] Kevin MacDonald, “The Alt Right and the Jews,” Counter-Currents, 13 septembre 2016, reproduit dans The Alternative Right.
[13] Andrew Anglin, “Jared Taylor Throws Richard Spencer Under the Bus,” Daily Stormer, November 27, 2016.
[14] George Hawley, Making Sense of the Alt-Right (New York: Columbia University Press, 2017), p. 68.
[15] Voir Margot Metroland, “The NPI Presser: ‘What is the Alt Right?,’” Counter-Currents, 12 septembre 2016.
[16] Sur certains des opérateurs louches liés à l’Etat profond qui encouragèrent la formation de l’Altright Corporation, voir Greg Johnson, « The Alt Right Corporation and the American Deep State », Counter-Currents, 18 octobre 2017.
[17] Dans l’article de Josh Harkinson « Meet the White Nationalist Who Wants to Ride the Trump Train to Lasting Power », Mother Jones, 27 octobre 2016, Spencer est cité comme suit: « ‘Je pense encore que nous le simulons jusqu’à ce que nous le fassions’, confesse-t-il. ‘Je veux dire, d’une certaine manière, vous avez sacrément réussi à le simuler. Vous devez projeter le succès et le pouvoir et en faire en quelque sorte une prophétie auto-réalisatrice…’. Spencer n’a jamais contesté cette citation, et elle est cohérente avec son numéro d’artiste ambulant suivant lequel le modèle pour la persuasion politique est la ‘séduction’ ».
[18] Vincent Law, “Daniel Borden Did Literally Nothing Wrong,” Altright.com, 9 juillet 2017.
[19] Voir Greg Johnson, “Reply to Daniel Friberg,” Counter-Currents, 18 juin 2017 ; Omar Filmersson, “Greg Johnson Told the Truth,” Counter-Currents, 22 juin 2017 ; Alan Smithee, “Friberg Falls Back,” Counter-Currents, 25 juin 2017 ; John Morgan, “The Truth About Daniel Friberg,” Counter-Currents, 27 juin 2017.
[20] Pour plus de détails sur la stratégie d’engagement de la presse de Spencer et Matt Heimbach/Matt Parrott, voir Greg Johnson, « In Bed with the Press », reproduit plus loin [ne figure pas dans la version abrégée].
[21] https://youtu.be/h6N4VNxDT24
[22] Cité dans George Hawley, Making Sense of the Alt-Right, p. 80.
[23] Voir Greg Johnson, « La pertinence de la Vieille Droite », dans le Manifeste Nationaliste Blanc.
[24] Voir Partie 1, Le Nationalisme Blanc, composé des chapitres 2 à 7.
[25] Voir, pour le contraste, Greg Johnson, “Confessions of a Reluctant Hater”, dans Confessions of a Reluctant Hater.
[26] Voir Donald Thoresen, “Whigger Sharia,” in The Alternative Right.
[27] Voir Greg Johnson, « Birth of a Nation: On Harold Covington’s Northwest Quartet », dans In Defense of Prejudice, et « Drug Legalization in the White Republic », dans Confessions of a Reluctant Hater, une position libertaire que j’ai abandonnée à cause des conséquences catastrophiques des drogues sur les communautés blanches.
[28] Cité dans Brett Barrouquere, “Judge upholds bulk of lawsuit against alt-righters in Charlottesville after ‘Unite the Right,’ dismisses Peinovich,” Hatewatch, 10 juillet 2018.
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1 comment
La leçon de cet article est clair: nous avons besoin de davantage d’hommes scrupuleux et disciplinés pour remporter la victoire. L’élection présidentielle américaine de 2024 constituera un bon test pour évaluer le sérieux de notre mouvement.
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