Fondations du XXIème siècle: Le Siècle de 1914 de Dominique Venner
Michael O'Meara6,821 mots
English original here
Traduit par Le Fauconnier
Une lecture Nationaliste Blanche de l’ouvrage de Dominique Venner:
Le Siècle de 1914: Utopies, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle, Paris, Pygmalion, 2006
« Recréer une nouvelle aristocratie est l’éternelle tâche de tout projet révolutionnaire. » – Guillaume Faye
Au début du XXe siècle, les peuples d’origine européenne régnaient sur le monde. Ils représentaient un tiers de sa population, occupaient la moitié de sa masse continentale, contrôlaient l’Afrique, l’Inde, l’Asie du Sud-Est et certaines parties de la Chine côtière; leur industrie et leur technologie, ainsi que leur philosophie, leur science et leur art, ne connaissaient pas de rival; le monde était à eux et eux seuls.
Un siècle plus tard, tout a changé : les peuples d’origine européenne étaient tombés à moins de 9 % de la population mondiale ; leurs terres étaient partout inondées de non-Blancs; leur industrie et leur technologie sous-traitées à des ennemis potentiels; leur État, leur système social et leurs médias pris en charge par des étrangers parasites; et, au sens démographique le plus profond, ils étaient confrontés à la perspective proche de l’extinction biologique.
Pour comprendre cette inversion catastrophique, il faut comprendre la période qui en est responsable. Nous avons la chance qu’après une vie d’étude de ses mouvements clés, Dominique Venner, notre plus grand historien identitaire, ait entrepris de tracer ses contours biopolitiques.
Avant le Déluge
En tant que période historique (plutôt que chronologique), le XXe siècle commence en 1914, avec le début de la Première Guerre mondiale, dont l’assaut dévastateur sur l’existence européenne a ébranlé le continent dans chacune de ses fondations, détruisant non seulement son ancien régime, mais inaugurant ce qu’Ernst Nolte appelle la «guerre civile européenne» (1) de 1917-45 ou ce que certains appellent la «guerre de Trente Ans» de 1914-45.
Car, au milieu de ses tempêtes de feu et d’acier ont émergé quatre idéologies rivales – le libéralisme américain, le communisme russe, le fascisme italien et le national-socialisme allemand – dont chacune avait pour ambition de remodeler l’ordre d’après-guerre selon son propre plan de salut collectif. Notre monde, soutient Venner, est le produit de ces ambitions controversées et du système idéologique – le libéralisme – qui a prévalu sur ses rivaux.
Avant la guerre de 1914, les idéologies politiques manquaient de ferveur « religieuse » par rapport à leurs homologues du XXe siècle. L’Europe était alors davantage qu’un assortiment géographique de différents peuples et États identifiés à des croyances politiques différentes. Il constituait une bio-civilisation unique (une Nation-Race), dont les variantes ethnonationales incarnaient des facettes alternatives de l’héritage génétique et spirituel légué par les Grecs, les Aryens et les Cro-Magnons.
Il n’y a pas un seul grand phénomène vécu par un peuple européen qui n’ait pas été vécu aussi par les autres: de la culture mégalithique à l’âge de pierre, de la chevalerie médiévale à la montée du nationalisme.
Durant l’époque moderne, les liens de sang et d’esprit liant les différentes nations européennes prirent une forme institutionnelle dans le système étatique westphalien de 1648, qui, à l’exception de la période révolutionnaire (1789-1815), limita leurs nombreuses guerres et conflits à des disputes familiales.
La plus grande victime de ce que les contemporains appelaient la Grande Guerre fut la destruction de ce système – et des élites aristocratiques qui en étaient l’incarnation.
À la veille de la guerre, l’aristocratie représentait encore ce corps historique dont la fonction était de commander, de combattre et de protéger. En fait, sous une forme ou une autre, elle avait toujours dominé la vie européenne – du moins depuis les Aryens, cette ramification de la race blanche dont l’existence était fondée sur le primat du « noble ».
Fondée sur la propriété attachée aux permanences de la famille, de la tradition et du rang, l’aristocratie d’avant-guerre ressemblait peu à la classe dirigeante héréditaire décadente décrite par l’historiographie libérale. Pour Venner, elle incarnait un idéal-type (2), un état en constant renouvellement imprégné par l’esprit d’honneur, de devoir et de loyauté envers ce qui était le plus élevé dans l’existence blanche. En tant que tel, cet idéal-type caractérisait l’essence de son peuple, associant la noblesse à ceux qui font passer les intérêts de leur peuple avant les leurs (3).
À l’exception de la France républicaine et de la Suisse, tous les États monarchiques et impériaux d’avant-guerre de l’Europe étaient gouvernés par des aristocrates dont l’esprit prussien exaltait la simplicité, l’austérité, le devoir et l’incorruptibilité politique.
Contre les accusations de nivellement formulées par les libéraux et les démocrates, Venner souligne le caractère dynamique, moderniste et cordial de l’aristocratie – opposé essentiellement aux sociétés démocratiques bourgeoises, qui subordonnent le monde entier à l’argent (le royaume des Juifs).
Cataclysme
En 1914 personne ne comprenait vraiment le type de guerre dans laquelle les Européens s’étaient lancés. Tous les états-majors s’attendaient à un engagement court et décisif comme les « guerres de cabinet » des XVIIIe et XIIe siècles – sans se rendre compte qu’il pourrait ressembler à la guerre de Sécession américaine (4), dont les dernières étapes anticipaient la « guerre de seconde génération » de 1914 (une génération de guerre basée sur une puissance de feu massive, où « l’artillerie conquiert, l’infanterie occupe »).
Bien qu’au commencement il s’agissait d’un conflit traditionnel entre États rivaux, sous l’effet de l’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique en 1917 la guerre avait été transformée non seulement en une mobilisation industrielle et sociale d’une ampleur sans précédent, mais aussi en une croisade idéologique entre régimes démocratiques et autoritaires.
Pire encore, les croisés démocratiques ne laisseraient pas la guerre se terminer comme les guerres européennes précédentes avaient pris fin, lorsque le jus publicum europaeum du système westphalien atténuait les conflits entre Blancs et assurait l’intégrité des États rivaux (5). En l’absence de cette noble retenue, l’Europe fut mutilée en son centre : neuf millions de combattants avaient été tués, les empires Hohenzollern, Habsbourg et Romanov avaient éclaté, et une plus grande hécatombe était en préparation pour la prochaine génération.
Dans la lueur de cet holocauste, Woodrow Wilson, le champion américain d’un « démocratisme » anti-aristocratique et anti-européen, se hissa sur les décombres de l’Ancien Monde pour proclamer un nouvel ordre fondé sur la gouvernance libérale, le libre marché et le principe égalitaire selon lequel l’individu souverain a préséance sur la communauté, la culture, l’histoire et (dans le temps) la race — un ordre dont le principe sous-jacent reposait sur la règle de l’argent — et, bien que Venner ne le dise pas, sur les Elus de l’argent.
L’insurmontable accord de paix wilsonien de 1918-1919 s’effondra assez tôt, mais il fut accéléré, dans certains cas provoqué, par ses rivaux idéologiques. Car la démocratie ploutocratique de Wilson n’est pas restée sans opposition. En Russie, les communistes proposèrent une version plus radicalement égalitaire de son utopie libérale, une version dont les méthodes diffèrent des principes de marché de l’Amérique, mais néanmoins soutenue par les mêmes engagements matérialistes sans fin nés du libéralisme des Lumières. En Allemagne et en Italie, un européisme défensif donna lieu à des idéologies plus ouvertement anti-libérales pour défier l’éthique anti-Aryenne ou Juive du capitalisme américain et du communisme russe.
Dans cet esprit, les fascistes de Mussolini appelèrent à un État fort exaltant « l’autorité, l’ordre et la justice » pour unir les producteurs et les soldats italiens dans un destin national libre des forces meurtrières de l’individualisme libéral et du collectivisme communiste. De façon différente, les nationaux-socialistes hitlériens se battirent pour un ordre racial, une Volksgemeinschaft (6), pour renverser le Diktat (7) de la paix wilsonienne, repousser l’assaut des marxistes (8) sur le corps et l’esprit de la nation, et ramener l’Allemagne à sa place légitime sur la scène mondiale. Malgré leur politique plébéienne-césarienne, ces deux mouvements, s’opposant aux subversions anti-blanches des wilsoniens et des léninistes, agirent dans un esprit semblable aux anciennes aristocraties guerrières d’Europe, dont la tradition exaltait le pouvoir personnel au service du but régalien.
Le démocratisme wilsonien
L’histoire de Venner se concentre sur la lutte de l’entre-deux-guerres entre le libéralisme, le communisme, le fascisme et le national-socialisme. L’accent de cette lecture est le démocratisme libéral de Wilson, dont la «mission» était de défendre la démocratie ploutocratique de l’entreprise capitaliste américaine, alors qu’il s’efforçait, dans le même temps, de nettoyer l’ardoise historique de ses accessoires européens (en particulier allemands et catholiques).
Le démocratisme en croisade de Wilson est issu de la souche puritaine dominante de la tradition nationale américaine.
Ayant installé leur Nouvel Israël loin de l’Europe moralement compromise qu’ils avaient fui et ayant identifié leur élection avec le succès économique, les puritains ne se sont pas définis en termes de porteurs du sang et de l’héritage de leurs ancêtres, mais (une fois que l’esprit du capitalisme submergea leur éthique protestante) en termes de « poursuite du bonheur » lockéen – dont la notion même était étrangère à tout sens d’histoire et de destin. Une telle forme hébraïque du christianisme a imprégné les wilsoniens avec la croyance que leur système était non seulement plus vertueux que celui des autres peuples, mais qu’il les avait rendus immunisés contre leurs défauts.
(Bien que formellement sudiste (9), l’approche de Wilson envers l’Europe suivit les pas antérieurs des élites yankees du Nord-Est, dont le puritanisme sécularisé, sous la forme d’un humanisme unitarien / évangéliste social, avait motivé leur assaut centenaire contre les pratiques religieuses et raciales du Sud américain.)
Le choc entre les valeurs aristocratiques et démocratiques – entre l’Europe et l’Amérique – reflétait, bien sûr, un affrontement plus profond. Venner l’explique en s’appuyant sur Prussianisme et socialisme d’Oswald Spengler (1919), qui soutient que la Réforme du XVIe siècle a produit deux visions opposées du christianisme protestant – le calvinisme des Anglais et le piétisme luthérien des Allemands.
La vision allemande rejetait la primauté de la richesse, du confort et du bonheur, exaltant l’esprit aristocratique du soldat et la probité que cet esprit nourrissait dans la bureaucratie prussienne. Les protestants anglais, en revanche, privilégiaient la richesse (signe d’élection) et les libertés extérieures nécessaires à sa poursuite. D’où sa transformation en une « religion » sécularisée, individualiste et surtout économique, chaque individu ayant le droit d’interpréter le Livre à sa propre lumière et donc de justifier tout ce qu’il voulait pour réussir.
Compte tenu de l’influence de l’Angleterre sur la formation de l’Amérique, Venner voit un processus analogue à l’œuvre aux États-Unis. Au vingtième siècle, ce processus a pris la forme d’une variante du calvinisme axée sur l’argent, dont l’impulsion a été d’émanciper les projets puritains/juifs/libéraux/de nouvelle classe qui ont été un fléau pour l’existence blanche au vingtième siècle : ces projets proposent une rupture avec le passé, la destruction des identités historiques et la création d’un monde nouveau où tout était possible – un monde nouveau où Jérusalem prend le pas sur Athènes, où la Fraternité de l’Homme est proclamée avec une conviction ethnocidaire, avec l’Amérique célébrée comme l’anti-Europe.
Armés de la sorte, les wilsoniens entreprirent de détruire les anciens empires et aristocraties d’Europe qui en constituaient la charpente.
Le Nouveau Monde
L’ accord de paix wilsonien (fondée sur le mensonge de la responsabilité exclusive de l’Allemagne dans le déclenchement de la Première Guerre Mondiale) laissa l’ordre traditionnel en ruines, mais, plus grave encore, il installa les Européens sur les rails du train qui les emmènerait vers des catastrophes futures, principalement la Seconde Guerre mondiale (1939-45) — qui les soumettrait à l’occupation soviétique et américaine et à un système judéo-sociétal visant à les dépeupler par la reprogrammation de leurs mœurs et mentalités, la déconstruction de leur pensée et de leur art, la décolonisation de leurs empires asiatiques et africains, et finalement l’ouverture de leurs portes au tiers-monde. Ainsi,la destruction de l’héritage aristocratique de l’Europe fut en effet le prélude à l’assaut qui s’ensuivit sur son sang et son esprit.
Avant l’entrée des États-Unis dans la nouvelle guerre mondiale déclenchée par les échecs de la paix wilsonienne, la promulgation de la Charte de l’Atlantique (août 1941) appela à une autre croisade libérale. Dans cet esprit, les principes démocratiques de la Charte prévoyaient un ordre d’après-guerre fondé sur des intérêts communs, le commerce anglo-américain et la démocratie libérale, qui posèrent les fondements du système anti-Blanc actuel. En tant qu’alliance combinant les idéaux les plus élevés des démocratistes et des intérêts plus réalistes, la coalition dirigée par les États-Unis (les « Nations Unies ») visait à détruire non seulement le nazisme allemand, mais aussi la nation allemande, dont l’esprit prussien réprimait tout ce que les wilsoniens représentaient
La « croisade d’Eisenhower en Europe » fut donc menée avec une férocité inconnue dans l’histoire européenne. Les deux puissances extra-européennes, les États-Unis et l’Union soviétique, s’engagèrent idéologiquement à déraciner ce qui restait de l’héritage vivant de l’Europe. Leur croisade « antifasciste » visait surtout à criminaliser les pouvoirs des pays de l’Entente et les valeurs européennes qu’ils incarnaient.
Les procès de Nuremberg à la suite de la guerre constituera l’exemple le plus frappant de cette croisade anti-européenne, mais les efforts des Alliés pour traquer, faire taire ou tuer leurs opposants du temps de guerre et niveler l’ordre intrinsèquement anti-égalitaire de l’Europe l’étaient tout autant (En France seulement, 600 000 personnes furent emprisonnées à la suite de la « Libération » et plus de 40 000 furent sommairement exécutées.).
Brisée, démoralisée, occupée, l’Europe de 1945 était mûre pour la rééducation. La croisade coupable des puissances occupantes serait particulièrement efficace pour surmonter la résistance à la nouvelle utopie libérale, même après que les anciens alliés se soient lancés dans leur soi-disant guerre froide (1947-1989).
De façon révélatrice, les démocratistes américains se montrèrent qualitativement plus subversifs que leurs homologues russes, plus conscients sur le plan racial (10). Dans la moitié ouest de la copropriété US-SU de l’après-guerre, la culpabilité de l’Allemagne vaincue fut étendue à toute l’Europe occidentale et centrale. (Dans le langage de nos petits frères et sœurs Noirs, le péché originel est maintenant devenu « une chose blanche ».) On attendait désormais des Européens qu’ils fassent pénitence pour avoir été puissants et créatifs, pour avoir fondé des empires, pour avoir privilégié le rang, la noblesse et la bravoure, mais surtout pour avoir été des Blancs ayant favorisé leurs propres intérêts aux dépens des Juifs et autres non-Européens. L’idée même d’une identité blanche ou européenne serait, en fait, traitée ci-après comme une pathologie.
Le Japon, en revanche, n’a pas souffert d’une telle culpabilité, non seulement parce qu’il l’a moins expérimentée, mais aussi parce que la culture japonaise a refusé d’accepter l’image que lui imposait les vainqueurs. La culpabilité des Européens a été si efficace non seulement en raison de la puissance incontestée des occupants, mais aussi parce qu’elle a convergé avec un christianisme sécularisant (un judéo-christianisme?), dont le Concordant avec le royaume de César a maintenant cherché à transformer l’Europe de l’ancienne confiance de soi en une forme de dégoût de soi. L’« ironie » de cette culpabilité (si l’ironie est bien le mot) était que la culpabilité présumée des Européens était une fraude : ils n’avaient pas le monopole des soi-disant « crimes contre l’humanité ».
(Les bombardements anglo-américains de civils et la destruction aveugle des grandes villes d’Europe, les transferts massifs de population, les campagnes de famine organisées, les horreurs sans précédent associées à Hambourg, Dresde, Tokyo, Hiroshima, Nagasaki – rien de tout cela n’a affecté l’équilibre anti-européen de la justice alliée ou n’a amené des criminels de guerre russes, anglais ou américains dans les registres de tribunaux) (11).
La cage de fer
Après la guerre froide, dans laquelle les Européens ne furent que des spectateurs, une nouvelle vision de l’Histoire fut programmée pour la consommation populaire: une histoire de l’Europe du XXe siècle déclamée en termes de lutte pour la cause de la Sainte Démocratie, avec son utopie de marché de prospérité générale, les libertés illimitées de sa vie privée, les gloires de la culture de masse sémitique de ses occupants, et son mélange arc-en-ciel de diverses races et cultures.
En conséquence, l’économie dirigée des Soviétiques et la société totalitaire contrôlée ont cédé la place après 1989 non pas à l’utopie, mais à un système animé par les forces de la consommation de masse, de la bureaucratie, du spectacle et du sexe. Car bien que les méthodes des démocrates diffèrent de celles des communistes, eux aussi aspirent à un paradis économique sans race et, à cette fin, ont maintenant recours à des mesures totalitaires pour criminaliser, diaboliser ou pathologiser quiconque s’oppose à leurs subversions.
En 1920, dans son livre le plus célèbre (12), Max Weber soulignait qu’une modernité soumise uniquement aux critères économiques du marché engendre une rationalisation impitoyable de la vie humaine – ce qu’il appelait « la cage de fer ». Venner soutient que depuis 1945, Washington a imposé sa version de la cage de fer à l’Europe.
Cela a été particulièrement le cas dans l’Union européenne (UE). Bien que l’idée d’unification soit ancienne (13), les héritiers de Wilson ont favorisé un modèle axé non seulement sur la rééducation démocratique de l’Europe, mais aussi sur sa transformation en protectorat économique américain, étroitement intégré dans les super-structures transnationales que Washington et New York ont mises en place au cours de la guerre froide.
Le plan Marshall, par exemple, dictait une plus grande coopération économique et une plus grande intégration centrée sur le commerce international réglementé par les États-Unis, tandis que Jean Monnet, le principal architecte du « marché commun », un initié de Wall Street, s’affirmait comme l’ami des intérêts bancaires juifs de New York.
Puis, après l’entrée de l’Amérique dans l’UE en 1972, la Grande-Bretagne, les démocrates locaux de l’Europe (« le Parti américain » qui gouverne l’Europe depuis 1945) se livrèrent entièrement au projet libéral, transformant l’Europe en une zone de libre-échange soumise à des considérations purement économiques. Dans cet esprit, ils définissent maintenant l’Europe en termes anti-politiques (c’est-à-dire libéraux-libertaires), indifférents à toutes ses barrières historiques, traditionalistes et nationales qui entravent les impératifs du mélange des races que leur impose leur règne monétaire.
Venner désigne l’ordre mondial né du wilsonisme post-1945 sous le terme de « cosmocratie ». La ploutocratie cosmopolite de cette cosmocratie, qui est devenue mondialement hégémonique après l’effondrement du communisme, rend l’État-nation obsolète, dénationalise ses élites et mélange racialement des peuples et des cultures incompatibles au nom d’une humanité abstraite, quantitativement définie, indifférente à la survie des peuples européens.
Héritier du cosmopolitisme inhérent au libéralisme, ainsi que de l’internationalisme communiste et de la distorsion judéo-chrétienne de l’identité blanche, la culpabilité collective utilisée depuis 1945 pour manipuler la conscience européenne reste l’un des soutiens les plus importants de la cosmocratie.
Car pour détourner la critique et étouffer la résistance, les libéraux et les ex-communistes (dont la principale distinction est leur indifférence à la race, à sa reproduction sélective (14) et à toutes les ascriptions qualitatives résistantes à la conception judéo-libérale de la démocratie) n’ont qu’à faire appel à leurs lois «anti-haine» et à leurs «droits de l’homme» pour faire taire quiconque conteste leur règne inquisitorial.
Après avoir été rendus coupables de l’Holocauste, du colonialisme et d’autres soi-disant formes de racisme, on s’attend maintenant à ce que les Européens ouvrent leurs bras aux déchets du tiers-monde surpeuplé. L’invasion colorée qui transforme actuellement l’Europe oblige progressivement les Européens à s’éveiller face ce qui leur arrive et à prendre des mesures, aussi timides soit-elles à ce stade, vers la Reconquête de leur patrie en péril.
Pourtant, pas un membre de leurs élites dirigeantes « démocratiques » — ces exécuteurs sanguinaires de cette superstructure transnationale dont l’esprit hébraïque défend les intérêts des Bilderbergers et des Trilatéraux, des partis établis, des MSM, des ONG et des universités, dont le bras directeur est le système bancaire à prédominance juive dont le siège est à New York, et dont la principale orientation géopolitique est l’axe Washington-Londres-Tel Aviv — n’a la moindre compréhension de ce qui se déroule sous leur nez même, apparemment inconscient ou indifférent à ce que l’importation de millions d’Africains et d’Asiatiques signifie pour l’Europe.
Heureusement pour le reste clairsemé de l’Europe (et c’était un petit reste qui a reconquis l’Espagne), la cosmocratie crée une crise d’une telle proportion massive qu’elle est susceptible de provoquer un effondrement catastrophique qui donnera aux Blancs une dernière chance de reprendre le contrôle de leur destin.
Le commencement qui se dresse devant nous
Les Européens après 1945 sont entrés en dormition, perdant toute conscience de ce qu’ils étaient en tant que peuple.A l’instar des Allemands la première Guerre de Trente Ans (1618-1648), leurs trente ans de dépenses de sang les ont laissés totalement épuisés, les forçant à quitter la scène historique et à se jeter dans les bras de tout ce qui menace aujourd’hui leur existence.
La dormition, cependant, n’est pas la mort. Cela semble particulièrement vrai dans la mesure où l’utopie des démocrates repose sur des fondations de plus en plus incertaines. Ses échecs objectifs, je pense qu’il est juste de le dire, s’imposent de plus en plus à la conscience collective, tandis que, subjectivement, les nations européennes autrefois intimidées et battues commencent progressivement à rejeter l’agenda cosmopolite des démocrates, alors que les partis nationaux-populistes se moquent de l’autorité du régime établi. La rébellion de mai 2005, au cours de laquelle les Français, puis les électeurs néerlandais, rejetèrent le projet de constitution de l’UE – et le firent contre toutes les forces concertées du système existant – fut une sorte de vengeance sur mai 1945 et sur la vision judéo-libérale d’une Europe indifférente au sort de son patrimoine génétique et culturel. D’autres rébellions, plus significatives, ont également commencé à se faire jour (15).
Aussi mauvaises que soient devenues les choses, il y a donc encore des raisons d’espérer. Venner souligne que l’histoire ne s’arrête jamais (16) – les guerres ne sont jamais gagnées de manière décisive(17). Fukuyama avait à peine proclamé « la fin de l’histoire » – le triomphe incontesté du modèle de marché wilsonien de l’ordre mondial – que le Choc des civilisations de Huntington prédisait que la fin des conflits idéologiques de la Guerre froide conduirait à des conflits encore plus apocalyptiques (18).
Peu de défaites sont donc irrémédiables, mais seulement tant que les vaincus restent héroïques : car notre vision du passé (notre vision de ce que nous étions) façonne inévitablement ce que nous allons devenir. Cependant l’étude de Venner n’est pas un plaidoyer pour l’optimisme béat, mais pour la prudence et la circonspection. Tous les Européens de bonne lignée, affirme-t-il, ne peuvent qu’admirer l’héroïsme téméraire d’Homère Achille, mais le plus grand héros homérique est Ulysse — Ulysse aux mille ruses (19), qui a utilisé toute sa patience et son ingéniosité afin de regagner son foyer.
Historiquement, la résistance, la reconquête et la renaissance sont l’œuvre ulysséenne de petits groupes liés par l’ascèse des anciens ordres militaires et inspirés par une volonté d’action, de pensée et de décision. Ce n’est pas un hasard si les luttes menées par de tels groupes créent de nouvelles aristocraties, car la guerre est la plus impitoyable des forces sélectives (20). C’est cette méthode, croit Venner, qui nous permettra de reconquérir nos terres et tout ce que nous étions autrefois.
Alors que les Européens entrent dans le XXIe siècle, une seule chose semble claire : l’avenir ne ressemblera pas au présent. En coulisses déjà patiente l’inimaginable. Mais bien que l’Histoire soit le lieu de l’imprévisible (21), les forces de la culture, de la race et du passé ne cessent de peser sur le destin d’un peuple, car elles se croisent avec les circonstances actuelles pour influencer le cours de l’avenir. En cela Venner trouve l’espérance. Car son Europe (qui existe depuis 30.000 ans) est l’Europe dont l’esprit lutte pour la prépondérance du noble.
Vanguard News Network-le 21 février 2007.
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Notes de Le Fauconnier:
(1):Ernst Nolte, La Guerre civile européenne (1917-1945) : national-socialisme et bolchevisme, Paris, Édition des Syrtes, 2000. Traduit de l’allemand par Jean-Marie Argelès ; préface par Stéphane Courtois. Réédition : Paris, Librairie Académique Perrin, collection « Tempus », 2011.
(2):On doit le concept d’idéal-type au sociologue allemand Max Weber (1864-1920).
D’après Wikipédia: «L’idéal-type est un outil méthodologique de sociologie défini par Max Weber. Un idéal-type est un type abstrait, une catégorie, qui aide à comprendre ou théoriser certains phénomènes, sans prétendre que les caractéristiques de ce type se retrouvent toujours et parfaitement dans les phénomènes observés. Un idéal-type vise ainsi à bâtir un modèle d’un phénomène social et reflète donc aussi une perspective liée au but de ce modèle.»
Par exemple, l’idéal-type du capitaliste, serait, d’après Weber, le protestant calviniste (cf. son ouvrage L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme, 1905). On voit bien qu’il s’agit d’une exagération car il a aussi existé , à l’époque de Weber, des capitalistes catholiques et, surtout, des capitalistes juifs.
Sur la part prise par les Juifs dans le développement du capitalisme, lisez: Werner Sombart, Les Juifs et la vie économique (1911), traduit de l’allemand au français par le Dr S. Jankélévitch, 1923 ; rééd. Éditions Saint Rémi (2005); Kontre Kulture (2020).
(3): Sur la notion de noblesse, le lecteur voudra bien se reporter aux ouvrages conseillés par Venner:
-Ellery Schalk, L’Epée et le sang, une histoire du concept de noblesse, 1500-1650 (Champ Vallon, Paris, 1996).
-Martin Aurell, La noblesse en Occident, Vème-XVème siècle (Armand Colin, Paris, 1996).
-Jean Meyer, Noblesses et pouvoirs dans l’Europe d’Ancien Régime (Hachette, Paris, 1973).
-Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse (Fayard, Paris, 1998).
Venner met a lui-même montré la permanence de la noblesse dans l’histoire européenne dans les chapitres 7 («Imaginaire arthurien et chevalerie») et 8 («Royauté féminine et amour courtois») de son Histoire et traditions des Européens. 30 000 ans d’identité (Le Rocher, Monaco, 2002, 3ème édition en 2013).
(4): Dominique Venner a écrit deux livres sur l’histoire de la guerre de Sécession américaine: Le Blanc Soleil des vaincus : L’épopée sudiste et la guerre de Sécession, 1607-1865 (La Table Ronde, 1975, réédité par Via Romana en 2016 avec une préface d’Alain de Benoist) et Gettysburg (Le Rocher, Paris et Monaco, 1995). Nous recommandons également La Guerre de Sécession (1861-1865) de James M.McPherson, ancien professeur d’histoire à l’Université de Princeton. Son excellente synthèse de 1004 pages a été éditée en français en 1991 par Robert Laffont dans la collection «Bouquins».
(5): Pour en savoir plus sur l’histoire du système westphalien, consultez, de l’historien Arnaud Blin: 1648, la paix en Westphalie, ou la naissance de l’Europe politique moderne, Bruxelles, Complexe, coll. « Questions à L’histoire », 2006.
Veuillez également vous procurer le n°454 de la revue L’Histoire, «La Guerre de Trente Ans (1618-1648), enquête sur une catastrophe européenne», décembre 2018 (370ème anniversaire de ces traités), pages 30 à 50.
(6): On peut traduire Volksgemeinschaft par «Communauté du peuple». Il s’agit d’un concept tiré directement de la Weltanschauung völkisch, terme qu’on peut transcrire très imparfaitement par racial-populaire.
(7): Littéralement: «chose dictée». Le terme est utilisé par les Allemands pour désigner péjorativement le Traité de Versailles de 1919.
(8): Attention, chez les Américains, le terme liberals ne désigne pas les libéraux classiques (le «libéralisme classique» désigne «la doctrine qui défend la propriété privée, une économie de marché non entravée, l’État de droit, les garanties constitutionnelles de liberté religieuse et de liberté de la presse, et des relations internationales pacifiées par le libre échange», d’après le site libéral français Contrepoints.) mais des hommes politiques et des militants de gauche, donc des marxistes.
(9): Woodrow Wilson est né le 28 décembre 1856 dans la ville Staunton située dans l’État de Virginie. Son enfance fut marquée par le désastre de la défaite confédérée. Nullement hostile aux Juifs et aux Amérindiens, Wilson méprisait en revanche les Noirs et se montra partisan du maintien de la ségrégation dans les Etats du Sud, allant lui-même jusqu’à renvoyer les employés Noirs de l’administration de Washington.
Il fit aussi un éloge, resté fameux, du Ku-Klux-Klan: « Les hommes blancs ont développé un instinct simple d’auto-préservation… jusqu’à ce qu’enfin ils fassent naître un grand Ku Klux Klan, un véritable empire du Sud pour protéger le Sud du pays » ( «The white men were roused by a mere instinct of self-preservation… until at last there had sprung into existence a great Ku Klux Klan, a veritable empire of the South to protect the southern country».
Pour en savoir plus sur le rôle du Ku-Klux-Klan en tant qu’organisation de défense des intérêts des Américains Blancs du Sud, lisez: Histoire du Ku-Klux-Klan (1865-1973) de Paul-Louis Beaujour, édité par Déterna en 2021.
(10): Ce fait historique indéniable est illustré par un article paru en 1979 dans le tabloïd Attack! (fondé en 1970 par William L. Pierce). Sous le titre «Danger pour l’Amérique: des GI’s de qualité inférieure et au moral plus bas sont peut être un plus grand danger que la supériorité numérique soviétique».
Commentant une photographie représentant une unité de parachutistes passée en revue par leurs officiers derrière leur aéronef de transport, l’auteur de l’article déclare: «Comment pouvez-vous dire que ce ne sont pas des troupes américaines? Réponse: ce sont des Blancs. Ces hommes sont des parachutistes russes. Le transport Iliouchine 76 présenté ici emportera toute une compagnie de parachutistes et son artillerie de soutien sur plus de 5 000 km. Alors que les politiciens et les maîtres des médias américains débattent du traité SALT, qui limiterait certains armements stratégiques, l’avantage soviétique sur les États-Unis sur le plan tactique ne cesse de croître. Non seulement l’armée soviétique est plus grande, mais ses troupes sont plus fortes, mieux disciplinées, plus intelligentes et plus motivées.
Les commandants soviétiques comprennent un fait essentiel que les politiciens américains n’admettrons à savoir que les soldats obtiennent de meilleures performances dans des unités racialement et culturellement homogènes. Alors que les forces armées soviétiques sont donc séparées en diverses unités ethniques, l’efficacité militaire américaine est subordonnée à l’impossible exigence de « l’égalité » raciale. L’intégration raciale a été le facteur le plus important dans le déclin du moral militaire américain.»
(11): Pour en savoir plus, on se reportera à la section du Siècle de 1914 intitulée: «les souffrances imposées au peuple allemand» (pages 329-331). Des versions anglaise et allemande du texte sont disponibles sur Counter-Currents. Pour étayer ses dires, Venner s’appuie sur la bibliographie suivante:
-Jörg Friedrich, L’incendie. L’Allemagne sous les bombes (1940-1945), Editions de Fallois, 2004.
-Antony Beevor, La chute de Berlin, Editions de Fallois, 2003.
-Heinz Nawratil, Le Livre Noir de l’expulsion. L’épuration ethnique des Allemands en Europe centrale et orientale, (1945-1948),Editions Akribeia, 2004.
(12): Il s’agit du fameux L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme (1905).
(13): Une note de bas de page de l’essai de Venner renvoie au livre du philosophe suisse Denis de Rougemont (1906-1985) qui retrace l’histoire de l’idée européenne dans Vingt-huit siècles d’Europe, Payot, Paris 1961.
(14): Le terme anglais breeding signifie reproduction ou, dans le vocabulaire de la physique nucléaire surrégénération. Dans le texte de Micahel O’Meara, les termes race et breeding se suivent sans lien apparent. Je les ai donc liés en ajoutant le pronom possessif «sa» et en ajoutant l’adjectif épithète «sélective» au mot «reproduction», car il est entendu que c’est en suivant une méthode eugénique qu’une race peut être ennoblie.
(15): Quelques exemples à l’appui de cette assertion: La Manif pour tous pour le primat du mariage hétérosexuel, l’interdiction de la PMA pour les couples homosexuels et de la GPA (2013-), le Brexit et l’élection de Donald Trump au poste de Président des Etat-Unis d’Amérique en 2016, les Gilets Jaunes à partir de 2018, et, désormais, les manifestations anti-passe sanitaire qui secouent le mandat présidentiel d’Emmanuel Macron.
(16):Venner s’appuie sur l’opus magnum de Oswald Spengler: Le Déclin de l’Occident, paru en deux volumes entre 1918 et 1922. Réfractaire à une lecture téléologique de la chronologie historique, le philosophe allemand «montre que l’histoire n’a pas de commencement de ni de fin».
Cf. la section du Siècle de 1914 intitulée: «Le pessimisme tonique de Spengler» (pages 38 -40).
(17): L’exemple parfait qui s’applique à cette assertion de Venner est le retrait des forces de l’OTAN d’Afghanistan en 2021. Qui aurait cru à une victoire des Talibans en 2001?
(18):Le judaïsme, le christianisme évangélique et l’islam sont des religions qui possèdent une eschatologie leur promettant une victoire terrestre totale sur leurs ennemis. Pour en savoir plus, lisez La Guerre eschatologique de Hervé Ryssen (Baskerville, 2013).
Pour une recension critique de l’ouvrage de Ryssen, consultez l’article de Philippe Baillet: « Les “hommes qui tournent en rond” et ceux qui vont dans le mur. D’Hervé Ryssen à Gianantonio Valli », revue Tabou, volume 20, 2013. La revue Tabou est édité et diffusée par les éditions Akribeia.
(19): Il est étrange que Dominique Venner n’ait pas préféré L’Enéide de Virgile à L’Odyssée d’Homère. L’histoire d’Enée, héros troyen ayant réchappé à la destruction de cette cité et au massacre de ses habitants par les Achéens; est beaucoup plus riche en enseignements pour les identitaires Blancs que celle d’Ulysse.
D’abord, les épreuves subies par Enée sont similaires au héros grec. Les deux hommes sont comparables par leur endurance face à l’adversité.
Cependant, alors qu’Ulysse se contente de regagner son foyer, retrouvant sa femme et son fils, Enée accomplit une œuvre promise à une très longue postérité, car le héros troyen, par ses exploits et sa détermination,va rendre possible la résurrection de la race de Priam vouée à l’extinction par les Achéens et la déesse Junon (Héra chez les Grecs). Bien des années plus tard, cette race régnera sur un empire allant des îles Britanniques jusqu’à l’Egypte.
D’après Maurice Rat (1891-1969), traducteur et préfacier d’une version de l’Enéide éditée en 1965 par Garnier-Flammarion, Enée «est l’ancêtre de la gens Julià et le prototype des vertus romaines. La qualité de son courage guerrier est celle du Romain: il n’est point bouillant, impétueux, emporté, il est discipliné, réfléchi et prudent, prescrivant à ses compagnons d’employer la tactique romaine, qui est de s’abriter dans des murs et de refuser le combat en rase campagne, ne se battant lui-même que lorsque les dieux lui en ont donné l’ordre ou lorsqu’il a été provoqué; au demeurant énergique, tenace, animé de cette invincible et patiente opiniâtreté à laquelle tant de chefs romains durent de vaincre l’ennemi et de triompher des destins contraires. Il se bat non par vengeance, non par désir de domination, mais par devoir, et pour introduire dans le Latium les dieux d’Ilion dont il est le gardien. «La ville de Troie a péri, écrit Fustel de Coulanges, mais non pas la cité troyenne; grâce à Enée, le foyer n’est pas éteint et les dieux ont encore un culte…Voilà ce qui devait singulièrement éveiller l’intérêt des Romains. Dans ce poème, ils voyaient, en eux, leur fondateur, leurs croyances, leur empire; car sans ces dieux la cité romaine n’existerait pas.»
Il y a beaucoup de vrai dans cette assertion de Fustel, et l’on comprend que, préfigurant non seulement les consuls, mais encore les pontifes de Rome, le héros de l’Enéide n’est pas la fougue d’Achille: il est le pieux «Enée». Pieux d’abord à l’égard des divinités, qu’il prie, qu’il consulte et honore sans cesse, leur sacrifiant selon les rites, comme tout bon Romain;
leur obéissant toujours, même quand il lui faut, sur leur ordre, se séparer de son plus cher amour. Pieux aussi à l’égard de son père, qu’il a sauvé de
l’incendie de Troie, qu’il écoute en soldat respectueux et discipliné, soit qu’Anchise interprète un songe, soit qu’il donne un ordre de départ; auquel il rend, une fois qu’il est mort, les suprêmes devoirs familiaux. Pieux encore à l’égard du petit Iule-du petit Iule «grandissant»-qui continue et maintient sa race et qui porte avec lui les destinées romaines. Enée enfin est pieux envers les autres hommes respectant les règles du droit et de l’honneur, modéré, clément, chevaleresque, ayant gardé des épreuves le goût de la mesure et le sens de l’humain.
Ceux qui ont trouvé que le héros de l’Enéide manquait de couleur et de relief, et qui lui ont préféré un bravache comme Turnus, n’ont rien compris à l’art de Virgile, qui a osé faire du protagoniste de son poème un personnages en demi-teintes, fortement et finement caractérisé et non point tout d’une pièce. Ils n’ont point pris garde, par exemple, qu’Enée n’était pas le même avant et après sa descente aux Enfers: ballotté auparavant par les flots et les événements, incertain, irrésolu, vacillant, le voici, après l’initiation reçue de son père mort, fortifié de savoir tout d’avance, assuré et grave, comme un chef qui vit dans l’avenir et qui connaît que le présent le prépare. Dans la maîtrise réfléchie d’Enée, après
son entrevue avec Anchise, il y a quelque chose de la maîtrise d’Auguste, faite de la vue claire du but à atteindre et de la préparation précise des moyens.
Autour d’Enée, des personnages secondaires, comme Turnus, ardent, vaillant et probe, mais peu maître de lui et trop peu soumis aux volontés des dieux, ou, comme Mézence, emporté et dépourvu de piété, font avec le héros troyen un contraste achevé ou un demi-contraste. Plus jeunes qu’Enée, plus vifs, aussi braves et moins sages, Pallas, puis Nisus et Euryale, héroïque paire d’amis, représentant la «vertu romaine» des juniores, tandis que le vieil Evandre, avec Latinus et Aceste, qui affrontent le destin avec une bonne volonté émouvante ou une souriante dignité, incarnent celle des seniores, concourant tous d’ailleurs au dessein national du poème.»
Enée personnifie donc les sept attributs du mos majorum (littéralement: «coutume» ou «moeurs de ancêtres»).
Ces sept attributs sont les suivants :
I-la fides : fidélité, respect de la parole donnée, loyauté, foi, confiance et réciprocité entre deux citoyens ;
II-la pietas : piété, dévotion, devoir envers les divinités romaines ; envers les membres de sa famille;
III-la majestas : majesté, dignité, sentiment de supériorité naturelle, provoqué par l’appartenance à un peuple élu ;
IV-la virtus : qualité propre au citoyen romain, courage, activité politique ;
gravitas : ensemble des règles de conduite du romain traditionnel, respect de la tradition, sérieux, dignité, autorité ;
V-la constantia : le fait de s’en tenir à ses décisions (la stabilité) ;
VI-frugalitas : la frugalité, la modestie, la tempérance, la simplicité.
C’est ce code de lois non-écrites qui a fait la grandeur de Rome, lui permettant de passer du stade de petite bourgade du Latium à celui de plus grand empire politique qu’ait jamais connu le monde antique. Ses conquêtes militaires n’auraient pas été rendues possibles sans une production ininterrompue de grands chefs: Scipion l’Africain, Sylla, Pompée, Jules César, Auguste (archétype du restaurateur politique), Nerva, Trajan, Antonin Le Pieux et Marc-Aurèle («l’âme la plus noble qui ait vécu» d’après Hippolyte Taine). Inspirons-nous donc des vertus énéennes pour stopper le génocide de la race Blanche et lui assurer un avenir glorieux.
(20): L’idée de la guerre comme sélection des meilleurs est exprimée en termes lumineux par Saint-Loup dans son livre Les Partisans. Choses vues en Russie,1941-1942. (Denoël,1943; Art et Histoire d’Europe,1986; Irminsul,2000).
Citation: «(…) tous les hommes ne sont pas qualifiés pour faire la guerre. Et je continue de partager l’opinion des pacifistes sur le caractère général et obligatoire de la guerre et de la mobilisation. La guerre est un privilège
des mâles, l’état guerrier est l’expression suprême de la volonté de sacrifice, le combat est la meilleure et la plus impitoyable sélection des aristocraties. On parlait autrefois de la «fleur de la chevalerie française», toutes les élites qui charpentèrent notre fier Moyen-Âge furent un produit de la sélection par la guerre. Dans les ruineuses mobilisations générales,
l’homme du commun ne peut avoir la conscience de son combat, il est poussé vers le sacrifice par une morne obligation administrative et ce sacrifice ne peut avoir ni utilité ni grandeur. On meurt beaucoup plus facilement pour des idées, elles-mêmes génératrices de conception de vie, que pour du fer, du charbon, du pétrole. De ce point de vue la Légion des Volontaires contre le bolchevisme marquera une date dans l’histoire de notre pays: la renaissance du volontariat de la guerre. La modicité de nos effectifs, la rareté des volontariats idéalistes mesure l’étendue du mal qu’un siècle de confort et d’éducation bourgeoise a fait à notre pays.
Méprisé par les uns, haïs par les autres, indifférents à la plupart des Français, nous sommes quelques-uns qui avons repris une des grandes traditions historiques, celles des croisades. La première idée croisée fut panhellénique. Elle naquit au congrès de Corinthe en 336 avant Jésus-Christ, lança Alexandre Le Grand et toute la Grèce à la conquête de l’Asie.
Mais ce sont surtout les croisades de la chrétienté, issues du concile de Clermont, en 1095, qui découvrent les riches perspectives d’une association des peuples européens en vue d’une entreprise commune. La croisade politique de l’évêque du Puy Adhémar de Monteil, du comte de Toulouse, de Raymond de Saint-Gilles, et la croisade populaire de Pierre l’Ermite, réunirent les grandes armées internationales du continent.
Elles partirent du nord et du midi de la France, de la Belgique wallonne et flamande, du Saint-Empire et du Royaume des Deux-Siciles. Les croisés se rassemblaient sous la dénomination commune de Francs, ce mot ayant le sens de l’unité carolingienne, quand Gaule, Germanie, Italie, ne formait qu’un seul empire sous l’égide de l’Église romaine. Comme toute légion, chaque croisade avait sa part d’aventuriers et de vagabonds qui saccagèrent Semlin en territoire hongrois, et Nisch en territoire byzantin.
Mais quelle grandeur, quelle passion de l’aventure, quel mépris de la mort chez ces hommes qui pillaient les tentes turques devant Antioche après la fuite de Kourbouga, s’élançaient à l’assaut de Nicée, malgré la défense de Pierre l’Ermite, se faisaient mettre en pièces, laissant aux Turcs vingt-deux mille cadavres et prisonniers, sur vingt-cinq mille combattants!
Il y a quelque chose dans notre geste légionnaire qui rappelle ces temps fabuleux qui virent naître la culture occidentale…»
Je recommande également un article de Dominique Venner publié dans la Nouvelle Revue d’Histoire (n°37, juillet-août 2008, dossier central: «L’Espagne de la Reconquista») et intitulé: «Guerre et masculinité» (pages 33-34). Pour Venner, la cause est entendue: «Pour dire les choses en un mot, l’effacement de la guerre à l’horizon de notre histoire a entraîné dans toutes les sociétés européennes la disparition de la masculinité et l’envahissement de la féminité.»
(21): Thème abordé par Venner dans un livre-entretien réalisé avec Pauline Lecomte et intitulé Le Choc de l’Histoire: Religion, Mémoire, Identité, Versailles, Via Romana, 2011.
Une traduction anglaise de ce livre a été réalisée en 2015 par Charlie Wilson pour le compte des éditions Artkos. Cette version est précédée d’un avant-propos du philosophe paléo-conservateur Paul Gottfried.
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1 comment
There is tremendous insight in this moderate length review of what is probably a fascinating book by the great Venner. I strongly recommend that all non-French readers check out the English version. America’s aggressive, race-denying liberalism has indeed turned out to be a greater threat to the West than Soviet communism (not that the latter was anything but despicable, too).
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