Le secret du Véda selon Aurobindo

[1]

Aurobindo Ghosh, 1872–1950

741 mots

English original here [2]

De 1914 à 1916, le périodique Arya [3] [en sanskrit signifie noble] — imprimé à Pondichéry en un nombre limité d’exemplaires et maintenant quasiment introuvable — publia une série d’essais de Srî Aurobindo [4] sur le secret du Véda. Ces essais ont été réédités en un volume sous le même titre, Le secret du Véda [5] (Cahiers du Sud, 1954) [réédité par Fayard en 1975].

Ces essais tentent d’éclairer l’enseignement caché des Védas [6], en partant de l’idée qu’ils contiennent des mythes susceptibles d’interprétation spirituelle. Il est évident que l’objectif principal d’Aurobindo est de contester l’interprétation matérialiste qui prévalait chez de nombreux érudits indianistes à l’époque où ces essais ont écrits. Selon une réception bien établie, les Védas traiteraient avant tout de la projection superstitieuse d’un caractère divin sur les phénomènes et les forces de la nature, des prières des conquérants indiens pour s’assurer pouvoir, richesse et prospérité, ainsi que des reflets mythifiés des luttes des Aryens contre les peuples indigènes des territoires dans lesquels ils avaient pénétré.

Contre cette approche, qui n’est plus si largement acceptée aujourd’hui, Aurobindo avait la tâche facile. Tout mythe, autrement dit toute structure traditionnelle des origines, présente de par sa nature de multiples aspects, de sorte qu’il admet toujours aussi, en puissance ou en fait, une interprétation spirituelle. L’intention d’Aurobindo est de contester l’existence d’un véritable hiatus entre la phase védique “naturaliste” de la tradition hindoue et sa phase philosophique et métaphysique ultérieure, qui se concrétise surtout dans les Upanishads. Son interprétation, à partir de nombreuses observations finement détaillées et exposées, de certains épisodes typiques et de quelques-uns des hymnes védiques, nous montre comment, sous l’habillage mythique, cette doctrine secrète de l’éveil spirituel et de la nature supérieure de l’être conscient, qui devait constituer le centre de la doctrine des Upanishads, était déjà contenue dans les Védas.

Néanmoins, notre impression est qu’en partie Aurobindo est passé d’un excès à un autre. Alors que l’école naturaliste ne considérait que les aspects extérieurs et rudimentaires des Védas, Aurobindo pour sa part insiste peut-être trop sur leur aspect intérieur, comme si le reste n’était qu’une forme contingente, aboutissant ainsi sur un plan trop unilatéralement spiritualiste. À notre avis, lorsque les traditions concernant les origines, y compris les Védas, sont examinées, nous devrions adopter un point de vue plus global ; c’est-à-dire qu’il faut considérer que le cosmique et le spirituel sont intimement liés, dans la mesure où, selon la formule heureuse de Mircea Eliade [7], pour l’homme au temps des origines « la nature n’a jamais été naturelle », et dans les représentations matérielles et les vicissitudes réelles un sens supérieur et caché a été inclus, parfois de manière instinctive comme un pressentiment, parfois délibérément de manière à fortifier l’activité d’une élite. Mais cela ne doit pas nous conduire à ignorer l’aspect “cosmique” en privilégiant une interprétation purement “psychologique”.

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Un autre point sur lequel nous ne pouvons tout à fait suivre Aurobindo est sa tendance à atténuer l’antithèse entre l’héritage spirituel des Aryens et celui des civilisations aborigènes de l’Inde pré-aryenne.

Par contre un chapitre très important est le cinquième, car il nous donne la clé d’une nouvelle ligne de recherche. Il esquisse quelques principes systématiques dans le domaine de la philologie. Ici aussi, il s’agit de plusieurs significations. Il existe des expressions verbales originales, se référant avant tout aux racines des mots, indiquant pour ainsi dire une “tendance” ou une “structure élémentaire”, qui, selon les circonstances, est susceptible de se traduire en des significations appartenant à des plans très différents, qu’ils soient matériels ou spirituels. Cela donne lieu, par adaptation et spécification, à des expressions qui, objectivement, en raison de ces différences de plan, peuvent paraître sans rapport, alors qu’elles sont associées par d’intimes analogies.

Un exemple donné par Aurobindo est aswa, dont le sens habituel est cheval mais qui est aussi utilisé comme symbole du prana, la force vitale. Sa racine peut également suggérer, entre autres, les notions d’impulsion, de pouvoir, de possession et de jouissance. Ces différentes notions sont associées dans la figure du destrier afin d’en décrire les traits caractéristiques du prana. L’importance, d’un point de vue systématique et épistémologique, de reconnaître cet état de fait est évidente. Aurobindo l’a constaté à propos de l’analyse de certaines expressions védiques ; mais une extension de ce principe, si elle est élaborée par des savants qualifiés, ne peut manquer d’ouvrir des horizons nouveaux et intéressants pour la science de la religion en général.

Julius Evola, recension parue dans la revue East and West n°2/1955.

Source: Vouloir Archives EROE [10]

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