Trois piliers de la politique identitaire blanche, Partie 3 :
L’amour des siens

[1]2,839 words

English original here [2]

Partie 1 [3], Partie 2 [4]

“C’est ce que nous sommes” est l’argument final de la politique identitaire. “Qui nous sommes” est un composé de parenté et de culture. Mais l’identité est politiquement impuissante si un peuple n’est pas prêt à s’affirmer, à prendre parti pour son propre camp dans un combat. Ainsi le troisième pilier de la politique identitaire blanche doit être cet esprit combatif.

Dans sa République, Platon divise l’âme humaine en trois parties : la raison, qui recherche la vérité ; le désir, qui recherche les nécessités de la vie ; et ce qu’on peut appeler l’esprit combatif ou esprit d’équipe (thumos), qui se préoccupe de l’amour des siens et d’une capacité à combattre pour eux.

Platon et Aristote identifièrent le thumos comme la partie spécifiquement politique de l’âme parce que le thumos divise le monde en nous et eux, en intra-groupe et extra-groupe. Au XXe siècle, le grand philosophe politique allemand Carl Schmitt affirma que le concept même du politique [1] vient de la division entre nous et eux, ami et ennemi.

Le désir et la raison, par contre, sont implicitement anti-politiques parce qu’ils nous unissent plutôt que nous diviser. En dépit de différences de langue, d’histoire et de culture, nous désirons tous fondamentalement les mêmes nécessités de base. La raison, de plus, recherche la vérité, qui est objective et universelle, signifiant vraie pour la totalité d’entre nous.

Lorsqu’on parle de son honneur, de sa famille ou de sa patrie, on a un sentiment de propriété différent de celui qu’on a lorsqu’on parle de ses biens. Vous possédez vos biens, mais vos biens ne vous possèdent pas. La relation entre le propriétaire et ses biens est à sens unique, pas mutuelle ou réciproque. Mais notre honneur, notre famille ou notre patrie ne sont pas des choses externes, des objets que nous pouvons ramasser ou rejeter avec désinvolture. Ils font partie de nous. Ils nous définissent. Ils ne sont pas aliénables. Nous leur appartenons autant qu’ils nous appartiennent.

La Théorie de la Similarité Génétique explique les racines biologiques de l’amour des siens. Nos gènes égoïstes cherchent à se perpétuer dans le futur. Mais cela ne conduit pas à un individualisme purement égoïste, parce que nos gènes sont présents dans d’autres gens, donc pour nos gènes il est avantageux que nous estimions les autres, que nous sympathisions avec eux, et dans certains cas que nous nous sacrifions pour eux. Mais nos gènes ne sont pas également répartis dans tous les autres gens. Nous partageons plus de gènes avec nos proches qu’avec des étrangers, avec nos compatriotes qu’avec des étrangers, et avec des membres de notre race qu’avec des membres des autres races. Par conséquent, il est naturel que nous préférions ceux qui sont génétiquement “les nôtres” à ceux qui sont génétiquement différents.

Préférer les gens qui sont culturellement “les siens” plutôt que les étrangers est aussi tout à fait compréhensible. La vie est courte, et les interactions sociales sont pleines de risques et d’incertitude. Il est plus facile de comprendre des gens qui partagent votre langue, vos coutumes et vos valeurs, de leur faire confiance,  de coopérer avec eux, ou simplement d’être détendu avec eux. Ainsi, les autres choses étant égales, il est logique de préférer les gens qui partagent notre culture.

Dans mon discours Politique identitaire blanche : inévitable, nécessaire, morale, j’ai dit qu’il n’y a rien d’immoral dans l’amour des siens. Ici, je veux répondre à quelques objections basées sur les idées de vérité objective et de mérite objectif.

L’amour des siens signifie valoriser quelque chose en se basant simplement sur sa relation avec vous. L’amour des siens dépend inévitablement de ce que l’on est. Mais ne devrions-nous pas préférer ce qui objectivement vrai et bon à ce qui est simplement à soi ? La réponse dépend du contexte.

L’amour des siens – spécifiquement sous la forme du nationalisme ou d’autres formes de foi partisane – est inapproprié pour déterminer la vérité des faits historiques objectifs ou des théories scientifiques. En termes platoniciens, les vérités objectives sont le domaine de la raison, pas du thumos. Quand le thumos s’introduit d’une manière impérialiste dans le domaine de la raison, l’objectivité est menacée.

Il est inévitable que nous investissions nos égos dans nos idées, mais la différence entre un visionnaire obstiné et un idiot vaniteux est en fin de compte déterminée par des faits objectifs.

Il est également inévitable que le sentiment national influence l’approche de quelqu’un envers la science et l’histoire. Mais les nationalistes deviennent risibles lorsqu’ils promulguent des fausses histoires : les Grecs ont volé leur civilisation et la doivent à l’Afrique, l’irlandais est la langue originelle du Jardin d’Eden, un Brésilien a inventé l’avion, et toute la série des mythes des inventions noires. Nous devons aussi rejeter les formes extrêmes de relativisme comme les concepts des “mathématiques faustiennes” ou de la “physique bourgeoise”.

Mais la raison peut aussi être impérialiste. L’idée même du cosmopolitisme est une construction rationaliste. Les anciens philosophes grecs de la nature croyaient que la nature est uniforme à travers l’espace et le temps, mais la culture ne l’est pas. Puisque les Grecs respectaient la permanence et dédaignaient le changement, les philosophes de la nature aspiraient à être des citoyens de la nature immuable plutôt que des fragiles cités des hommes. Ainsi, Diogène de Sinope, le premier cynique, déclara que le cosmos était sa polis [cité], qu’il était un citoyen du monde (kosmopolités). Comme je le dis dans What’s Wrong with Cosmopolitanism? [5]” [“Qu’est-ce qui ne va pas avec le cosmopolitisme ?”], il n’y a pas de véritables citoyens du monde, mais l’idée cosmopolite est tout de même utilisée comme un acide pour affaiblir les liens du thumos qui soutiennent les véritables communautés [2].

Il n’y a pas de contradiction nécessaire entre maintenir l’objectivité de la vérité et les préférences naturelles pour les siens, incluant les restrictions sur les frontières et l’immigration. Avant tout, si nous limitions seulement l’immigration aux gens possédant des connaissances et des compétences spécialisées, cela la réduirait à presque rien. Parce que les vérités sont objectives et que les idées sont idéales, elles peuvent traverser les frontières toutes seules. Elles n’ont pas besoin d’immigrants pour les véhiculer.

Même la transmission des compétences du maître à l’apprenti n’est pas un argument en faveur de l’immigration, mais simplement pour les voyages. On peut étudier à l’étranger avec un maître, ou des maîtres peuvent passer du temps à l’étranger pour transmettre leurs compétences.

L’un des arguments les plus communs que les Occidentaux gâtés et stupides avancent en faveur de la diversité et de l’immigration est leur désir d’une grande variété de restaurants ethniques. Bien sûr les restaurants représentent seulement une infime fraction de l’immigration. Mais nous pouvons importer des recettes, des compétences et des ingrédients sans importer des gens.

[6]

You can buy Greg Johnson’s Manifeste Nationaliste Blanc here [7].

Et à propos du mérite objectif ? Une forte préférence pour son propre peuple conduirait naturellement à peu ou pas du tout d’immigration. Mais un pays ne devrait-il pas vouloir les meilleurs docteurs, scientifiques, ingénieurs et hommes d’affaires, quel que soit l’endroit d’où ils viennent ? Alors pourquoi ne pas ouvrir ses frontières aux meilleurs ?

Avant tout, cet argument n’est pas valable pour l’immigration de masse. Si nous parlons vraiment des meilleurs dans un domaine quelconque, cela signifie que nous parlons d’un très petit nombre de gens, pas de millions. Une immigration strictement basée sur le mérite éliminerait presque toute l’immigration aujourd’hui, dont le gros est constitué de gens de faible compétence, de cas sociaux, et de réfugiés.

Au-delà de cela, l’accès aux meilleurs n’est même pas un argument en faveur de l’immigration. C’est simplement un argument pour le voyage. Peu importe où il vit, le meilleur chirurgien dans le monde ne peut vivre que dans un seul pays, peut-être deux, ce qui signifie que le reste du monde doit venir à lui de toute façon. Donc pourquoi ne devrait-il pas vivre dans son pays natal ? Et s’il voyage vers ses patients, c’est simplement un voyage professionnel, pas de l’immigration.

De plus, si l’on ne parle pas vraiment des meilleurs dans une profession, mais de gens qui sont simplement suffisamment bons pour celle-ci, alors sûrement chaque pays du Premier Monde a déjà un nombre suffisant de gens qui sont suffisamment bons pour être des docteurs, des avocats, des scientifiques, des ingénieurs et des hommes d’affaires. Nous savons cela parce que beaucoup de ces pays sont devenus des pays du “Premier Monde” sans le bénéfice de l’immigration, qualifiée ou non-qualifiée. En fait, beaucoup d’entre eux connurent une émigration massive au moment même où ils devinrent des puissances modernes.

Au-delà de cela, les pays du Premier Monde devraient-ils vraiment importer des professionnels hautement qualifiés des pays pauvres dans le monde ? Comment pouvons-nous nous attendre à ce que ces pays s’améliorent ? N’y a-t-il pas quelque chose d’absurde à voir les pays du Premier Monde importer des docteurs du Tiers Monde tout en envoyant des docteurs pour des missions médicales dans le Tiers Monde ?

Mais d’une façon ou d’une autre les Blancs sont convaincus que l’immigration nous donne accès aux meilleurs dans tous les domaines. Je ne veux pas détruire les illusions des gens, mais combien d’entre vous ont déjà employé les services des meilleurs du monde ne serait-ce que dans un seul domaine ? Combien d’entre vous ont déjà eu la moindre chance de le faire ? Le niveau moyen des soins médicaux dans les pays blancs est-il vraiment rehaussé par des docteurs du Moyen-Orient ou d’Asie du Sud ? Donc le fantôme de la méritocratie vaut-il vraiment la certitude de perdre sa patrie à cause de l’ouverture des frontières ? Spécialement quand vous voyez que les seuls gens dans vos patries qui sont suffisamment riches pour accéder aux meilleurs dans tous les domaines sont aussi suffisamment riches pour voyager afin de les trouver.

La vraie raison pour laquelle nos oligarques promeuvent l’immigration “hautement qualifiée” n’est pas le besoin de hautes qualifications, mais le désir de payer des bas salaires. Mais si Google ou Facebook ne peuvent vraiment pas trouver suffisamment d’Américains qualifiés, alors il vaudrait mieux qu’ils envoient leurs capitaux en Inde au lieu d’encourager les Indiens à venir en Amérique.

Mais pour les meilleurs produits ? Si les meilleures voitures et caméras sont fabriquées dans des pays étrangers, pourquoi ne devrions-nous pas les importer ? Bien sûr, c’est un argument en faveur du commerce, pas en faveur de l’immigration. On peut laisser circuler librement les produits mais pas les gens.

Si les meilleures voitures et caméras sont fabriquées outre-mer, on peut franchement admettre cela. Les faits sont les faits. Mais nous pouvons tout de même avoir des arguments nationalistes valables pour ne pas les acheter – ou faciliter leur achat. Par exemple, chaque pays devrait viser à produire une quantité importante de sa propre nourriture et de ses propres médicaments, en cas de famines et de pandémies mondiales. S’il en est ainsi, il est raisonnable de protéger les industries-clés locales contre la concurrence des importations étrangères.

De plus, les gouvernements trouvent de l’argent par les impôts, et tous les impôts ont des conséquences économiques et sociales, certaines bonnes, certaines mauvaises. Les taxes sur les produits importés ont des conséquences positives : elles renforcent la nation en protégeant les industries locales.

Enfin, si nous parlons vraiment des meilleures voitures ou caméras, le petit nombre de gens qui peuvent se payer les meilleures peuvent aussi payer des taxes d’importation. Encore une fois, quand des gens insistent pour défendre le libre-échange, ils ne sont pas vraiment intéressés par les meilleurs produits – que seuls les riches peuvent se payer –, mais par les produits bon marché, que tout le monde peut acheter. Souvent ces produits sont bon marché d’une façon si tentante parce qu’ils sont fabriqués par des gens pour des salaries de misère sans sécurité au travail ni les garanties environnementales qui sont normales dans les sociétés développées.

Mettre les produits étrangers bon marché au-dessus des produits de son propre pays est une autre forme d’impérialisme, celui du désir, qui corrode les sentiments collectifs qui soutiennent une société. Mais les produits bon marché sont très chers lorsqu’on calcule le coût complet de leur importation. Vous pouvez vous réjouir d’acheter des chaussures étrangères bon marché. Mais quand les fabricants locaux de chaussures font faillite, leurs employés ne pourront plus acheter les produits que vous produisez. Et puisque le pouvoir suit l’argent, à mesure que les riches s’enrichissent et que la classe moyenne s’appauvrit, la société devient moins démocratique et plus élitiste, ce qui mène à l’injustice et à l’instabilité.

En tant que consommateurs, nous poursuivons nos intérêts privés. En tant que citoyens, nous devons rechercher le bien commun. Laissées à elles-mêmes, les masses vendront leurs droits de naissance pour des babioles. Donc nous avons besoin de lois qui assurent que le bien commun passera en premier.

L’idée du mérite objectif – de la vérité objective, du bien objectif – est hautement séduisante. Elle fait sens quand nous sommes des agents rationnels recherchant la vérité et des consommateurs rationnels cherchant à satisfaire leurs besoins. Mais elle est profondément destructive pour la société lorsqu’elle s’introduit dans le domaine du thumos.

Nous n’avons pas besoin de raisons objectives pour aimer les nôtres. Nos enfants n’ont pas besoin d’être les meilleurs pour que nous les aimions. Nos patries n’ont pas besoin d’être les meilleures pour que nous les aimions. Notre race n’a pas besoin d’être la meilleure pour que nous l’aimions.

Il y a de la solitude au sommet. En termes de n’importe quelle excellence, seul un enfant peut être le meilleur. Cela signifie-t-il qu’aucun autre enfant n’est digne d’être aimé ? Par toute mesure donnée d’excellence, un seul pays peut vraiment être le meilleur. Cela signifie-t-il qu’aucune autre patrie n’est digne d’être aimée ? Dans toute catégorie donnée, une seule race est la meilleure. Cela signifie-t-il que les membres de toutes les autres races devraient se mépriser eux-mêmes ? Absolument pas.

Le national-chauvinisme et le suprémacisme racial sont de stupides caricatures de l’amour. Nous n’aimons pas nos patries parce qu’elles sont les meilleures. Nous les aimons simplement parce qu’elles sont les nôtres. Nous n’aimons pas notre race parce qu’elle est la meilleure, mais parce que c’est la nôtre. Et à la différence des chauvinistes et des suprémacistes, nous pouvons aimer les nôtres sans dénigrer les autres ni être jaloux des autres qui font la même chose que nous. En fait, nous pouvons comprendre pourquoi eux aussi aiment les leurs, et aucun des deux groupes n’a besoin de se sentir menacé par l’autre.

A-t-on besoin de faire quelque chose – à part faire partie de la famille, de la nation ou de la race de quelqu’un – pour être le bénéficiaire de l’amour des siens ? Puisque le sentiment collectif dont nous parlons est mutuel et réciproque – si notre famille, notre patrie et notre race nous appartiennent, et si nous leur appartenons –, alors l’amour que nous recevons devrait aussi être réciproque. Mais quand nous naissons, nous ne pouvons pas vraiment rendre les soins que nous recevons. Nous pouvons seulement les payer à l’avance, à la génération suivante. L’amour des nôtres est un droit de naissance que nous demandons aux autres et une obligation héritée que la génération suivante nous demande.

Rien de cela n’est visible pour le libéral moderne. L’homme moderne se voit comme un producteur-consommateur rationnel. De ce point de vue, il n’y a pas de nations. La raison et le désir embrassent le cosmos entier. Ils n’ont pas de patries. La modernité affirme que tous les hommes sont égaux, ce qui signifie que les préférences naturelles et les frontières humaines sont illégitimes.

En pratique, cela signifie que tous les hommes sont interchangeables, ce qui veut dire que vous êtes remplaçables par des étrangers. Le Grand Remplacement est simplement l’expression politique d’un aveuglement destructeur du monde, ce que Heidegger appelait l’essence de la technologie : la décision de voir le monde – ainsi que nous-mêmes – comme une simple réserve de parties interchangeables.

Les mondialistes n’ont pas réfuté le nationalisme. Ils sont simplement aveugles à nous et à nos préoccupations. Lorsqu’ils sont confrontés aux différences humaines, ils déclarent joyeusement qu’elles ne comptent pas. Les identitaires ne sont pas de cet avis. En fait, nous soulignons leur importance – et nous combattrons pour préserver nos différences.

La réponse au Grand Remplacement est simplement de dire “non”. Nous ne sauterons pas dans le melting-pot. Nous mettons notre veto au rêve mondialiste.

Appelons cela le Grand Refus. Alfred North Whitehead emprunta cette formule à Dante et lui donna une signification nouvelle : le refus de l’imagination à être limité par les faits. C’est le pouvoir de la conscience de nier ce qui est établi. Herbert Marcuse adopta cette formule pour parler du rejet d’une société de consommation déshumanisante en faveur du pouvoir libérateur de l’art.

Pour les Identitaires, le Grand Refus est la réaffirmation collective de la différence face au Grand Remplacement. Nous ne sommes pas égaux, identiques, interchangeables. C’est ce que nous sommes, et nous resterons ainsi. Vous ne nous remplacerez pas.

*  *  *

Counter-Currents has extended special privileges to those who donate $120 or more per year.

To get full access to all content behind the paywall, sign up here:

Paywall Gift Subscriptions

[8]If you are already behind the paywall and want to share the benefits, Counter-Currents also offers paywall gift subscriptions. We need just five things from you:

To register, just fill out this form and we will walk you through the payment and registration process. There are a number of different payment options.

Notes

[1] Voir Greg Johnson, “Reflections on Carl Schmitt’s The Concept of the Political,” New Right vs. Old Right (San Francisco: Counter-Currents, 2013). [Livre traduit en français sous le titre de Le nationalisme blanc, Akribéia, 2016.]

[2] Greg Johnson, “What’s Wrong with Cosmopolitanism?,” In Defense of Prejudice (San Francisco: Counter-Currents, 2017).