Pourquoi les conservateurs ne peuvent pas l’emporter

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Certains de mes meilleurs amis sont conservateurs. Je les apprécie sincèrement et je les admire pour leurs véritables vertus: pour leur sens de la propriété et de l’intégrité personnelle dans une ère de corruption, pour leur esprit indépendant et leur volonté de se tenir debout sur leurs propres pieds dans une société de plus en plus paternaliste.

C’est pourquoi j’espère que mes amis conservateurs sauront me pardonner pour ce que je m’apprête à écrire.

Un choix tragique

Il n’y a pas le moindre doute dans mon esprit, si l’on me forçait à voter de l’un ou de l’autre côté conservateur américain ou du côté de la gauche — ancienne ou nouvelle — je choisirais le conservatisme.

Fort heureusement, aucun d’entre nous ne doit faire face à un choix aussi limité. Ce serait tragique dans un grand sens, au sens spenglerien. Nous serions amenés à faire les choix du soldat romain de Spengler dont les os furent retrouvés devant une porte de Pompéi — ce soldat qui, pendant l’éruption du Vésuve, mourut à son poste parce qu’on avait oublié de le relever de ses fonctions. Nous choisirions ce qui est juste et honorable en accord avec les traditions de notre race — et nous serions certains de faillir.

Car les conservateurs ne peuvent décemment pas être victorieux dans le combat de vie ou de mort dans lequel ils sont à présent engagés. Même si leurs opposants de la gauche radicale ne peuvent pas atteindre leurs propres objectifs — oui, ne peuvent pas les atteindre, étant donné qu’ils se basent sur une conception erronée de l’Homme et de la Nature — les conservateurs se sont largement montrés incapables de prévenir la destruction de leur propre monde par ces mêmes gauchistes radicaux.

Avantage révolutionnaire

Les conservateurs ne peuvent pas gagner parce que leur ennemi est un ennemi révolutionnaire — un ennemi avec des objectifs révolutionnaires, guidé par une vision de la vie révolutionnaire.

L’avantage a toujours été — et sera toujours — du côté du concurrent prêt à passer à l’attaque, plutôt que de celui qui se contente de rester uniquement en position défensive. Et la nature élémentaire des conservateurs et des révolutionnaires détermine que l’un jouera toujours un rôle essentiellement défensif, là où l’autre jouera un rôle offensif.

Assiégés contre assiégeants

Cette dichotomie défensive-offensive ne s’applique bien entendu pas absolument à toutes les tactiques, mais elle s’applique à la stratégie. Le conservateur peut bien lancer de brèves contre-attaques — il peut bien sortir de sa forteresse pour s’en prendre à son assiégeant révolutionnaire — mais sur le long terme il reste l’assiégé, et le révolutionnaire reste l’assiégeant.

Le but du conservateur est de protéger ce qui est, ou, à l’extrême, de restaurer ce qui était encore récemment. Le but du révolutionnaire est de transformer radicalement ce qui est, ou de s’en débarrasser purement et simplement, pour le remplacer par quelque chose d’entièrement différent.

Nirvana sans race

Ainsi, le conservateur parle de «restaurer la constitution», de mettre un terme aux crimes de rue, de baisser les impôts, de combattre la propagation de la drogue et de la pornographie, de garder le Grand Gouvernement sous contrôle. Quant au gauchiste, il cherche une utopie dans laquelle il n’y aurait ni guerre, ni «répression», ni «discrimination», ni «racisme», ni limites sur la liberté d’action des individus — un nirvana sans effort d’«amour», d’«égalité» et de plénitude.

Le Pays Imaginaire

Le but du conservateur peut sembler assez raisonnable — et atteignable. Le but du gauchiste, en revanche, repose sur un pays imaginaire bien loin de l’horizon de la réalité. Et voilà précisément ce qui donne l’avantage à la gauche.

Quand le conservateur obtient une réussite mineure — avoir un «constructionniste» à la Cour Suprême, ou un Républicain à la Maison Blanche — il risque fort d’agir comme s’il avait gagné toute la guerre. Il ne voit que l’achèvement de son but, baisse sa garde, et s’installe pour profiter des fruits de sa victoire imaginaire. Mais le gauchiste n’est jamais satisfait, peu importe quelles concessions on lui fait, car ses objectifs restent toujours aussi inatteignables qu’auparavant.

Le conservateur travaille par à-coups. Il s’alarme de chaque déprédation de la gauche, mais se satisfait de pouvoir retomber sur ses pattes, regrouper ses armées et établir une nouvelle ligne de défense. Le gauchiste continue à pousser, à sonder, à avancer, à faire un pas en arrière de temps en temps, juste pour pouvoir faire trois pas en avant un peu plus tard.

Vaincu à moitié

Si le gauchiste fait de nouvelles demandes — par exemple l’intégration raciale forcée dans les écoles ou les logements — le conservateur s’y opposera en réclamant le maintien des écoles «de quartier» et la «liberté d’association». Quand se dissipera la fumée, le gauchiste aura peut-être gagné la moitié de ce qu’il aura demandé, tandis que le conservateur aura perdu la moitié de ce qu’il essayait de préserver.

Mais alors le conservateur acceptera le nouveau statu quo, comme si les choses avaient toujours été ainsi, et se préparera de nouveau à le défendre contre les attaques de la gauche, avec la même inaptitude dont il a fait preuve en défendant sa position précédente.

L’idéologie du mal

Ce changement continuel de position est un désavantage aussi grand pour les conservateurs que leur inhabilité chronique à prendre l’initiative. La gauche révolutionnaire a une idéologie, aussi diabolique et peu naturelle soit-elle, et de cette idéologie viennent l’unité et la continuité de la finalité, prérequis indispensables à la victoire.

D’un autre côté, qu’est-ce que les conservateurs peuvent considérer comme un credo de combat, un principe immuable pour lequel ils sont prêts à tout sacrifier? Ils ont été si prompts à battre en retraite ces 50 dernières années ou quelque chose comme ça qu’ils ont complètement perdu de vue le sol sur lequel ils se tenaient au départ. Celui-ci a simplement reculé à l’horizon de l’idéologie.

Les «racistes» sont radicaux

Prenez la race, par exemple. Il y a un demi-siècle des gens comme Madison Grant ou Lothrop Stoddard étaient orateurs pour la position conservatrice vis-à-vis de la race. Ils ont argué avec éloquence, bien que dans une position défensive, pour la préservation de l’identité raciale de l’Amérique en maintenant des barrières strictes contre le métissage, ont adopté des mesures fermes sur l’immigration, et ont appliqué les standards eugéniques au problème de la qualité de la population. Aujourd’hui aucun conservateur «responsable» ne serait pris avec les livres de l’un ou l’autre de ces hommes dans la bibliothèque de son salon, car d’après les standards conservateurs actuels ils sont tous les deux «racistes» — et donc «radicaux», au lieu d’être de simples conservateurs respectables.

Sauver la Constitution

Y a-t-il le moindre affleurement granitique au milieu de ces sables mouvants — le moindre sol commun sur lequel les conservateurs pourraient se rallier?

La défense de la Constitution, peut-être?

La Constitution n’existe plus, en dehors d’un bout de papier dans les Archives Nationales. Sa pertinence est devenue nulle à partir du moment où elle n’a plus pu servir les intérêts pour lesquels ses auteurs l’avaient conçue.

Assurer la tranquillité domestique et promouvoir le bien-être général sont des engagements bien différents aujourd’hui qu’il y a 200 ans. Même une portion aussi fondamentale de la Constitution que sa garantie de fer du droit du port d’armes s’est montrée aussi inutile que le papier sur lequel elle était écrite. L’interdiction explicite de la Constitution faite aux législateurs qui accordent aide et soutien à nos ennemis n’a pas non plus empêché le Sénat des États-Unis de devenir un vivier de trahison.

Le gouffre de la libre-entreprise

Qu’en est-il du sauvetage du système américain de libre-entreprise face aux machinations infernales du Grand Gouvernement?

Il se trouve que le système de libre-entreprise est resté relativement intact durant la période pendant laquelle des forces étrangères ont subverti notre gouvernement et se sont emparées de notre pays, et on ne peut pas dire que la libre entreprise les ait ralenties, ne serait-ce qu’un peu. Les gens qui ont pris le contrôle de nos plus grands journaux et de notre industrie cinématographique et de nos réseaux de radio et de télévision l’ont fait avec l’aide de la libre entreprise, plutôt qu’en dépit d’elle.

Plus que de l’économie

Ces commentaires ne devraient pas être vus comme une condamnation de la libre entreprise en soi, ni comme une dévalorisation de l’importance des problèmes économiques en général; plus d’une nation s’est ruinée par une mauvaise gestion de l’économie. Le fait est que les problèmes actuels de l’Amérique sont bien trop profonds pour qu’une quelconque réforme constitutionnelle ou économique ne puisse espérer les résoudre ou même les améliorer de façon substantielle.

Les jeunes Américains sont assez intelligents pour reconnaître ces choses par eux-mêmes, et, par conséquent, ne sont pas à blâmer pour avoir peu de larmes à verser pour la disparition de nos institutions de gouvernement ou de laisser-faire capitalisme.

Besoin de fanatiques

La gauche peut trouver pléthore de jeunes fanatiques égarés prêts à se mettre eux-mêmes en feu ou à faire exploser une station de police pour faire avancer la cause de l’«égalité» ou de la «paix». Mais l’idée de jeunes hommes et femmes assemblant des bombes dans des celliers éclairés par la bougie pour mettre un terme aux taxes sur le revenu ou aux déductions de la sécurité sociale est simplement ridicule.

Tant que les conservateurs ne peuvent offrir plus inspirant, peu de jeunes américains ne s’allieront à leurs standards.

Les deux failles du conservatisme, le manque d’esprit et d’activisme agressif et le manque d’une base idéologique clairement définie, vont de paire. L’une ne peut exister sans l’autre.

Buts ultimes

Selon les mots d’un exceptionnel leader anti-communiste: «Le manque de toute grande idée réformatrice a toujours impliqué une limitation de la force combattive. La conviction d’avoir le droit d’employer les armes les plus brutales est toujours liée à l’existence d’une foi fanatique en la nécessité de la victoire d’un nouvel ordre de choses révolutionnaire.

«Un mouvement qui ne se bat pas pour de tels objectifs et ses idéaux suprêmes ne recourra donc jamais aux moyens les plus extrêmes» . . . Et, inutile de le dire, ne sortira jamais victorieux d’un combat contre un adversaire si motivé.

Révolutionnaire contre révolutionnaire

Bien que le conservatisme ne puisse pas gagner contre la gauche, une nouvelle force révolutionnaire, avec la base spirituelle dont manque le conservatisme, et une progression plus audacieuse et déterminée que les forces de la gauche, peut gagner!

La nouvelle force révolutionnaire se construit maintenant. Ses rangs se remplissent de jeunes américains, disciplinés et réalistes.

Ayant examiné la question, ils en ont conclu qu’il leur fallait rejeter à la foi le libertinisme de la drogue et du sexe de la gauche et le libertinisme économique de la droite.

Un ordre nouveau

Ils combattent pour un nouvel ordre de vie américain, non basé sur les modes et les caprices du moment, mais sur les valeurs fondamentales de la race et de la personnalité — ces valeurs qui permirent autrefois à l’homme occidental de conquérir la terre et qui peuvent de nouveau lui permettre cette maîtrise pour le mener à la conquête de l’univers.

Ils savent que l’époque où la rhétorique ou les votes conservateurs pouvaient sauver la situation est depuis longtemps révolue. Ils comprennent que le salut de l’Amérique doit à présent venir des jeunes hommes et femmes d’esprit et de vision révolutionnaire qui en ont marre de parler et de voter et qui, à la place, travaillent pour un lendemain où ils pourront saisir les vrais ennemis de notre peuple par les cheveux pour leur trancher la gorge.