Différences sexuelles

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Dante Gabriel Rossetti, « Une vision de Fiametta », 1878

1,358 words

English original here [2]

Cet essai est extrait du livre de Michael Polignano, Taking Our Own Side [Prendre parti pour notre propre camp], disponible en version reliée, en version brochée, et en PDF à télécharger ici [3].

21 octobre 2003

Il y a quelques jours, j’ai eu une discussion mouvementée sur les différences sexuelles avec une amie à moi qui se proclame féministe. Elle est d’accord avec moi pour dire que les races diffèrent par une variété de traits et que la génétique joue un grand rôle pour former ces différences. Pourtant elle trouvait impossible de croire que les différences comportementales entre les sexes pourraient aussi avoir un fondement génétique plutôt qu’un fondement culturel.

Elle commença par décrier le « sexisme », qu’elle voit comme omniprésent dans la culture américaine (et même pire dans de nombreuses cultures européennes). Comme preuve, elle remarqua que presque toutes les principales publicités utilisent des femmes, plutôt que des hommes, pour le sex-appeal. Elle trouve ces publicités « dégradantes pour les femmes » et demanda « pourquoi n’utilisent-elles pas autant les hommes ? ». Elle exprima l’opinion que la société enseigne aux hommes à traiter les femmes comme des objets sexuels par de telles publicités, disant que « ce n’est pas surprenant que de tels hommes frappent leur femme lorsqu’ils sont mariés ». Elle exprima aussi la croyance que les attentes sociétales et les rôles sexuels traditionnels étaient « sexistes » aussi, empêchant les femmes de réaliser leur potentiel. Elle utilisa le fait que les femmes sont sous-représentées dans certains domaines comme une preuve de discrimination sexuelle et de « sexisme » au travail, m’appelant « sexiste » puisque je pensais autrement.

Plus elle continuait, plus elle devenait belliqueuse. Après avoir mentionné les violences domestiques, elle remarqua : « Je riposterais si cela m’arrivait ». Puis elle me regarda dans les yeux avec un air féroce et dit : « Tu crois que les femmes ne peuvent pas combattre ? ». Puis elle exprima un sentiment féministe dangereux et destructeur : « Quand le clonage deviendra possible, les femmes n’auront plus besoin des hommes. Nous pourrions laisser les hommes disparaître si nous le voulions. Nous serions capables de prendre soin de nous-mêmes ».

Il serait oiseux de sélectionner les défauts logiques dans son raisonnement sur le sexisme, puisqu’ils reflètent essentiellement les erreurs faites par ceux qui décrient le racisme dans la société. Sa principale prémisse, c’est-à-dire que la biologie n’a rien à voir avec les différences observées dans la représentation sexuelle, est intenable au vu de ce que la science connaît sur le sexe. Pourtant sa phrase sur le clonage m’incita à examiner davantage les différences sexuelles : spécifiquement, leurs origines, leur futur, et la manière dont la société devrait traiter le sexe et les différences sexuelles.

Sur le plan évolutionnaire, la raison pour laquelle le sexe est simplement apparu n’est pas immédiatement claire. Rechercher un partenaire prend du temps et de l’énergie, et peut accroître le risque pour le chercheur d’être tué par un prédateur. Une fois trouvé, un partenaire potentiel peut demander un effort ou un investissement supplémentaire avant d’accepter de coopérer. La relation sexuelle elle-même peut exposer les partenaires à des maladies sexuellement transmissibles. Et après tout cela, l’union peut se révéler infertile. Pourquoi ne pas éviter tous ces problèmes et ces risques, et simplement ne pas se reproduire asexuellement ?

La vision prévalente actuelle de la raison pour laquelle le sexe est apparu est appelée l’« hypothèse de la Reine Rouge ». Elle affirme que le sexe est apparu en résultat d’une « course aux armes » entre hôte et parasite : les hôtes (généralement des organismes plus grands et plus complexes) doivent continuellement s’adapter pour empêcher les parasites (généralement des organismes ou des virus plus petits ou à une seule cellule) de cibler un génotype spécifique.

Le sexe permet une variation génotypique entre parent et enfant, puisque les enfants sont génétiquement distincts de leurs parents et distincts entre eux (sauf dans le cas des vrais jumeaux). Si nous nous reproduisions d’une manière asexuelle, et si nous avions des familles composées d’individus identiques (interdisant des mutations génétiques au hasard), alors un parasite qui pourrait tuer un membre de la famille tuerait les autres tout aussi rapidement. Si l’humanité était simplement composée de grandes familles formées d’individus identiques, alors les parasites auraient un travail beaucoup plus facile.

Donc pourquoi les sexes diffèrent-ils concernant la taille, l’apparence et le comportement, non seulement chez les humains mais chez tous les autres organismes se reproduisant sexuellement ? La reproduction sexuelle place des pressions sélectives très différentes sur les femelles et les mâles. Pour le dire simplement, les œufs (ou grossesses) sont plus chers que les éjaculations. En termes plus généraux, les femelles placent généralement un plus grand investissement parental dans chaque rejeton que ne le font les mâles. « Investissement parental » fait référence au temps et à l’énergie dépensés pour créer une progéniture et en prendre soin. L’investissement parental accroît le succès reproductif d’un rejeton particulier tout en diminuant simultanément les futurs succès reproductifs des parents.

Dans plus de 90% des espèces de mammifères, les femelles fournissent des soins parentaux substantiels et les mâles n’en fournissent aucun. Un exemple extrême est celui de l’orang-outang. Après un bref rendez-vous galant, incluant environ 15 minutes de copulation, le mâle et la femelle continuent leur chemin séparément. Si une grossesse en résulte, la mère portera le fœtus pendant huit mois, donnera naissance au bébé, en prendra soin et le protégera pendant environ sept ou huit ans. Pour le père, d’autre part, le commencement et la fin de l’investissement parental se réduit à quelques grammes de semence.

Les différences sexuelles apparurent en résultat de ces exigences divergentes. Le succès reproductif potentiel d’une femelle est relativement faible, et est limité plus par le nombre d’œufs qu’elle peut produire (ou de grossesses qu’elle peut supporter) que par le nombre de mâles qu’elle peut convaincre de s’accoupler avec elle. Par contre, le succès reproductif potentiel d’un mâle est relativement grand, et est limité plus par le nombre de femelles qu’il peut convaincre de s’accoupler avec lui que par le nombre d’éjaculations qu’il peut avoir.

Ces faits permettent des prédictions concernant les différences dans le comportement sexuel des deux sexes :

Les mâles devraient être compétitifs. Si le succès reproductif des mâles est limité par l’accès aux femelles, alors nous pouvons nous attendre à ce que les mâles rivaliseront entre eux pour avoir des opportunités d’accouplement.

Les femelles devraient être sélectives. Si le succès reproducteur des femelles n’est pas limité par les opportunités d’accouplement, mais que n’importe quel accouplement peut impliquer un grand investissement parental de la part de la femelle, les femelles devraient être sélectives concernant le partenaire avec lequel elles vont s’accoupler.

La compétitivité des mâles et la sélectivité des femelles se sont manifestées dans les différences physiques et comportementales entre les sexes. Il n’est pas surprenant que les publicitaires choisissent d’utiliser les femmes plutôt que les hommes dans les publicités faisant appel au sex-appeal : les femmes, étant plus sélectives que les hommes, ne répondent pas autant aux images d’hommes attirants que les hommes ne répondent aux images de femmes attirantes. Les publicitaires font simplement ce qui fait vendre.

Le sexe existe depuis beaucoup, beaucoup plus longtemps que les quelque 140.000 années d’existence des races humaines. Que des gens affirment encore que les différences comportementales entre hommes et femmes résultent purement d’influences culturelles (ou qu’une telle croyance soit simplement apparue, étant donné l’omniprésence du sexe et des différences sexuelles dans le royaume animal) souligne simplement à quel point certains prétendus « intellectuels progressistes » peuvent être irrationnels.

Pour conclure, il faut remarquer que les sexes sont conçus pour se compléter l’un l’autre, physiquement aussi bien que mentalement. L’humanité n’est qu’à moitié complète si l’un ou l’autre manque. Ainsi, il est insensé de dire qu’un sexe est supérieur à l’autre : chacun a les qualités dont l’autre manque. La discorde entre les sexes vient d’un manque de bonne  compréhension et de respect pour ces différences. Puisque le sexe est et sera probablement toujours la forme de reproduction la plus simple, la moins chère et la plus agréable, une telle discorde (présente bien plus souvent parmi les Blancs que parmi toute autre race, et bien plus souvent parmi les individus les plus intelligents que parmi les moins intelligents) ne peut que nuire à l’avenir de la race.