Egalité Potemkine

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En 1787, le comte russe Grigori Aleksandrovitch Potemkine organisa une tournée pour Catherine la Grande dans les territoires récemment annexés en Crimée. Partout où alla Catherine, elle vit des villages remplis de paysans joyeux et prospères et conclut que tout allait bien. Les ennemis de Potemkine, cependant, l’accusèrent d’avoir trompé l’Impératrice en ayant fait construire de faux villages, des ilots de prospérité dans un paysage désolé. Depuis lors, l’expression « village Potemkine » a désigné toute fausse façade conçue pour dissimuler une réalité inconvenante.

La Discrimination Positive [Affirmative Action] est un programme « Potemkine » dans ce genre.

Ses partisans affirment que la Discrimination Positive remédie à l’inégalité raciale : spécifiquement, elle répond au fait que les Noirs, les Hispaniques et les Indiens américains sont « sous-représentés » au sommet de la société américaine (dans l’enseignement supérieur, les professions libérales, les classes supérieures, etc.) et « surreprésentés » en bas de la société (dans les emplois manuels et de service, les quartiers pauvres, les prisons, etc.).

Ils affirment que tous les groupes ethniques seraient « représentés » à tous les niveaux de la société en proportion de leur pourcentage dans la population, s’il n’y avait pas une « discrimination » insidieuse de la part des Blancs. Si les Noirs sont 12% de la population, alors ils devraient aussi être 12% parmi les médecins, les juristes et les professeurs d’université, et pas plus de 12% parmi les meurtriers, les violeurs, et les voleurs. Toute divergence est attribuée au racisme blanc. Les Blancs excluent les Noirs des écoles supérieures simplement parce qu’ils sont noirs, et ils mettent les Noirs en prison simplement parce qu’ils sont noirs. Et c’est la même chose pour les Hispaniques et les Indiens américains.

Si je ne nie pas qu’il y a une part de vrai dans une telle discrimination, une quantité d’indications suggère que cela n’explique pas tout, ni même la plupart des problèmes rencontrés par les Noirs et d’autres groupes raciaux.

Avant tout, le Congrès interdit la discrimination manifeste dans les années 60. Mais il devint bientôt clair que la réussite noire ne viendrait pas toute seule. Ainsi la Discrimination Positive, c’est-à-dire la discrimination manifeste en faveur des Noirs, fut adoptée.

Deuxièmement, la discrimination raciale n’empêcha jamais les Juifs, les Chinois, les Japonais et les Indiens d’Asie d’être « surreprésentés » au sommet de la société américaine et « sous-représentés » en bas de la société (et inversement, en dépit de l’argent et des efforts investis dans la Discrimination Positive, dans Head Start, et dans d’autres programmes, ils ne sont pas suffisants pour empêcher les Noirs et d’autres groupes raciaux d’échouer).

Troisièmement, la théorie de la discrimination ignore simplement l’explication génétique de l’inégalité. Un vaste éventail de preuves scientifiques indique qu’en moyenne, les Noirs sont génétiquement moins intelligents et plus enclins à la violence que les Blancs. Donc même s’il n’y avait aucune discrimination anti-Noirs, les Noirs seraient quand même « sous-représentés » dans les écoles supérieures et « surreprésentés » dans les prisons.

Les égalitaires ignorent les explications génétiques parce que les gènes ne peuvent pas être changés (du moins avec la technologie actuelle), mais les institutions sociales peuvent l’être – en supposant que nous donnions au gouvernement assez d’argent et de pouvoir pour se mêler de nos vies. Si l’inégalité génétique est reconnue comme la cause principale de l’inégalité sociale, alors « l’industrie de l’égalité » – et ses légions de bureaucrates, de dorloteurs, de fabricants d’excuses, de laveurs de cerveau, et de tyrans – deviendrait inutile.

Donc les égalitaires vont jusqu’à des extrêmes absurdes pour éviter les explications génétiques. Ils ajoutent continuellement de nouveaux épicycles à l’immense appareil grinçant du constructivisme social. Une semaine nous entendons dire que la faible réussite noire s’explique par les faibles attentes des enseignants (les enseignants tendent à attendre des performances élevées des Asiatiques – et certains Asiatiques disent que cela constitue une forme d’oppression). La semaine suivante ils expliquent la faible performance noire par le fait que les parents noirs parlent moins à leurs enfants que les parents blancs (en Californie, l’Etat fait même une campagne de publicité pour persuader les Noirs de parler à leurs enfants). La semaine d’après, ils l’expliquent par des déficiences en « micro-éléments nutritifs » (vos impôts vont aussi rectifier ce problème).

Mais acceptons l’argumentation égalitaire pendant une minute. Oublions les notions d’égalité procédurale et légale. Oublions les coûts sociaux du fait qu’on ne forme pas les meilleurs gens possibles pour devenir médecins et juristes. Acceptons simplement que les races sont égales par nature. Acceptons que les causes de l’inégalité sont entièrement sociales, et que ces causes peuvent être changées. La Discrimination Positive ne suffit toujours pas, parce que la Discrimination Positive ne change toujours aucune des causes supposées de l’inégalité. Même selon des standards égalitaires, c’est un échec.

Quand un Noir avec un score SAT de 900 est admis dans une faculté à la place d’un Blanc avec un score SAT de 1.200, nous n’avons pas créé un monde libéré de la mauvaise volonté blanche qui maintient soi-disant les Noirs en bas. La Discrimination Positive crée davantage de mauvaise volonté blanche. La Discrimination Positive ne crée pas un monde dans lequel les enfants noirs obtiennent tous les « micro-éléments nutritifs » et les soins parentaux et les hautes attentes et la qualité d’éducation que les enfants blancs obtiennent, afin que les Noirs et les Blancs puissent rivaliser pour les admissions dans les écoles supérieures sur un plan d’égalité. Non, tout ce que la Discrimination Positive crée est un monde qui semble être un monde où les causes d’inégalité auraient été éliminées, un monde d’égalité Potemkine.

Face à l’imposture de la Discrimination Positive, les égalitaires nous disent qu’en égalisant les revenus sociaux, nous égaliserons finalement les facteurs qui causent l’inégalité. En changeant l’effet, nous changerons la cause. Et même, en truquant l’effet, nous changerons la cause. Bref, ils ont recours à la magie.

Mais les bénéficiaires de la prospérité artificielle de la Discrimination Positive n’aideraient-ils pas leurs enfants à combler le gouffre de la réussite ? Il n’y a pas de preuves à l’appui de cette théorie. Même dans des environnements identiques, les Noirs et les Hispaniques performent régulièrement moins bien en moyenne que les Blancs et les Asiatiques. Les enfants des Noirs riches performent quand même moins bien que les enfants blancs de toutes les classes sociales.

La Discrimination Positive ne peut créer que l’illusion de l’égalité. Ainsi les échelons supérieurs de notre société deviennent un village Potemkine de plus en plus peuplé de non-Blancs qui, quels que soient leurs mérites réels, ont été promus un rang ou deux au-dessus de ces mérites du fait de leur race. La télévision et les films montrent un monde de fantaisie rempli de blondes stupides et de médecins, de juristes, de juges, d’inventeurs et de génies de l’informatique noirs. Mais derrière la façade se dissimule une vaste réalité misérable de fausses promesses, de faux espoirs, et de mensonges complets sur la race – tous basés sur le refus d’accepter l’inégalité raciale comme un fait naturel.

14 octobre 2003