Avant-gardisme, « avant-tardisme », et  « majoritisme »

Hermann Anton Stilke, Joan of Arc, 1843 [1]

Hermann Anton Stilke, Jeanne d’Arc, 1843

2,502 words

English original here [2]

L’éternel débat entre les « avant-gardistes » [vanguardists] nationalistes blancs et les « majoritistes » [mainstreamers] fait à nouveau rage sur Alternative Right [3] et dans The Daily Stormer. Je pense que la discussion serait clarifiée en introduisant une troisième catégorie : « avant-tardisme » [vantardism], qui est une combinaison de « vanguard » et de « retard » et qui désigne les formes stupides et contre-productives d’avant-gardisme – un avant-gardisme qui nous retient en arrière au lieu de nous entraîner en avant [1].

Vanguardism vient du mot « vanguard » (français avant-garde), qui désigne la pointe avancée  d’une formation militaire. En termes nationalistes blancs, l’avant-gardisme est l’engagement à conduire notre peuple vers une société nationaliste blanche, à tirer le courant majoritaire dans notre direction. Il requiert à la fois de la métapolitique et de la politique franche et directe : changer la manière dont les gens pensent et changer la direction politique de la société.

Mais le cœur de l’avant-gardisme est métapolitique, ce qui signifie que les avant-gardistes pensent que certains principes et certains buts politiques sont absolus et non-négociables. Et parce que nous ne céderons pas sur ces principes, nous devrons persuader le reste de la société de penser comme nous. Une minorité rationnelle doit accepter nos principes comme des vérités ; une minorité plus large doit les accepter comme des articles de foi ; la majorité doit les accepter parce que nous apporterons logiquement la prospérité, la sécurité, et la paix ; et une minorité réticente de dissidents devront les accepter parce qu’ils n’auront simplement pas le choix.

Pour moi, il y a quatre absolus politiques :

  1. Les Européens constituent une race distincte, la race blanche. Donc être français ou allemande ou suédois ou grec ou italien ou irlandais, c’est aussi être blanc. Par conséquent, aucune forme non-raciale de nationalisme civique, linguistique, culturel ou religieux n’est suffisante pour défendre les peuples européens. Parce que des non-Blancs peuvent être citoyens des pays européens, parler des langues européennes, partager la culture européenne, et professer le christianisme, toute forme de nationalisme qui ne peut pas distinguer de tels gens des Blancs ne peut pas sauver notre race.
  2. La race blanche est menacée de simple extinction biologique [4], en comparaison de quoi toutes les autres questions politiques sont des distractions insignifiantes. C’est seulement en reconnaissant la nature absolue et biologique de la menace que nous pourrons définir une solution réelle et créer le sérieux moral [5] nécessaire et l’urgence à la mettre en œuvre.
  3. La seule solution défendable à la menace de l’extinction blanche est le Nationalisme Blanc : la création de patries blanches homogènes pour tous les peuples blancs, ce qui nécessitera la modification des frontières politiques et la réinstallation massive des non-Blancs [6].
  4. Les Juifs ne sont pas des Européens. De nombreux Juifs ont du sang européen, mais ils ont une conscience distinctement non-européenne, qui définit leurs origines, leurs  intérêts et leur destin en contradiction avec les Européens. Cela signifie qu’il y a un conflit inévitable entre les intérêts et l’identité des Juifs et des Européens. De plus, il y a une longue histoire d’hostilité et de malveillance juives envers les Européens, qui a parfois – mais pas toujours – été reconnue et rendue. Finalement, bien que les Nationalistes Blancs peuvent débattre sans fin sur la responsabilité relative des Juifs concernant la condition périlleuse de l’humanité blanche, il ne devrait pas y avoir de débat sur le fait que la communauté juive organisée est l’ennemi principal – pas le seul ennemi, mais l’ennemi principal – de chaque tentative pour stopper et inverser l’extinction blanche. On ne peut pas vaincre un ennemi qu’on ne veut pas nommer. Par conséquent, le Nationalisme Blanc est inévitablement anti-juif.

C’est une liste plutôt courte d’absolus politiques non-négociables. Mais si notre race veut survivre, nous ne pouvons pas abandonner ces principes, donc nous devrons simplement leur rallier les gens de notre peuple.

En termes de plateformes et de propagande politiques, le principe 1, la composante raciale de l’identité européenne, et le principe 3, la nécessité de réinstaller les non-Blancs pour créer des patries blanches, sont les plus essentiels. Le message constant devrait être : « Nous [Anglais ou Finlandais ou Français] sommes en train de perdre nos patries au profit d’envahisseurs non-blancs, et nous devons les renvoyer [là d’où ils viennent] ».

Ni la menace d’extinction blanche mondiale ni le problème juif ne devraient être niés. Ce sont des principes essentiels, après tout. Mais politiquement, ils sont quelque peu obscurs et ésotériques. Ce sont plus des pierres de touche que des sujets de conversation. Ils devraient être débités quand c’est nécessaire, de la manière la plus désinvolte et la plus assurée possible. Ils devraient être les bustes inamovibles brillant avec autorité en arrière-plan, toujours visibles pendant que les politiciens martèleront sans cesse des variantes des principes 1 et 3.

Le « majoritisme » [mainstreaming] n’est pas seulement l’usage d’astucieuses techniques de communications. Personne n’objecte à cela. Le « majoritisme » est intolérable simplement parce qu’il entraîne l’abandon de tous ces principes essentiels. Le British National Party sous Nick Griffin abandonna le rapatriement des non-Blancs et la « blanchitude » [2] de l’identité britannique. Le Front National sous Marine Le Pen a abandonné le rapatriement des non-Blancs et la « blanchitude » de l’identité française. Je suis sûr que Griffin aussi bien que Marine reconnaîtraient qu’au niveau mondial, la race blanche est sur le chemin de l’extinction. Mais localement – politiquement –, ils ont abandonné le combat pour la préservation blanche. Et il n’y a même pas besoin de demander à des gens aussi tortueux des réponses franches concernant le problème juif, puisque pour lui faire face il faut autant de courage que pour les trois autres questions combinées.

Et concernant la politique nationaliste blanche dans des pays qui interdisent des partis qui rendent explicites les appels à l’identité raciale, ou les appels explicites au rapatriement des non-Blancs, ou la référence explicite au problème juif ?

Avant tout, de tels partis peuvent choisir de demeurer silencieux sur ces questions pour des raisons politiques, mais chacun devrait quand même savoir où il se situe. Et pour s’assurer de cela, ils ne peuvent pas seulement laisser les autres les accuser d’hérésie. Ils doivent aussi offrir un flot continu de martyrs pour la vérité.

Ensuite, il ne devrait y avoir aucun doute dans l’esprit des gens que de tels partis ont l’intention de changer le système par tous les moyens nécessaires. S’ils ont le droit de parler librement et de rechercher le pouvoir par des canaux politiques légaux, ils le feront. Mais, de crainte que leurs ennemis n’envisagent d’emprisonner leurs dirigeants ou d’interdire leurs partis entièrement, ils doivent présenter une menace crédible de violence. S’il y est obligé par le système, peut-être que chaque parti politique nationaliste blanc devrait être prêt et disposé à suivre l’exemple des communistes et à passer immédiatement à la lutte armée. Un parti qui présente une menace crédible de violence disciplinée, soutenue et efficace est moins facile à interdire d’emblée. Qui désire enlever celui qui retient la bouche de l’enfer ?

J’ai traité en détail l’argument contre le « majoritisme » [7] dans un autre article. En résumé, les « majoritistes » ont raison de souligner que nous devons communiquer avec les gens de notre peuple tels qu’ils sont maintenant. En tant qu’avant-gardiste, je reconnais pleinement que nous ne changerons jamais la pensée des gens de notre peuple et que nous n’attirerons jamais le courant majoritaire dans notre direction tant que nous ne communiquerons pas avec eux d’une manière efficace. Nous devons donc être maximalement flexibles et pragmatiques en créant des messages nationalistes blancs qui soient attrayants pour chaque électeur blanc. Nous devons coloniser toutes les nuances du spectre politique avec des alternatives amicales aux Blancs [White-friendly], de sorte que quel que soit le parti gagnant, les intérêts blancs soient sacro-saints. Notre but est une hégémonie [8] intellectuelle et politique sur tout le spectre, afin de pousser le courant majoritaire vers des politiques nationalistes blanches.

Mais nous n’attirerons jamais le reste du monde dans notre direction si nous abandonnons aussi notre direction, c’est-à-dire nos principes directeurs. L’erreur du « majoritisme »est d’abandonner des principes essentiels au nom d’un attrait politique plus large. C’est du  défaitisme, parce qu’au lieu de conduire le courant majoritaire, nous laissons le courant majoritaire nous conduire. Et tout le courant majoritaire politique est en train de couler vers l’extinction blanche. Pourquoi ? Parce que l’ennemi a une avant-garde [9] aussi – une avant-garde qui n’a pas abandonné ses principes – une avant-garde qui tire régulièrement le courant majoritaire dans sa direction.

L’« avant-tardisme » [Vantardism] accepte les quatre principes essentiels exposés plus haut : mais échoue à les communiquer efficacement à cause de deux erreurs.

D’abord, les « avant-tardistes » s’entêtent à associer le Nationalisme Blanc à ses mouvements de la Vieille Droite [10] non-reconstruits, particulièrement le national-socialisme allemand, qui sont des obstacles pour persuader notre peuple aujourd’hui. Il y a un demi-siècle, George Lincoln Rockwell avait du moins une justification pour de telles tactiques, mais avec l’expérience, même lui commençait à s’en éloigner à l’époque de sa mort.

Colin Liddell [3] est très éloquent dans sa consternation devant une attitude aussi contre-productive :

« Imaginons une scène, si vous voulez : Vous vivez dans une ville du nord de l’Angleterre dans une période précédant des élections législatives au Royaume-Uni. Récemment l’UKIP a fait quelques incursions, et le Parti travailliste est suffisamment inquiet pour se lancer dans du porte-à-porte électoral, donc on frappe à votre porte. Surgit alors votre candidat travailliste, mais au lieu de parler de préserver le Service de Santé national ou quelque autre sujet rassurant et attrape-votes, il commence à faire l’éloge du grand homme Pol Pot et de la brillante manière dont il a conduit toute cette racaille bourgeoise cambodgienne vers les Champs de la Mort. Et concernant ces fermiers soutenant les libéraux-démocrates, il suggère que la meilleure façon de les traiter serait de refaire l’Holodomor dans les vallées du Yorkshire, etc.

Il a aussi apporté quelques vieux dessins humoristiques dans le style de la Seconde Guerre mondiale, représentant Nigel Farage comme un rat malade, et il vous en propose un pour le coller sur votre fenêtre. Maintenant, s’il fait ce genre de démarchage électoral chez tout le monde, quel résultat pensez-vous qu’il obtiendra le jour des élections ? »

Si vous répondez « raz-de-marée électoral », vous êtes manifestement un crétin et le retour à la réalité risque d’être brutal.

C’est une image de la manière dont les nationalistes qui se laissent associer au Troisième Reich apparaissent aux yeux du public, en d’autres mots comme des cinglés complets vivant dans un coin particulièrement sombre et poisseux du passé. Les socialistes jouissent de leurs énormes succès parce qu’ils sautent avec aisance par-dessus Pol Pot, Staline, Mao et Kim Il Sung, et relient leurs idées à ce qu’ils redéfinissent comme les intérêts fondamentaux des gens, même si leur vision est en fin de compte toxique et destructrice.

Les Nationalistes Blancs du type Daily Stormer – et mon attaque ne vise pas seulement Andrew Anglin mais aussi tous ceux qui tentent d’attacher le Nationalisme Blanc au cadavre d’Hitler – font exactement le contraire. Même si le nationalisme est l’essence des intérêts fondamentaux des gens, de nombreux nationalistes réussissent d’une manière ou d’une autre à rater ce point important et à se lier aux pires excès du passé. Cela ressemble à une stratégie clairement défaitiste, et les stratégies défaitistes ressemblent toujours à une trahison délibérée, ou au mieux à de la stupidité.

Bien sûr les « avant-tardistes » peuvent rétorquer qu’Adolf Hitler était en fait d’accord avec nos principes. C’est vrai, bien sûr, et au crédit d’Hitler. C’est aussi vrai d’un bon nombre d’autres Blancs intelligents. Mais les choses que nous croyons sont vraies et bonnes, sans considération de ce qu’en pensait telle ou telle figure historique, d’une manière ou d’une autre. Donc rabâcher sur Hitler, même si on peut avoir factuellement raison, est-ce que cela rend plus facile de persuader les gens que nous tentons de sauver ?

En fin de compte, je suis plus intéressé par les questions intellectuelles et spirituelles que par la politique de détail. Je suis parti pour un plus long voyage, pour ainsi dire, donc je n’ai pas envie de voyager avec aussi peu de bagages [11] que Liddell le voudrait. Mais je comprends aussi pourquoi les trublions [bugsters], les identitaires et d’autres préféreraient oublier complètement la Vieille Droite. En fin de compte, est-ce qu’un fait historique ou une figure historique sont aussi essentiels que les quatre principes exposés ci-dessus ? Il y a de nombreux chemins vers la vérité, et le national-socialisme est seulement l’un d’eux.

La seconde erreur des « avant-tardistes » est d’insister sur ce que j’appelle le « populisme prématuré [12] », qui est présenté comme un appel aux Blancs de la classe ouvrière mais qui en fait est le plus souvent un appel aux Blancs stupides, méchants et sans goût de toutes les classes sociales (et une insulte implicite aux Blancs de la classe ouvrière). Mais notre mouvement devrait viser à recruter des Blancs de toutes les classes sociales et qui soient au-dessus de la moyenne en intelligence, en vertu et en goût. A ce stade nous n’avons simplement pas besoin de Blancs inférieurs, et aucun effort particulier ne devrait être fait pour les recruter. Nous représenterons leurs intérêts tout comme ceux du reste des nôtres, mais nous serions stupides de leur confier notre salut racial.

Les « majoritistes » tendent à être sophistiqués et pragmatiques concernant la communication des idées, mais ils sont aussi prompts à faire des compromis sur des principes essentiels. Les « avant-tardistes » refusent de faire des compromis sur les principes essentiels, mais ils attachés à des formes brutales et inefficaces de communication.

Les « avant-tardistes » tout comme les « majoritistes » se trompent sur quelque chose d’important, mais les deux groupes persistent dans leur bêtise par la « légitimation négative », c’est-à-dire en rejetant les vices de l’autre sans avoir ainsi des vertus à eux. Les « majoritistes » aiment se légitimer en dénonçant la stupidité des « avant-tardistes », et les « avant-tardistes » rejettent toute forme non-stupide d’avant-gardisme comme simplement de la couardise et du radotage majoritistes.

La Nouvelle Droite Nord Américaine est en faveur d’un avant-gardisme qui soit absolument dogmatique sur les principes essentiels mais aussi maximalement flexible et pragmatique – et donc potentiellement efficace – concernant les manières de communiquer et d’actualiser nos principes. Par conséquent, nous combinons les forces de nos adversaires tout en rejetant leurs faiblesses.

Pendant près de 70 ans, le Nationalisme Blancs d’après-guerre a été dominé par des « majoritistes » conservateurs et par des « avant-tardistes » se marginalisant eux-mêmes. La liste d’échecs parle par elle-même. Il est temps de trouver la manière de sortir de cette boîte. Essayons l’authentique avant-gardisme – pour changer.

1. Le jeu de mots anglais n’est pas directement transposable en français, mais « avant-tardisme » exprime assez bien l’idée à la base : la contradiction entre un esprit d’avant-garde (nécessaire) et l’utilisation d’un vieux folklore politique qui nous retient dans le passé. Etre radicaux, oui, mais nous ne sommes plus dans les années 30… – Le rôle de l’avant-garde est d’entraîner la majorité dans la bonne direction, donc elle ne doit jamais perdre le contact avec cette majorité. Si elle avance trop vite, elle s’en détache et devient inutile. C’est ce que Lénine a exprimé par la formule : « L’avant-garde : deux pas en avant, mais pas plus ». (NDT)

2. Whiteness. – « Blancheur », « blanchité », « blanchitude » ? – Le traducteur doit ici faire preuve de bravitude… (NDT)