Trois questions sur l’Identitarisme

« La prochaine fois que nous combattrons, ce sera côte à côte. » [1]

« La prochaine fois que nous combattrons, ce sera côte à côte. »

1,318 words

English original here [2]

Note de l’auteur

Les réponses suivantes ont été faites à au questionnaire d’un chercheur universitaire qui est en train d’écrire un livre sur le mouvement identitaire.

1. Voyez-vous Counter-Currents comme un éditeur identitaire ?

Oui et non. Je décrits Counter-Currents comme un éditeur de Nouvelle Droite, cependant l’identitarisme est lié à la Nouvelle Droite comme la politique est liée à la métapolitique. Je vois l’identitarisme comme un mouvement essentiellement politique, pourtant ses fondements métapolitiques ont été en partie posés par la Nouvelle Droite Européenne. Je vois le projet de la Nouvelle Droite – en Europe aussi bien qu’en Amérique du Nord – comme la création d’une Droite post-totalitaire, adaptée pour combattre l’hégémonie culturelle d’après-guerre des idées de gauche. Le but ultime de la Nouvelle Droite est d’établir la survie biologique et culturelle et l’épanouissement des peuples européens comme la plus haute priorité politique, parce que ces valeurs sont activement érodées par les forces homogénéisantes de la mondialisation.

Racialement, nous sommes menacés d’extinction [3] par les taux de natalité au-dessous du seuil de remplacement, par le métissage, et par la submersion de nos patries par des immigrants non-blancs et leurs descendants. Politiquement, nous ne pouvons pas résister à ces tendances à cause de la perte de souveraineté en faveur d’institutions et d’élites internationales et mondiales. Culturellement, nous sommes en train d’être assimilés par une monoculture consumériste globale qui est hostile à l’identité et à l’auto-affirmation européennes.

Mais les questions culturelles sont triviales comparées à notre extinction biologique. En tous cas, les œuvres d’art de la haute culture européenne seraient appréciées par les Asiatiques et les Juifs, même si la race qui les a créées s’éteignait. Si j’étais obligé de choisir, je sacrifierais tout le patrimoine de la civilisation européenne pour préserver le peuple qui lui a donné naissance, et qui peut donner naissance au prochain Age d’Or.

Même si la préparation à l’identitarisme fut posée à travers des décennies de pensée, d’écriture et d’enseignement métapolitiques profonds, le mouvement lui-même est idéologiquement minimaliste, franc et brutal. L’Europe appartient entièrement aux Européens. Le but est de faire de cela une réalité une fois encore. Les non-Blancs doivent simplement être rapatriés. Je pense que la plupart des Identitaires seraient d’accord avec une déclaration faite par Jared Taylor, disant que « Nous avons le droit d’être ce que nous sommes, et nous seuls pouvons être ce que nous sommes », c’est-à-dire que seuls les Français peuvent être français ; seuls les Blancs peuvent être européens ; il n’y aura pas d’Europe sans Européens ; un monde sans notre race n’est pas une chose qu’une personne saine peut envisager avec égalité d’humeur. De même que les combattants de guérilla s’arment légèrement pour maximiser la mobilité, le minimalisme idéologique identitaire leur permet de dépasser agilement les clichés des défenseurs du courant majoritaire et de se consacrer à l’attaque.

Counter-Currents, particulièrement dans notre webzine, a donné une grande couverture à  l’identitarisme en Europe [4] parce que nous souhaitons encourager un mouvement identitaire adapté aux conditions nord-américaines, dans lesquelles notre population est largement d’ascendance européenne mélangée, et nos identités nationales sont abstraites, propositionnelles, et sans race. Dans un tel environnement, nous ne pouvons pas être simplement allemands ou anglais ou italiens, et être américains ou canadiens est racialement non-spécifique. Donc ce que nous devons retrouver en Amérique du Nord, ce sont les sources d’identité plus profondes que les nationalismes du Vieux Monde, c’est-à-dire notre identité raciale commune et nos racines culturelles européennes communes en remontant jusqu’aux peintres des cavernes paléolithiques.

2. Pensez-vous que l’identitarisme soit révolutionnaire ?

Potentiellement, oui. L’identitarisme est un mouvement de jeunesse. Sa base est formée de jeunes de moins de trente ans. Ses dirigeants sont dans leur trentaine et quarantaine, tout au plus. Cela signifie que les Identitaires sont entièrement des produits de l’Europe multiraciale. Bien sûr, certains ont été exposés plus que d’autres au multiculturalisme. Et bien qu’ils aient plus ou moins de connaissance de l’histoire européenne, aucun d’eux n’a d’expérience ou de nostalgie de l’Europe juste avant le plongeon. Cela, à mon avis, les rend constitutionnellement moins enclins au compromis conservateur et aux demi-mesures des bourgeois. C’est une bonne chose, parce qu’une demi-solution n’est pas une solution. C’est la clé de leur potentiel révolutionnaire. Mais c’est une forme conservatrice de révolution, parce que même s’ils rejettent l’Europe déchue d’aujourd’hui, ils le font au nom de la renaissance d’identités européennes plus profondes et plus authentiques.

3. Que pensez-vous de la théorie du « choc des civilisations » ?

Je pense que Samuel Huntington a fondamentalement raison, et mon seul désaccord avec lui est qu’il ne pousse pas assez loin son analyse.

La thèse du choc des civilisations d’Huntington est une réponse à la reformulation par Francis Fukuyama de l’exposé d’Alexandre Kojève sur l’exposé de Hegel sur la fin de l’histoire. Hegel affirmait que l’histoire prendrait fin quand nous découvririons et institutionnaliserions politiquement la vérité selon laquelle tous les hommes sont libres. Kojève affirmait que cela nécessitait un « Etat homogène universel ». Et Fukuyama suggéra que le triomphe du capitalisme démocratique libéral après la fin de la Guerre Froide pourrait accomplir le cadre hégélien-kojévien. Bien que Fukuyama était aussi vivement conscient qu’une civilisation bourgeoise mondiale pourrait se voir opposer un veto  par les gens qui souhaitent faire repartir l’histoire à nouveau, ou par les musulmans qui souhaitent créer une oumma homogène universelle très différente.

Huntington propose simplement un exposé de blocs civilisationnels distincts (j’ajouterais la civilisation juive à la liste). Même si on prend en compte les emprunts et les influences entre les civilisations, et les cultures mélangées et liminales, le fait demeure que les civilisations sont plurielles. Et puisque les civilisations ont des intérêts et des idéaux différents, des tensions et des conflits existeront toujours. D’où le choc des civilisations. Cela signifie que l’histoire au sens hégélien [5], et la politique au sens de Carl Schmitt [6], sont en cours.

A mon avis, il y a des différences réelles et donc des conflits réels non seulement entre des blocs civilisationnels mais aussi à l’intérieur de ceux-ci, et à l’intérieur des Etat-nations différents. C’est pourquoi je suis un ethno-nationaliste. Quand des groupes raciaux et ethniques sont obligés de coexister dans le même système politique, la diversité donne naissance à des tensions, qui érodent les différences et causent aussi des différences pour devenir des situations favorables à la haine et à la violence. Ainsi, la vision ethno-nationaliste – qui est aussi la vision identitaire – est celle d’un monde formé de patries homogènes et souveraines pour tous les peuples.

Un Etat universel devrait être homogène pour fonctionner, ce qui nécessiterait la destruction de chaque culture unique. Les Identitaires veulent différer. En fait, nous combattrons pour différer. Ainsi, nous mettrons notre veto à la fin de l’histoire.

Mais l’unification politique des blocs civilisationnels de Huntington serait aussi une mauvaise chose pour la même raison : pour créer l’homogénéité favorable au fonctionnement politique, elle érode les différences ; elle érode l’identité. Chaque Etat, grand ou petit, fonctionne au mieux lorsqu’il a une culture et une population homogènes. Les ethno-nationalistes pensent que la meilleure manière d’accomplir une telle homogénéité est de briser les Etats sur des critères ethniques existants, au lieu de mélanger des peuples différents dans une unique mono-race et une unique monoculture.

Maintenant cela ne veut pas dire que chaque tribu en Amazone ou en Sibérie a besoin d’un siège aux Nations Unies. Il n’y a pas besoin non plus d’appliquer cela à chaque groupe minoritaire qui n’aspire pas à devenir une nation. Mais même dans ces cas, le but devrait être une autonomie maximum sous le principe de la subsidiarité.

Comme je le dis dans mon article « Grandiose Nationalism [7] », je pense que les nations européennes ont besoin d’avoir une sorte de fédération souple qui s’arrête bien avant l’unification politique, afin d’arbitrer les disputes parmi elles et coordonner leurs politiques envers les autres blocs civilisationnels. A mon avis, cependant, une telle fédération devrait englober les civilisations occidentale et orthodoxe telles que décrites par Huntington.