Apprendre de la gauche:
Le livre de Douglas Hyde, Dedication & Leadership

[1]1,564 words

English original here [2]

Le Nationalisme Blanc est aujourd’hui largement limité à la Droite politique, c’est-à-dire les gens qui sont dans une tendance perdante depuis Stalingrad. Les Européens de droite ont, bien sûr, beaucoup de sagesse pratique à partager, même s’ils ont échoué en fin de compte. 

Mais les Américains de droite n’ont même pas réussi à apprendre ce qu’ils peuvent apprendre des perdants, et encore moins à s’intéresser aux leçons des gagnants : la Gauche, qui a maintenant établi son hégémonie idéologique sur tout le spectre politique, définissant les Limbaughs [1] et les libertaires comme une opposition « respectable » (c’est-à-dire inefficace) aussi sûrement que les libéraux qu’ils honnissent.

 

Pour les gens de droite qui veulent apprendre des gagnants, le livre de Douglas Hyde, Dedication and Leadership [Dévouement et Leadership] est un bon début. Hyde était un vétéran de l’activisme communiste depuis vingt ans, ayant été rédacteur des informations du journal communiste Daily Worker jusqu’en 1948, lorsqu’il démissionna, renonça au communisme, et annonça sa conversion au catholicisme.

Bien que Hyde ait rejeté les idéaux et les buts du communisme, il pensait que les techniques organisationnelles hautement efficaces du Parti devaient être imitées par ceux qui souhaitaient changer le monde pour le meilleur. Dedication and Leadership est une distillation en 150 pages de ses expériences et de ses aperçus.

Le communisme a tué plus de 100 millions de gens dans le monde et fait encore des victimes. Il est donc difficile de penser que le communisme puisse être autre chose qu’un mal. Mais même le mal est un accomplissement, et un mal prodigieux est un accomplissement prodigieux.

Comment d’infimes minorités de communistes parvinrent-elles à de telles réussites ? Parce qu’ils travaillaient plus dur et mieux que leurs adversaires. Ils étaient particulièrement efficaces pour mobiliser d’importantes qualités morales : idéalisme, dévouement, et sacrifice de soi (on tend à se sentir autorisé à tuer pour des causes pour lesquelles on est prêt à mourir soi-même).

Le fait que ces qualités morales furent utilisées à des fins mauvaises ne les rend pas moins dignes d’éloge.

Comment parvient-on à trouver et à mobiliser l’idéalisme, le dévouement et l’esprit de sacrifice ? Hyde conseille ce qui suit.

Premièrement, recrutez des gens qui sont déjà idéalistes.

Les jeunes gens tendent à être idéalistes, donc des efforts spéciaux doivent être consacrés à les recruter.

Deuxièmement, si vous voulez obtenir beaucoup des gens, demandez-leur beaucoup.

Les communistes inspirèrent des efforts formidables simplement parce qu’ils les demandaient. On enseignait aux communistes à ne pas se demander ce que le parti pouvait faire pour eux, mais ce qu’ils pouvaient faire pour le parti. Le Corps des Marines américains ne manque pas de recrues, pour la même raison : sa propagande de recrutement met l’accent sur le sacrifice et la discipline, pas sur les avantages de l’appartenance.

J’ai été particulièrement impressionné par un exemple du dévouement et du sacrifice de soi qui étaient habituels dans les milieux communistes. Hyde et ses collègues du parti reversaient les huit quatorzièmes de leur revenu – plus de 50% – au parti. Ils faisaient cela à chaque jour de paye, pas seulement lors d’occasions particulières.

Combien de Nationalistes Blancs sont prêts à reverser un certain pourcentage de leur revenu à la cause qu’ils prétendent considérer comme sacrée ?

Il y a des légions de Juifs et de Noirs professionnels. Mais il y a moins de dix Nationalistes Blancs à plein temps dans tout les Etats-Unis, et la plupart d’entre eux donnent tellement à la cause qu’il serait inconcevable qu’ils puissent lui reverser quoi que ce soit. La pauvreté est leur sacrifice.

Ce n’est pas l’argent qui manque. Il y a des Nationalistes Blancs individuels dont la fortune ne se compte pas en dizaines, mais en centaines de millions de dollars. Quelque chose d’autre manque : les qualités de caractère qui donnent naissance à l’idéalisme, au dévouement et au sacrifice véritables et efficaces.

La vérité est de notre coté. Mais la vérité n’est pas suffisante pour gagner si elle demeure enfermée dans nos cœurs et nos têtes, sans conséquences dans le monde réel. Quand le premier Nationaliste Blanc consacrera les huit quatorzièmes de son revenu à assurer l’existence de notre peuple et un avenir pour les enfants blancs, je croirai à la victoire.

Mais en plus de demander les huit quatorzièmes du revenu d’un salarié, le communisme demandait 100% de chaque membre, corps et âme. Et il les obtenait.

Oui, la demande d’un dévouement héroïque faisait hésiter certains avant de rejoindre le parti, mais quand ils le faisaient, ils étaient prêts à tout donner. Cela éloignait aussi les sympathisants tièdes et les compagnons de route. Mais le parti avait toujours des moyens d’utiliser les talents et les ressources de ceux qui n’étaient pas prêts à se jeter à l’eau ou qui en étaient incapables.

Troisièmement, visez haut.

Si on veut tout demander, on doit avoir une bonne raison. Les communistes demandaient tout à leurs activistes, parce qu’ils avaient un monde à gagner. Les buts grandioses ne sont un problème que si on ne peut rien faire de concret dans l’immédiat pour les réaliser. Mais si on peut forger ce lien, alors même le travail le plus ingrat et le plus humble prend un sens plus profond et plus élevé.

J’ai demandé un jour à une audience lors d’une réunion concernant l’organisation d’une communauté blanche pourquoi ils étaient ici. Il y eut de nombreuses réponses : rencontrer des gens nouveaux, tisser un réseau, voir de vieux amis, et même apprendre à organiser une communauté blanche. Toutes ces raisons étaient suffisantes pour amener les gens ici.

Mais je proposai alors une meilleure raison : sauver le monde. Ne vous y trompez pas, les Nationalistes Blancs ne combattent pas seulement pour sauver la race blanche, puisque le bien-être du monde entier dépend de notre triomphe. Si nous périssons, les autres races se multiplieront avec insouciance et dépouilleront entièrement la planète, et le seul endroit dans l’univers où nous savons que la vie existe finira comme un amas de cendres froides dans l’immensité de l’espace.

Donc la prochaine fois que vous assistez à un rassemblement nationaliste blanc, souvenez-vous que vous êtes là pour sauver le monde. Cela rendra le voyage un peu plus facile, la recherche d’un parking moins pénible.

Les communistes comprenaient que le fait de demander un dévouement héroïque pour une cause supérieure n’épuise pas les gens mais leur donne de l’énergie. Cela ne vide pas leurs  personnalités mais les approfondit. Ceux qui vivent seulement pour eux-mêmes ont des vies moins remplies de sens que ceux qui se dévouent à une cause supérieure.

Quatrièmement, soyez le meilleur.

Les communistes enseignaient qu’il n’y a pas de contradiction à être un bon communiste et à être bon dans tous les autres domaines de sa vie. La même chose pourrait être vraie pour les Nationalistes Blancs. Si vous voulez être un bon Nationaliste Blanc, vous devez aussi être un bon étudiant, un bon travailleur, un bon employeur, un bon artiste, une bonne épouse, un bon parent, et un bon voisin.

On est un défenseur plus crédible et plus efficace du Nationalisme Blanc si on est bien considéré dans d’autres domaines de sa vie. Les communistes découvrirent que les relations personnelles avec des individus exemplaires étaient plus importantes que l’idéologie pour recruter des nouveaux membres pour la cause.

De même, si on découvre que ses engagements politiques empêchent l’excellence dans d’autres domaines de la vie, alors on doit faire le point et retrouver un équilibre. Cela préserve les activistes du burnout et permet de les maintenir dans le combat.

Cinquièmement, l’activisme est essentiel.

La plupart des individus qui rejoignaient le parti communiste se voyaient immédiatement demander de s’engager dans une forme quelconque d’activisme public (quelques-uns qui avaient des liens sociaux importants étaient utilisés comme agents secrets communistes).

L’activisme public venait avant l’instruction idéologique. En agissant publiquement en tant que communiste, on rend son engagement public et irréversible. En agissant avant de recevoir une instruction idéologique, on apprend d’une manière très personnelle et parfois douloureuse la nécessité d’une telle instruction. Un tel activisme permet aussi d’éliminer les gens qui manquent de courage moral et physique avant d’avoir investi des moyens pour les endoctriner.

L’activisme a un double but : changer le monde et changer les activistes. Puisque le parti doit agir jusqu’à ce que le monde change, il doit être organisé pour un activisme perpétuel. Des campagnes doivent être conçues pour (1) démontrer que le parti se préoccupe de ses électeurs, (2) augmenter les conflits entre le système et les électeurs du parti, et (3) construire le caractère, le savoir-faire et la camaraderie parmi les activistes.

Hyde illustre ces points ainsi que de nombreuses autres par des anecdotes vivantes. Sa discussion des techniques d’endoctrinement des cadres communistes mériterait un article séparé. J’ai lu peu de livres qui donnent autant de matière à penser en si peu de pages.

Certains Nationalistes Blancs pourraient trouver que Dedication and Leadership est une lecture déprimante, puisqu’il met en évidence la nature vraiment primitive, pathétique et pas sérieuse du mouvement aujourd’hui. Mais ce n’est pas la bonne manière de le voir.

Il n’y a pas besoin de lire Douglas Hyde pour voir que le Nationalisme Blanc dans l’Amérique d’aujourd’hui est rempli de cinglés, de losers et de dilettantes. On a besoin de Hyde et d’auteurs comme lui si on veut sérieusement créer un mouvement qui puisse gagner.

[1] Rush Limbaugh : animateur de radio et éditorialiste politique américain, bien connu pour ses positions conservatrices. (NDT)

The Occidental Observer, 8 juin 2010