English original here
James Hawes
Excavating Kafka
London: Cuercus, 2008
US edition: Why You Should Read Kafka Before You Waste Your Life
New York: St. Martin’s Press, 2008
« Il s’avère que Kafka était un citoyen allemand loyal, riche et amateur de porno. Qui le savait ? » — Un commentaire sur Amazon
Ce visage. Vous l’avez vu. Vous en avez par-dessus la tête de le voir. Le Prophète de l’Holocauste, du Goulag, et, pire que tout, des aspects orwéliens de l’Administration Bush/Obama. Le logo commercial de la Suprématie Culturelle judaïque, l’icône de l’Holochristianisme. L’emblème de tout ce que vous haïssez.
Vous voudriez le mettre en mille morceaux, puis le reconstituer et le briser à nouveau, encore et encore.
James Hawes a de bonnes nouvelles pour vous : c’est un faux. Un énorme bobard.
« …le symbole international de Prague … fut en fait emmené dans un magasin de Berlin … environ huit mois avant sa mort, alors qu’il savait logiquement qu’il était condamné. … Cet état d’esprit est … susceptible de vous donner un air profond.
Mais pas assez profond cependant. Au début des années 50 … les artistes de [la société] S. Fisher Co. retouchèrent cette image pour donner aux yeux de Kafka la brillance désirée. Le Prophétique Kafka est maintenant une icône aussi célèbre et aussi vague que le Saint Che Guevara. – et avec à peu près autant d’exactitude historique. »
Hawes hait la photo lui aussi, mais pour d’autres raisons. Pour lui, c’est l’icône beaucoup trop appropriée de ce qu’il appelle « le Mythe K » (utilisant « mythe » comme un libéral bien-pensant, signifiant « énorme bobard »). Le « Mythe K » est :
« L’idée d’un mystérieux génie, un Nostradamus solitaire d’Europe centrale, qui, presque ignoré de ses contemporains, sonda d’une manière ou d’une autre les profondeurs de sa psyché mystérieuse et quasi-sainte pour prédire l’Holocauste et le Goulag. »
En réalité,
Kafka était intégré non seulement sur le plan littéraire mais sur le plan social aussi, c’était un fils de millionnaire, un bon fonctionnaire bien payé de l’empire des Habsbourg, un membre de l’élite allemande de Prague qui voulait consciemment – et subconsciemment – que l’Allemagne et l’Autriche gagnent la Première Guerre mondiale. Un Juif parlant allemand et pensant allemand qui ne prévit les horreurs de l’Holocauste pas plus que quiconque d’autre. Un auteur qui, lorsqu’il lut pour la première fois à ses amis Le Procès, provoqua chez eux un « rire inextinguible » [1].
Oui, Ils vous ont menti depuis le début ; depuis avant le début, car comme nous le verrons, Kafka lui-même participa avec empressement aux premières parties de la mise en scène de sa carrière littéraire, comme tout jeune écrivain, bien qu’il aurait lui-même été pris d’un « rire inextinguible » s’il avait vu la croissance monstrueuse du « Mythe K ».
Hawes consacre la majeure partie de son livre à déconstruire le « Mythe K » pièce par pièce. D’abord, ce baratin sur le pauvre Kafka, travaillant de longues heures dans son bureau de travail étouffant, vivant avec ses parents, s’esquivant quelques heures pour écrire ses chef d’œuvres tard dans la nuit – le vrai Flemmard du Millénaire. « En réalité, Kafka était … un jeune cadre des années 80 ; ressemblant plus à Gordon Gekko qu’à Quentin Tarantino. Loin d’être seul et pauvre, il vivait avec sa famille dans le confort de la classe moyenne supérieure… » [2].
En fait, même cela est au-dessous de la vérité ; le père de Kafka (qui, comme nous le verrons, passionne beaucoup les créateurs du mythe) était un millionnaire, possédant non seulement un appartement à partager avec Franz mais un immeuble d’habitation entier (ressemblant plus à Proust qu’à Gregor Samsa) ainsi qu’une usine d’amiante ne fonctionnant pas très bien paraît-il.
Les logements gratuits sont particulièrement lucratifs, puisque Kafka, titulaire d’un doctorat en droit, avait trouvé un poste en or à l’Institut d’Assurance des Accidents des Travailleurs, lui rapportant l’équivalent moderne de 90.000 dollars par an pour une journée de six heures, passant la plus grande partie de son temps à discuter de Heine avec son patron [3].
Kafka écrit seulement quelques heures par jour, surtout tard dans la nuit, mais seulement parce qu’il passe tout son temps libre, comme il le reconnaît joyeusement, dans les cafés et les bordels, et qu’il a du mal à s’en arracher. Bref, un jeune homme riche assez typique avec des ambitions littéraires, mais peu d’ambition ; vraiment pas un Genet gribouillant sur des sacs en papier en prison.
Maintenant, parlons de ses écrits. Tout ce temps passé avec les citadins fut sûrement utile. Avant de publier un seul mot, son copain Max Brod – « un réseauteur de littérature classique avec des doigts dans de nombreux gâteaux littéraires » – insère, dans une recension d’un auteur établi qu’il publie dans un important journal littéraire berlinois, l’observation que ce pote de Kafka semble être un grand styliste. L’auteur présenté, un certain Franz Blei, présente ensuite les premiers tout petits textes de Kafka, favorablement bien sûr ; plus tard, l’éditeur de Kafka organisera la publication hâtive d’une nouvelle en tant que chapitre indépendant d’un livre, afin de postuler – et de gagner – au prestigieux Prix Fontane (à peu près l’équivalent du National Book Award) – jugé, cette année-là, par Franz Blei.
Ce qui ne veut pas dire que l’ouvrage lui-même était indigne d’un tel jugement ; seulement que, en faisant ainsi patiemment rouler des rondins, comme le dirait une certaine tribu bien entraînée à cela, « ça aide à monter ».
Mais revenons à ce travail quotidien ; cela va fournir à Hawes quelques-unes de ses preuves les plus puissantes, ou du moins les plus controversées (et, comme Kafka, il connaît la valeur de la controverse sur le marché des paroles) concernant le « Mythe K ».
D’abord, bien que j’ai qualifié K de « jeune cadre » pour frapper le lecteur, en fait il ne partageait pas le même genre d’individualisme obstiné caractéristique du modèle de l’ère Reagan. Non, ce pote s’identifiait étroitement à ses camarades ethniques. Malheureusement pour le « Mythe K », ces camarades n’étaient pas les Juifs pauvres, opprimés et persécutés, mais l’élite germanophone de l’Empire des Habsbourg. Bref, Kafka était un patriote allemand.
Par exemple, Kafka investit une partie considérable de ses économies – souvenez-vous, même en comptant tous les kaffee mit schlag [cafés frappés] et les entraîneuses tchèques (l’équivalent praguois des « actrices-modèles » d’aujourd’hui), il gagnait 90.000 dollars par an, et ne payait pas de loyer – en Bons de Guerre autrichiens. C’est vrai, Kafka contribua à payer les baïonnettes sur lesquelles ces Huns empalaient paraît-il les bébés belges. Ils payaient à peu près 5% d’intérêts, garantis par l’Empire des Habsbourg, en faisant l’investissement le plus sûr du siècle. Ironiquement, cela se révéla être la chose la plus « kafkaïenne » qu’il fit jamais, un peu comme vendre les bijoux de famille en échange de monnaie confédérée, mais, comme dirait la tribu, qui le savait ? Et c’est le schlémil qui parvint soi-disant à prévoir l’Holocauste ?
Encore plus « accablant », cependant, fut son article du temps de guerre pour un appel en faveur d’un hôpital, destiné aux vétérans blessés germanophones – et seulement aux germanophones, aucune version ne fut imprimée pour la canaille tchèque ou yiddish. Je laisserai Hawes raconter l’histoire :
« Il y a eu d’innombrables tentatives pour présenter Kafka comme un crypto-socialiste, un ami des aspirations tchèques, et ainsi de suite. Le fait est que dans une proclamation publique de la fin de 1916 (pour réunir des fonds pour un hôpital exclusivement réservé aux soldats germanophones psychologiquement-choqués de l’armée multinationale de l’Empereur François-Joseph), Kafka parle explicitement en tant que « Camarade-de-peuple bohémien-allemand ». Sa pensée vis-à-vis de l’Empire des Habsbourg semble avoir été « non-politique ». Pas du tout dans un sens oppositionnel, simplement par conformisme avec la situation du moment. Comme Reiner Stach (que je fus très triste et très surpris de voir traîner mon livre dans la boue tout en reconnaissant ne pas l’avoir lu) dit des idées apparentes de Kafka sur la politique étrangère des Habsbourg : « l’aisance avec laquelle Kafka imitait le jargon officiel est déconcertant » [4].
Remarquons que Hawes tente d’insinuer que même François-Joseph (avec son armée « multinationale » anachronique) était plus en faveur de la « diversité » que le bourgeois Franz Kafka. « Déconcertant » pour la Tribu, peut-être, ou pour ceux qui « imitent » eux-mêmes la propagande de guerre britannique et la prennent pour de l’histoire [5].
Maintenant, si vous avez jeté un coup d’œil à mes notes de bas de page, vous avez remarqué les références à la « pornographie » et même à la « cachette porno de Kafka ». Oui, tout cela se ramène à une grosse bulle de scandale ; comme le dit un jour George Costanza, dans un moment plutôt kafkaïen, « La chose est comme un oignon : plus vous l’épluchez, plus ça pue ! » [6].
Car il apparaît que Kafka aimait dépenser une fraction de son salaire à s’abonner à un journal porno « artistique » assez cher. Et, comme le dit Hawes, tout en plaçant son livre ailleurs :
« …[L]’éditeur de ce porno en 1906 était le même homme qui, en 1908, devait justement devenir le premier éditeur de Kafka – et le même homme qui, en 1915, s’arrangerait pour que Kafka reçoive très publiquement les bénéfices du plus prestigieux prix littéraire allemand de l’année [7]. »
Même pour la Prague fin de siècle, le monde est vraiment petit !
Quant au porno lui-même, Hawes tente d’en faire le plat principal, en quelque sorte ; mais s’il a raison de dire qu’en dépit des millions de livres, de thèses et d’articles sur Kafka, personne d’autre n’a jamais parlé de cela, c’est loin d’être aussi horriblement obscène qu’il l’affirme ; un peu comme les parties censurées des dessins de Beardsley [8]. Bien sûr, vous avez le droit d’avoir un avis différent [9].
Oui, un par un, Hawes brise tous les trépieds qui soutiennent le « Mythe K », jusqu’à ce que celui-ci, comme l’une de ces têtes de marionnettes géantes en papier mâché que les anarchistes utilisent lors de leurs manifestations, s’effondre sur le sol.
Ou plutôt, pour utiliser une métaphore plus littéraire, c’est comme un palimpseste, et après avoir enlevé la dernière couche de gribouillis, un classique perdu apparaît. Kafka, comme je l’ai insinué tout le long, le plus grand écrivain, certainement le plus grand écrivain européen du XXe siècle – est l’Un de Nous ! Un Blanc !
Mais vous ne devriez pas penser que Hawes est l’Un de Nous. Il hait le « vrai » Kafka, le jeune cadre riche, sexuellement actif et dépensier, et surtout le patriote allemand [10].
Il argumente contre le « Mythe K » parce qu’il pense que celui-ci déforme notre compréhension des écrits, nous distrait des textes eux-mêmes. Le mythe fait cela en créant un saint séculier maladif, d’un genre typiquement judaïque.
Nous aimons tous le mythe du grand génie méconnu romantique (pour des raisons douteuses sur lesquelles je vous laisse vous interroger, cher lecteur). Mais savoir qui Kafka était vraiment – et par conséquent celui qu’il n’était pas – est la seule manière pour que nous puissions toujours lire ses merveilleux écrits dans toute leur vraie gloire d’humour noir [11]. S’il faut un peu de thérapie de choc pour dissiper le mythe, alors qu’il en soit ainsi.
« Nous » ? Et quelles « raisons douteuses » sont derrière cela ?
Pour le combattre, il construit sa contre-figure supposément historiquement exacte, pas comme une nouvelle idole, mais pour nous dégoûter complètement de Kafka comme homme réel, individuel, ne nous laissant que ses ouvrages – les choses elles-mêmes, comme dirait Husserl, membre de la tribu contemporain de Kafka. En fait, on pourrait dire sans risque que Hawes méprise le « vrai » Kafka et veut le dissocier de l’Holocauste précisément parce qu’il est indigne d’être son saint patron [12].
Nous ayant supposément libérés du « Mythe K » qui déforme notre lecture des œuvres de Kafka elles-mêmes – il ne dirait pas, d’une manière typiquement judaïque – comme étant celles d’un exclu torturé et prophétique, Hawes, sous le prétexte de nous donner une lecture des « œuvres elles-mêmes » substitue simplement une nouvelle lecture, tout aussi judaïque bien que plus laïque, comme étant des œuvres d’« humour noir ».
Si le titre britannique d’origine, Excavating Kafka, reflète la première partie du programme, le titre américain ultérieur, Read Kafka Before You Ruin Your Life [Lisez Kafka avant de ruiner votre vie] (clairement destiné à exploiter le succès de textes culturels DIY [= Do It Yourself] comme celui d’Alain de Botton, How Proust Can Change Your Life), reflète la seconde partie plus insidieuse du programme : Kafka comme le prophète, non de l’Holocauste, mais du postmodernisme. Comme il le dit clairement à un autre endroit :
« Ce qui obsède Kafka, c’est notre aptitude suicidaire à croire les grands récits de rédemption et de certitude absolue, aussi délabrés et visiblement corrompus qu’ils puissent être. L’élément vital dans ses œuvres, qui est obscurci par le ‘Mythe K’, c’est que ses héros sont absolument complices de leur propre ‘piégeage’. Ce ne sont pas des histoires de gens innocents soudainement dévorés par des erreurs de la justice cosmique. De toutes les racines philosophiques de la pensée de Kafka, la plus importante est à mon avis le fameux et terrifiant aperçu de Nietzsche concernant le ‘nihilisme’ de l’homme moderne post-religieux (ma traduction est forcément libre) : ‘l’humanité préférerait désirer le néant plutôt que n’avoir rien à désirer’. Cette analyse nietzschéenne de la raison pour laquelle les modernes font ce qu’ils font pourrait bien s’appliquer aux tueurs du 11 Septembre tout comme aux tortionnaires au regard fixe, lubrique et vide d’Abou-Ghraïb. » [13]
Remarquez l’usage habile du trope porno pour « nous » attirer vers Kafka et les extrémistes musulmans – équivalence morale, comme diraient les néocons [= néoconservateurs]. Nous sommes tous – sauf Hawes et ses cohortes académiques vaguement marxistes – des zombies sous l’emprise des « grands récits », etc.
Et pourquoi lire Kafka aujourd’hui ? Parce que son analyse de la manière dont nous sommes si fatalement, suicidairement tentés par des visions d’un passé de l’âge d’or avec toutes ses supposées certitudes et sécurités, est aujourd’hui plus nécessaire que jamais. Ses œuvres sont un grand avertissement contre la tentation de croire aux grandes illusions, une grande exigence que si nous voulons vraiment vivre, nous devons grandir et regarder la vie dans les yeux [14].
Bien sûr, on pourrait suggérer que ce sont les pourvoyeurs de ce cliché postmoderne en quelque sorte simultanément béat et défraîchi qui ont besoin de « grandir » ou du moins de dépasser les années 60. Cependant, comme le montre la référence à Nietzsche, il y a du vrai là-dedans. Mais si nous voulons assimiler Kafka à Nietzsche et le considérer comme un « bon Européen », nous devons prendre notre Nietzsche comme le faisait le baron Evola ; utile comme dissolvant du libéralisme bourgeois, mais inutile – en fait, empoisonné – lorsqu’on le prend comme guide pour l’avenir [15].
Et parlant des postmodernistes académiques, les spécialistes « orthodoxes » de Kafka eurent une réaction rapide et prévisible ; oui, Max Brod était un créateur de mythes, mais nous le savions depuis des années, bla-bla-bla. Hawes, lui-même assez bon spécialiste de Kafka, pouvait avoir ses raisons de titiller les experts. Il a peut-être simplement choisi la mauvaise cible ; il se peut que « Walter Benjamin a explosé le mythe Kafka dans les années 30 » dans un morceau assez illisible de fange européenne (après tout, si Kafka n’était pas le plus grand génie judaïque, alors c’est Benjamin qui l’était, pas vrai ?), et après ? Si Kafka, comme Dickens et Orwell, est l’un des rares écrivains à avoir son propre adjectif, et nous savons tous ce que « kafkaïen » veut dire ; voilà la vraie cible de Hawes.
La réponse la plus stupide mais la plus symptomatique est peut-être celle du membre de la tribu Sander Gilman, sans doute agacé que Hawes néglige de mentionner sa propre biographie, modestement intitulée Kafka [16]. Gilman (apparenté à Lovecraft ?) trouble les eaux avec un boniment judaïque assez typique, passé en fraude par l’intermédiaire de Stanley Fish, en disant que « tous les biographes mentent », et ainsi, modestement, craintivement et poliment, il ne peut pas vraiment se plaindre que Hawes voit Kafka comme un type régulier, plutôt que comme un type « spécial » (c’est-à-dire un génie juif juivement obsédé par sa juivitude juive). Mais ce serait sûrement bon pour les Juifs si Hawes s’occupait d’autre chose :
« Hawes présente [Kafka] sous un faux jour – mais là encore, comme le pense Fish, c’est ce que font tous les biographes. On pourrait affirmer, par exemple, que j’avais besoin de Kafka pour être malade et anxieux et créatif afin d’étayer ma lecture de la situation des Juifs européens au tournant du siècle [Non ! Qui pourrait douter de toi, mon garçon ?]. Mais la majeure différence entre cet écrivain et James Hawes est que si nous avons tous des histoires que nous disons sur les vies que nous écrivons, certains d’entre nous sont plus concernés par les nuances des recherches que nous faisons et du monde que nous tentons de décrire [ce qui veut dire : est-ce bon pour les Juifs ?]. En fin de compte, cependant, c’est la capacité de ces mensonges à être crus par la plus grande communauté qui définit le bon biographe. Nous verrons si le temps sera bienveillant envers le comique gallois de Hawes [Gilman, en bon membre de la tribu, trouve drôle que Hawes enseigne au Pays de Galles], l’intellectuel littéraire Franz Kafka.
Oh, hou, hou. Si tous les biographes mentent, alors pourquoi devrais-je croire à vos mensonges ? Je dis : baratin, baratin complet ! Assez de toutes ces foutaises judaïques ! Gilman a raison ; les « nuances » dans le portrait de Kafka par Hawes sont préoccupantes – elles encouragent les goyim, bien que cela serait sûrement la « plus grande communauté » de toutes, pourrait-on dire. Voyons le véritable Kafka, Kafka tel qu’il était, Kafka tel qu’il se voyait lui-même, Kafka tel qu’il voulait être vu, quelle que soit la manière de le dire : un fier membre de la tradition littéraire et culturelle allemande.
Kafka : notre camarade-de-peuple !
Notes
- James Hawes, “Tumbling the author myth: Why such anger about my revelations of Kafka’s interest in pornography? His legacy could stand a little debunking” [« Renverser le mythe de l’écrivain : pourquoi une telle colère concernant mes révélations sur l’intérêt de Kafka pour la pornographie ? Son héritage pourrait supporter un peu de démythification »], The Guardian, Friday, August 29, 2008, ici.
- Louis Bayard, “How Kafka-esque is Kafka? The Czech writer has become the prophet of our absurd era, but a new book intends to strip the author of his saintly reputation” [“A quell point Kafka est-il kafkaïen ? L’écrivain tchèque est devenu le prophète de notre ère absurde, mais un nouveau livre entreprend de dépouiller l’auteur de sa réputation de sainteté », Salon, Friday, August 1, 2008, ici.
- Apparemment une occupation typiquement allemande, partagée par Dietrich Eckart ; voir ma recension de Hitler’s Mentor, ici.
- Scott Horton, “In Pursuit of Kafka’s Porn Cache: Six questions for James Hawes” [« A la recherche de la cachette porno de Kafka : six questions pour James Hawes »], par Harper’s, August 19, 2008, ici.
- Voir encore ma recension d’Eckart dans la note 3 ci-dessus.
- Seinfeld, Episode no. 136 “The Soul Mate” (Original air date 26 Sept 1996), here.
- “The Kafka Myth” here.
- En parlant de cela, le livre de Mark Anderson Kafka’s Clothes [Les vêtements de Kafka] a un but similaire, mais en se limitant à révéler Kafka le Dandy, presque un métrosexuel.
- M’étant déjà moqué de l’« expression ouvertement sexuelle » d’Houellebecq (“The Sexual Anti-Utopia of Michel Houellebecq,” ici), je ne suis peut-être pas la bonne personne à qui adresser cet appel.
- On a le sentiment, par-dessus le roulement de rondins, que Hawes souhaiterait que Kafka n’ait simplement pas écrit en allemand et que, comme les prisonniers supposément résignés d’Auschwitz, il soit entré volontairement dans le ghetto de la littérature tchèque. Ou peut-être yiddish – il cultivait un goût pour le théâtre yiddish – ou même, ose-t-on espérer, hébraïque – atténuant à l’avance ce fait ennuyeux que l’Etat Juif super-talentueux n’a jamais produit un seul écrivain – ni un seul artiste – d’une certaine distinction. Peut-être que Veblen avait raison, et que le Juif ne prospère que dans l’adversité ? Voir mon article “The Eternal Outsider: Veblen on The Gentleman and the Jew” [« L’Eternel Outsider : Veblen sur Le Gentleman et le Juif »] ici et dans The Eldritch Evola.
- « Aucune autre œuvre d’auteur ne souffre de ce genre de préjugé », Oh ? Il y en a des douzaines qui me viennent à l’esprit : Hitler, Goebbels, Rosenberg . . .
- Hawes est un tel croyant de l’Eglise de l’Holochristianisme qu’il absout en fait l’Armée Rouge de « toutes les choses dont elle pourrait être coupable » en reconnaissance de sa « libération » des « camps de la mort ». Des millions de civils allemands et slaves « libérés » morts et vivants bien que brutalisés pourraient avoir un avis différent, mais je suppose que c’est un signe de progrès qu’il reconnaisse simplement « toutes les choses ».
- « A la recherche de la cachette porno de Kafka », note 4 ci-dessus.
- Ibid.
- Voir en particulier Ride the Tiger: A Survival Manual for the Aristocrats of the Soul [Chevaucher le tigre : un manuel de survie pour les aristocrates de l’âme] (Inner Traditions, 2001), spécialement la Partie 2 : « Dans le monde où Dieu est mort ». Il est intéressant qu’Evola reconnaît dans son autobiographie que deux de ses guides d’adolescence furent Nietzsche et Oscar Wilde, le second suggérant une connexion avec Kafka par sa cachette porno à la Beardsley ; voir The Path of Cinnabar [Le chemin du Cinabre] (Arktos, 2009), p. 8. Evola nomme aussi Otto Weininger, qui influença aussi grandement Kafka.
- Sander L. Gilman, “Everyman’s Kafka,” Azure: Ideas for the Jewish Nation, no. 35, Winter 5769/2009, here.
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