L’extension du patriotisme

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Patrick MacDowell, “Europe,” Albert Memorial, Kensington Gardens

1,582 words

English original here [2]

Nous étions divisés et nous sommes vaincus. C’est la tragique épitaphe de deux générations de guerre. Ces mots seuls devraient décorer la tombe de la jeunesse de l’Europe. Ce fut le sort de ma génération en 1914, et ce fut le sort d’une nouvelle génération de jeunes soldats en 1939. La jeunesse de l’Europe versa le sang de sa propre famille, et les chacals du monde s’engraissèrent. Ceux qui ont combattu sont dans la position du vaincu, quel que soit leur pays. Ceux qui n’ont pas combattu, mais simplement profité, sont seuls victorieux.

Quelle était donc la vérité concernant les mouvements nationaux-socialistes ou fascistes avant la guerre ? Notre faute fut exactement le contraire de ce qui est suggéré contre nous. Comme c’est souvent le cas en politique ! Comme il est rare que les gens soient autorisés à connaître autre chose que le contraire de la vérité ! On a suggéré que nous pourrions placer les intérêts d’autres pays avant les nôtres : c’était un mensonge absurde. En réalité, nous étions beaucoup trop nationaux – trop étroitement occupés à assurer les intérêts de nos propres nations. Ce fut la véritable faute de tous les vrais mouvements nationaux-socialistes ou fascistes ; que ce soit en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France, en Espagne, en Italie. Loin d’être prêts à servir de « cinquième colonne » en cas de conflit entre Etats, nous avions une idéologie et une  propagande politiques bien trop nationalistes pour pouvoir former les esprits des hommes dans le nouveau sens d’une parenté et d’une solidarité européennes qui auraient évité le désastre par consentement général. Ainsi, loin de combattre pour le profit d’autres pays dans une guerre, nous ne parlâmes jamais avec une force suffisante en faveur de ce nouveau sens de l’Union Européenne que les faits modernes doivent maintenant transformer en partie intégrante d’une foi nouvelle. Notre foi fut jetée dans la poussière parce que l’attitude fasciste dans chaque pays était trop nationale.

Comment cela est-il arrivé ? Comment cette foi, qui aurait pu apporterla Renaissancede l’Homme Occidental, se confina-t-elle dans les limites d’un nationalisme trop étroit ? Comment la ruée de ce puissant fleuve de renaissance se perdit-elle dans les sables d’un passé qui aurait dû être mort ?

Il y a deux raisons ; la première pratique, la seconde idéologique. Malgré tout l’idéalisme ardent de notre foi, celle-ci fut toujours imprégnée du sens pratique le plus réaliste. Nous avions donc observé avec de forts sentiments de répulsion la ridicule structure de cette Tour de Babel que le vieux monde érigea après la dernière guerre. La tentative de résoudre tous les problèmes par des comités plus nombreux et meilleurs de nationalités de plus en plus diverses et nombreuses se termina dans l’échec grotesque que notre réalisme avait prévu. Leur méthode face aux difficultés était toujours d’introduire de plus en plus de gens qui se ressemblaient de moins en moins par la tradition, la pensée, le sentiment et l’instinct. Par conséquent et inévitablement, les difficultés devinrent toujours plus insurmontables jusqu’à ce que la tentative complète s’écroule dans une absurdité tragique. Cela ne nous semblait pas être une méthode pratique. Nous essayâmes donc l’approche opposée – chaque nation bâtissant dans sa propre région un système adapté à sa propre tradition, culture, et sentiment.

La première étape fut, par conséquent, de diviser le monde en grands blocs indépendants sur cette base réaliste de la division naturelle. Une superstructure d’amitié et de compréhension universelles entre les nations aurait pu être érigée plus tard sur la fondation solide de ces zones naturelles et pratiques. Dans mes écrits et mes discours longtemps avant la guerre, j’opposai ainsi le concept d’« universalisme » à celui d’« internationalisme ». C’est le sens pratique qui dit : commençons par nettoyer notre propre coin quand la salle entière est en désordre ; après quoi nous pourrons discuter de l’avenir de la salle dans son ensemble. Cette attitude était, en tous cas, une réaction très naturelle devant les performances de Babel qui affrontait le chaos avec le bavardage confus d’une multitude de langues en conflit et d’instincts divers à l’intérieur du vieil « internationalisme », qui commença comme un idéal et se termina comme un racket.

Mais la répulsion vis-à-vis des erreurs actuelles conduisit la plupart des protagonistes de la nouvelle foi européenne à retourner à ce qui aurait dû être regardé comme les voies obsolètes de l’ultranationalisme. Pour des raisons pratiques, il devint bien trop clair qu’un grotesque mélange de races et de cultures ne mènerait jamais à rien ; ainsi le réalisme des hommes nouveaux réagit trop fortement, vers l’autre extrême d’un nationalisme qui, dans les conditions modernes, est anormalement étroit.

Notre opposition idéologique au vieil internationalisme était naturellement encore plus forte que notre opposition pratique. Les principes de cet internationalisme nous apparaissaient comme une absurdité et comme un crime – une violation complète de toutes les vérités naturelles évidentes, qui ne pouvait apporter que la dégénérescence et la destruction. L’argument selon lequel n’importe quel sauvage était à tous égards le frère et l’égal d’un Européen n’était simplement pas vrai ; tous nos sentiments et tous nos instincts, toute l’histoire et toutes nos connaissances nous le disent. Ces gens n’étaient pas semblables à nous ; ils étaient manifestement et profondément différents. Ainsila FraternitéInternationalefut fondée sur une négation complète de la vérité. L’idée selon laquelle on pouvait bâtir un monde sur la prémisse que tous les hommes ou toutes les races étaient égaux était une dangereuse absurdité : cependant c’était la prémisse essentielle du concept « démocratique » auquel nous nous opposions. En fait, ils ne sont manifestement pas égaux par l’intelligence, le physique, la connaissance, les réalisations, l’histoire ou la tradition.

De plus, les capacités de races ou de peuples différents varient aussi largement que les capacités d’individus différents. Affirmer qu’elles sont identiques, c’est dire une contre-vérité si palpable que vous risquez d’être accusé de rechercher la destruction du supérieur au profit de l’inférieur. C’est, en fait, l’accusation portée contre le communisme. Celui-ci cherche à détruire toutes les valeurs européennes, fondées sur des vérités qui ont subi l’épreuve des âges, parce que la première tâche pour remplacer le supérieur par l’inférieur est de détruire les valeurs du premier. Avant de placer l’inférieur au sommet, vous devez d’abord prouver qu’il n’y a pas de supérieur. Cet argument était aussi très bienvenu pour le Pouvoir Financier International qui savait que l’inférieur pouvait être corrompu dans ce but, alors que c’était impossible avec le supérieur. Les valeurs supérieures d’un type supérieur sont les barrières naturelles contre la corruption et le chaos. La manière la plus simple de les abattre, c’est de prouver que tous les hommes et tous les peuples sont identiques ; la conquête spirituelle précède ainsi le triomphe matériel.

Telles étaient l’idéologie et la doctrine contre lesquelles la foi nationale-socialiste ou fasciste réagit d’une manière si naturelle et véhémente. La tragédie fut que ce rejet produisit un nationalisme trop étroit.

La véritable idée, qui doit devenir la foi du futur, est sûrement de rejeter le vieil internationalisme d’une part, et d’autre part de dépasser un nationalisme exclusif qui divise les amis naturels et les parents. L’homme est passé du village à la nation au cours du processus naturel d’union avec ses congénères les plus proches, avec le développement de son intelligence et de son esprit. Maintenant le temps est venu de passer de la nation au continent, ou même d’aller au-delà, selon la même impulsion et le même processus naturels, pour s’unir à ceux qui nous sont les plus proches par le sang, la tradition, la pensée et l’esprit.

L’Idée de Parenté est la véritable Idée ; l’extension de nos bandes à ceux qui nous sont apparentés ou de la même race. Là où le vieil internationalisme a échoué, l’Idée de Parenté peut amener l’Union de l’Europe. Comme une famille de même souche et de même race, l’Europe aurait toujours dû être unie par un Idéal. Aujourd’hui, le Réel aussi bien que l’Idéal placent l’Europe devant l’alternative : Union ou Désastre. Ainsi doit apparaître une nouvelle union de la pensée et de l’esprit, non seulement pour éviter la destruction, mais dans un but de construction. Cependant l’Idée de Parenté nous amène bien au-delà de l’Europe ; il y a des groupes de notre race dans les deux Amériques. En fin de compte, leur vie spirituelle est également basée sur presque trois millénaires d’Histoire et de Culture européennes. Dans les réalités profondes et les idéaux éloignés de cet Age, toutela Natureles pousse à leur épreuve finale pour sentir et penser de la même manière que nous.

Nous aimons nos pays, mais nous devons étendre cet amour ; l’idéal tout comme le pratique nous y obligent maintenant. L’Extension du Patriotisme : voilà la nécessité et voilà l’espoir. Le Nouveau Patriotisme s’étendra pour inclure tous ceux de même race, mais ne détruira pas les valeurs de ses différents peuples en recherchant le mélange artificiel du vieil internationalisme qui s’est révélé être une impasse. L’universalisme de la même race, dans une nouvelle union du spirituel et du matériel, protégera ses membres et ses valeurs, mais ne menacera pas les autres. Ainsi nous, de deux générations de guerre, ne serons-nous plus divisés. Ainsi nos idéaux, qui furent si mal utilisés et tellement trahis, seront-ils finalement réalisés d’une manière que nos yeux ne pouvaient pas voir alors.

L’angoisse de notre Age n’aura pas été vaine si naît maintenant l’Idée qui amènera les hommes au-delà de ce qui est appelé « démocratie », et même au-delà du fascisme. Des flammes qui terminent une époque, naît l’Idée du Futur.

1947